6ème long métrage en tant que réalisateur pour Roschdy Zem depuis "Mauvaise Foi" (2006) et après "Persona Non Grata" (2019). Cette histoire est parti d'un événement réel dans la famille du réalisateur-scénariste-acteur, son petit frère ayant reçu un choc violent à la tête qui a effectivement libéré en quelque sorte son caractère et son franc-parler : "Cet événement a créé un cataclysme au sein de la famille, qui est une famille à la fois très soudée et en proie aussi à des conflits, comme toutes les familles. Tout ce qui constitue cet accident nous a bouleversés. Quand l'un d'entre nous est touché, c'est tous les autres qui s'en trouvent affectés." Pour ce projet il revient ainsi comme à son premier film à une chronique familiale qu'il co-écrit avec Maïwenn, réalisatrice-actrice entre autre de "Polisse" (2011), "Mon Roi" (2015) et "ADN" (2020), une association rendu possible sur proposition du producteur Pascal Caucheteux (producteur de Arnaud Depleschin, Jacques Audiard ou Xavier Beauvois)... Moussa a toujours été doux et altruiste, aimé par tous, à l'opposé de son frère Ryad présentateur vedette à la télé qui se voit reprocher d'être trop égoïste. Seul Moussa le défend jusqu'au jour où Moussa chute violemment et se retrouve avec un traumatisme crânien. L'accident semble avoir pourtant changé radicalement la personnalité de Moussa qui devient agressif, sans filtre et en vient à dire les quatre vérités à tous ses proches. À force il finit par se brouiller avec toute sa famille, sauf avec Ryad au grand dam des autres membres...
Les deux auteurs Maïwenn et Roschdy Zem sont également acteurs de leur film, la première vue récemment devant sa caméra dans "ADN" (2020) puis dans "Tralala" (2021) des frères Larrieu, le second vu récemment dans "Enquête sur un Scandale d'Etat" (2022) de Thierry De Peretti, "Les Enfants des Autres" (2022) de Rebecca Zlotowski et "L'Innocent" (2022) de et avec Louis Garrel, il retrouve son frère et partenaire Sami Bouajila pour la 6ème fois depuis "Change-Moi la Vie" (2000) de Liria Bégéja jusqu'au "Omar m'a tuer" (2011) de Zem lui-même, en passant aussi par les films de leur ami Rachid Bouchareb qu'il retrouve donc devant la caméra après avoir tourné pour lui dans "Indigènes" (2006), "London River" (2009) et "Hors-La Loi" (2010). Citons ensuite Meriem Serbah remarqué d'abord dans "La Faute à Voltaire" (2000) et "L'Esquive" (2003) tous deux de Abdellatif Kechiche et vu depuis dans "Prête-Moi ta Main" (2006) de Eric Lartigau ou "Vicky" (2015) de Denis Imbert, Abel Jafri vu dans "Les Chants de Mandrin" (2012) de Rabah Ameur-Zaïmeche, "Timbuktu" (2014) de Abderrahmane Sissako qui retrouve aussi Rached Bouchareb après son film "La Route d'Istanbul" (2016) et Maïwenn après "Soeurs" (2020) de Yamina Binguigui, Carl Malapa vu dans "La Dream Team" (2015) de Thomas Sorriaux, "Cherchez la Femme" (2017) de Sou Abadi et retrouvant après "Les Olympiades" (2021) de Jacques Audiard sa partenaire Anaïde Rozam aperçue dans "Les Méchants" (2021) de Mouloud Achour et Dominique Baumard, et pour finir n'oublions pas Nina Zem fille de dans son premier rôle de nièce à papa... L'idée de base est plutôt savoureuse, où comment suite à un accident un homme ne peut s'empêcher de dire ce qu'il pense, sans filtre et donc s'en s'inquiéter des conséquences qui peuvent provoquer une franchise sans limite et directe. Le thème n'est pas si traité que ça au cinéma, et sinon sous la forme de la comédie pure on pense par exemple à "Menteur, Menteur" (1997) de Tom Shadyac ou "Tais-Toi" (2003) de Francis Veber.
Forcément, dire la vérité sans filtre fais souvent mal pour les destinataire, et souvent rire les autres. Roschdy Zem avoue "On rit parfois, in est choqué souvent. On devrait retrouver ces aspects dans le film à la manière de certaines comédies italiennes..." Malheureusement on ne retient pas cette facette dans son film qui reste plutôt un drame familial même si l'optimisme ou l'amour reste l'écrin familial. En effet, Moussa/Bouajila frappe fort et ses déclarations font mal mais n'apporte jamais la légèreté ou la drôlerie qui aurait permis un peu de fantaisie outre celle du spectateur peut-être sur 2-3 passages. Par contre, la description de cette famille un peu dans le mal, où la communication est biaisée est pleine d'acuité et permet une universalité bienveillante de la notion de famille. D'ailleurs on salue le choix du cinéaste d'occulter toute référence culturelle ou religieuse afin que tous nous soyons plus compréhensif et ouvert aux propos ; la famille est un sujet logiquement universel et qui parle donc à tous. Les situations sonnent vraies, sonnent justes, les acteurs sont formidables et étonnamment seules les parties du couple Zem/Maïwenn manquent de chair, trop écrites sans doute ou sans étincelles entre les deux auteurs-acteurs. La mise en scène qui favorise de petits plan-séquences apporte une jolie fluidité à l'ensemble et atténue une sensation parfois trop théâtrale. En conclusion, Roschdy Zem signe une chronique familiale intelligente très bien écrite, trop sans doute, à laquelle il manque un peu plus de fantaisie.
Note :
13/20