Pourris Gâtés (2021) de Nicolas Cuche

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Il s'agit seulement du 3ème long métrage de cinéma pour Nicolas Cuche après "La Chance de ma Vie" (2010) et "Prêt à Tout" (2013), le cinéaste travaillant plus régulièrement pour la télévision. Pour ce nouveau projet le réalisateur-scénariste retrouve Laurent Turner avec qui il a écrit ses premiers films, scénariste expérimenté auquel on doit aussi des histoires aussi diverses que "La Proie" (2011) de Eric Valette, "Radin !" (2016) de Fred Cavayé, "L'Odyssée" (2016) de Jérôme Salle, "Le Petit Spirou" (2017) de Nicolas Bary ou "Le Dernier Voyage" (2021) de Romain Quirot. Ce nouveau film est en fait un remake du film mexicain "Nosotros les Nobles" (2013) de Gaz Alazraki qui est lui-même un remake d'un autre film mexicain, "El Gran Calavera" ("Le Grand Noceur" en V.F.) (1949) de Luis Bunuel. Nicolas Cuche précise : "Le thème m'a séduit d'abord parce que j'ai trois enfants mais aussi parce qu'il évoque des problématiques actuelles concernant la transmission. Comment donner le goût de l'effort et du travail à des jeunes qui ont peutêtre, grâce à leurs parents, une vie plus facile ? Comment faire face aux tentations de smarques, de la mode, de la surconsommation ? Il m'a semblé que c'était une manière amusante et pertinente, en poussant loin le curseur de la comédie, d etraiter des problèmes auxquels de nombreux parents peuvent être confrontés à différents degrés bien sûr."... 

Francis Bartek est un homme qui a réussi et qui a gravi les échelons jusqu'à devenir un des hommes les plus riches de sa région. Malheureusement, veuf, il n'a pu élever ses trois enfants comme il aurait aimé et désormais il doit se rendre à l'évidence, ses enfants sont devenus des adultes paresseux et oisifs qui ne vivent que grâce à sa fortune. Il décide avec l'aide de son ami et assistant de leur faire croire qu'il est ruiné et qu'ils vont devoir travailler... Le père Bartek est incarné par Gérard Jugnot surtout vu ses derniers mois dans les suites "Dubobu 3" (2020) et "Ducobu Président !" (2022) de et avec Elie Semoun, il retrouve après "Grosse Fatigue" (1994) de et avec Michel Blanc, "Musée Haut, Musée Bas" (2008) de Jean-Michel Ribes et "La Nouvelle Guerre des Boutons" (2011) de Christophe Barratier son partenaire et ami François Morel vu récemment dans "Les Sans-Dents" (2022) de Pascal Rabaté et "Les Goûts et les Couleurs" (2022) de Michel Leclerc après lequel il retrouve l'acteur et comique Artus vu entre autre dans "Docteur ?" (2019) de Tristan Séguéla, "Brutus vs César" (2020) de et avec Kheiron ou "J'adore ce que vous faîtes" (2022) de Philiuppe Guillard. Les deux autres enfants Bartek sont joués par Camille Lou vue dans "Epouse-Moi mon Pote" (2017) de et avec Tarek Boudali, "Jusqu'ici Tout va Bien" (2019) de Mohamed Hamidi et "Play" (2019) de Anthony Marciano, puis Louka Meliava aperçu dans "Respire" (2014) de Mélanie Laurent, "La Belle et la Bête" (2014) de Christophe Gans et retrouvant Jugnot après "Camping 3" (2016) de Fabien Onteniente. Citons ensuite Tom Leeb (fils de Michel) aperçu notamment dans "Avis de Mistral" (2014) de Rose Bosch, "Jour J" (2017) de et avec Reem Kherici ou "Edmond" (2019) de Alexis Michalik, Joffrey Verbruggen aperçu dans "Superstar" (2012) de Xavier Giannoli et "La Fine Equipe" (2018) de Ismaël Saidi, Franck Adrien abonné aux petits rôles en uniformes bleus, rouges ou blancs et récemment vu dans "Corporate" (2017) de Nicolas Silhol et "L'Incroyable Histoire du Facteur Cheval" (2018) de Nils Tavernier, puis n'oublions pas la voix off de Stephane Bern qui ouvre le film... Au vu du sujet on peut se dire aussi que le film fait écho à une autre comédie sortie en salles à la même période, "Mes Très Chers Enfants" (2021) de Alexandra Leclère où des parents pauvres font croire à leurs enfants qu'ils sont devenus riches. La thématique si elle paraît différente se rejoint au final sur la transmission et la filiation entre autre, mais aussi notre relation à l'argent et au travail. Forcément, les trois enfants sont trois facettes du "gosse de riche" né avec une cuillère en or dans la bouche. Ainsi on a le fils aîné fêtard et entrepreneur du dimanche, la fille aussi belle que superficielle, et le cadet soit-disant anar et anti-système alors même qu'il est un des maillons les plus fidèles. Et enfin, le père ancien maçon qui a réussi à force de travail et évidemment veuf pour rajouter un peu d'empathie.

Le fait d'avoir écrit un père ainsi ne colle pourtant pas tellement avec l'idée de base du réalisateur qui voit ses enfants comme des victimes (?!). Sur ce point on en est bien loin, les trois gosses restent des "pourris gâtés" dans le sens le plus strict du terme, ils méritent juste des baffes et une punition telle que le plan du père. La fin, les conséquences avec des enfants qui en veulent à leur père est en cela plutôt maladroits et montrent au contraire qu'ils n'ont pas tout compris, et voir le père presque en coupable est le pompon ; puis quoi encore ?! Le film perd de sa substance car il place en effet le père en fautif alors qu'en tant qu'adulte ces trois crétins ont aussi leur libre arbitre. Le film se termine donc avec une morale antinomique, ou si peu pertinente que ça agace un chouïa. Pourtant la première partie est plutôt bien vue, trois caricatures plus vraies que nature ("Laurent connaît aussi quelques monégasques dont nous nous sommes inspirés. Le trait, parfois, est à peine forcé, beaucoup moins qu'on ne pourrait l'imaginer...") qui passent la ligne jaune des travailleurs de façon savoureuse avec des situations cocasses qui fonctionnent bien car logiques dans l'évolution. On tique plus sur le scénario du plan, une telle débauche de moyens n'est pas cohérent ou vraisemblable, ce qui met en avance encore plus la bêtise et l'ineptie des trois enfants. Néanmoins, le passage d'un monde à l'autre est plutôt drôle avec un petit casting solide et au diapason même si Jugnot ne semble pas toujours très investi. Néanmoins le film a engrangé un peu plus de 440000 entrées France, ce qui en sortie Covid est plus qu'honorable, surtout que cela sera compensé avec un succès énorme sur Netflix dans la foulée devenant alors le film non anglophone le plus regardé sur Netflix. Une comédie sans doute maladroite dans son message via une dernière partie pas convaincante mais ça reste un divertissement amusant.

Note :      

10/20

Pour info bonus, Note de mon fils de 13 ans :               

12/20