Réalisatrice : Phyllis Nagy
Acteurs : Elisabeth Moss, Kate Mara, Chris Messina, Sigourney Weaver, Rupert Friend,...
Distributeur : Canal Play (Canal +)
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h02min
Synopsis :
Chicago, dans les années 1960. Des femmes se réunissent secrètement pour pratiquer des avortements clandestins, des années avant la légalisation de la pratique par l'arrêté "Roe v. Wade". Joy, une jeune femme mariée, fait face à une grossesse inattendue et se tourne vers le groupe pour demander de l'aide.
Critique :
Tout n'est une question de timing comme dit l'adage, et celui du premier long-métrage de Phyllis Nagy, Call Jane, est on ne peut plus opportun à l'heure où les droits à l'avortement sont bafoués outre-Atlantique (le rejet tout récent par la Cour suprême de la loi Roe v. Wade), lui qui revient de manière résolument sobre sur l'histoire vraie d'un réseau clandestin d'activistes de Chicago à la fin des années 60 et au début des années 70 - le Jane Collective - qui ont fourni des avortements sûrs à des milliers de femmes à une époque où la procédure était souvent un crime.
Dans ce qui peut se voir comme un cri féministe issue d'une époque pensée comme révolue mais qui s'avère in fine furieusement prémonitoire, le film colle aux basques de la mère de famille Joy, mariée et mère d'une fille de quinze ans, Charlotte, qui découvre en être à son premier trimestre de grossesse alors qu'elle apprend souffrir d'insuffisance cardiaque congestive, justement provoquée par la grossesse.
Lorsqu'on lui a dit que le seul remède a son mal était de " ne pas tomber enceinte " (sic), elle se confronte à la dure réalité que l'avortement est une pratique illégale dans l'État de l'Illinois et le conseil d'administration de l'hôpital refuse d'accorder une exception d'urgence car il n'y a que " 50% de chances " qu'elle puisse mourir de sa maladie (sic bis).
Elle cherche alors des alternatives désespérées (faire semblant d'être suicidaire, se jeter dans les escaliers, avortement dans des cliniques délabrées et à l'hygiène critique) avant de tomber par hasard sur une annonce à un arrêt de bus, "Call Jane", qui intime les femmes enceintes d'appeler si elles ont besoin d'aide.
Son appel va littéralement bouleverser son existence...
Pas exempt de quelques défauts assez grinçants (notamment la question de l'avortement proposé par le collectif, que seules les femmes blanches aux revenus aises peuvent se permettre, balayée en quelques lignes de dialogues) où d'une gestion maladroite de ses personnages (celui de la pauvre Kate Mara, furieusement délaissé avant d'être ramené dans la dernière ligne droite, qui fait beaucoup avec peu en veuve qui tombe dans l'alcool et les médicaments sans la présence directrice de son époux), Call Jane fait néanmoins mouche dans sa manière tout en retenue et méticuleuse de retracer - dans les grandes lignes - l'histoire et l'énergie du collectif luttant contre le système patriarcal en place, même s'il ne distille jamais vraiment la sensation de tension, évidente pourtant, qui émane de l'illégalité de leurs actions pourtant essentielles.
Il n'en reste pas moins un effort furieusement important et un vrai film d'actrices, dominé de la tête et des épaules par la merveilleuse Elizabeth Banks (dans son meilleur rôle ?), parfaite dans la peau d'une desperate housewife determinée passant du statut de conservatrice de la classe moyenne protégée à combattante de la résistance éveillée aux luttes des femmes, littéralement à la merci de la domination des hommes.
Un beau mélodrame féministe donc, qui ne dévalorise jamais les sacrifices consentis par les femmes qu'il met en scène et la communauté qu'elles ont créée, mais qui se fait un retour de bâton de l'histoire méchamment douloureux, preuve que même les plus petites évolutions du droit des femmes ne mettent même pas une poignée de décennies pour être discutées où même leur être tout simplement retirées...
Jonathan Chevrier
Acteurs : Elisabeth Moss, Kate Mara, Chris Messina, Sigourney Weaver, Rupert Friend,...
Distributeur : Canal Play (Canal +)
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h02min
Synopsis :
Chicago, dans les années 1960. Des femmes se réunissent secrètement pour pratiquer des avortements clandestins, des années avant la légalisation de la pratique par l'arrêté "Roe v. Wade". Joy, une jeune femme mariée, fait face à une grossesse inattendue et se tourne vers le groupe pour demander de l'aide.
Critique :
Pas exempt de quelques couacs assez grinçants, #CallJane, dont le timing de sortie est on ne peut plus opportun, n'en est pas moins un beau mélodrame féministe qui ne dévalorise jamais les sacrifices consentis par les femmes qu'il met en scène et la communauté qu'elles ont créée pic.twitter.com/xthUe8O0h5
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 24, 2022
Tout n'est une question de timing comme dit l'adage, et celui du premier long-métrage de Phyllis Nagy, Call Jane, est on ne peut plus opportun à l'heure où les droits à l'avortement sont bafoués outre-Atlantique (le rejet tout récent par la Cour suprême de la loi Roe v. Wade), lui qui revient de manière résolument sobre sur l'histoire vraie d'un réseau clandestin d'activistes de Chicago à la fin des années 60 et au début des années 70 - le Jane Collective - qui ont fourni des avortements sûrs à des milliers de femmes à une époque où la procédure était souvent un crime.
Dans ce qui peut se voir comme un cri féministe issue d'une époque pensée comme révolue mais qui s'avère in fine furieusement prémonitoire, le film colle aux basques de la mère de famille Joy, mariée et mère d'une fille de quinze ans, Charlotte, qui découvre en être à son premier trimestre de grossesse alors qu'elle apprend souffrir d'insuffisance cardiaque congestive, justement provoquée par la grossesse.
Copyright Courtesy of Sundance Institute
Lorsqu'on lui a dit que le seul remède a son mal était de " ne pas tomber enceinte " (sic), elle se confronte à la dure réalité que l'avortement est une pratique illégale dans l'État de l'Illinois et le conseil d'administration de l'hôpital refuse d'accorder une exception d'urgence car il n'y a que " 50% de chances " qu'elle puisse mourir de sa maladie (sic bis).
Elle cherche alors des alternatives désespérées (faire semblant d'être suicidaire, se jeter dans les escaliers, avortement dans des cliniques délabrées et à l'hygiène critique) avant de tomber par hasard sur une annonce à un arrêt de bus, "Call Jane", qui intime les femmes enceintes d'appeler si elles ont besoin d'aide.
Son appel va littéralement bouleverser son existence...
Pas exempt de quelques défauts assez grinçants (notamment la question de l'avortement proposé par le collectif, que seules les femmes blanches aux revenus aises peuvent se permettre, balayée en quelques lignes de dialogues) où d'une gestion maladroite de ses personnages (celui de la pauvre Kate Mara, furieusement délaissé avant d'être ramené dans la dernière ligne droite, qui fait beaucoup avec peu en veuve qui tombe dans l'alcool et les médicaments sans la présence directrice de son époux), Call Jane fait néanmoins mouche dans sa manière tout en retenue et méticuleuse de retracer - dans les grandes lignes - l'histoire et l'énergie du collectif luttant contre le système patriarcal en place, même s'il ne distille jamais vraiment la sensation de tension, évidente pourtant, qui émane de l'illégalité de leurs actions pourtant essentielles.
Copyright Courtesy of Sundance Institute
Il n'en reste pas moins un effort furieusement important et un vrai film d'actrices, dominé de la tête et des épaules par la merveilleuse Elizabeth Banks (dans son meilleur rôle ?), parfaite dans la peau d'une desperate housewife determinée passant du statut de conservatrice de la classe moyenne protégée à combattante de la résistance éveillée aux luttes des femmes, littéralement à la merci de la domination des hommes.
Un beau mélodrame féministe donc, qui ne dévalorise jamais les sacrifices consentis par les femmes qu'il met en scène et la communauté qu'elles ont créée, mais qui se fait un retour de bâton de l'histoire méchamment douloureux, preuve que même les plus petites évolutions du droit des femmes ne mettent même pas une poignée de décennies pour être discutées où même leur être tout simplement retirées...
Jonathan Chevrier