[CRITIQUE] : Le Torrent

Par Fuckcinephiles
Réalisatrice : Anne Le Ny
Acteurs : José Garcia, André Dussolier, Capucine Valmary,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h42min
Synopsis :
Lorsqu’Alexandre découvre que sa jeune épouse, Juliette, le trompe, une violente dispute éclate. Juliette s’enfuit dans la nuit et fait une chute mortelle. Le lendemain, des pluies torrentielles ont emporté son corps. La gendarmerie entame une enquête et Patrick, le père de Juliette, débarque, prêt à tout pour découvrir ce qui est arrivé pendant cette nuit d’inondations. Alexandre qui craint d’être accusé, persuade Lison, sa fille d’un premier lit (18 ans), de le couvrir. Il s’enfonce de plus en plus dans le mensonge et Patrick commence à le soupçonner. Piégée entre les deux hommes, Lison pourrait tout faire basculer. C’est le début d’un terrible engrenage…


Critique :

Thriller bien trop alambiqué pour son bien,#LeTorrent peine autant à captiver qu'à susciter la moindre identification, la faute à une écriture maladroite qui ne distille que sporadiquement des éclairs de tension, quand les personnages n'irritent pas la rétine par leur incohérence pic.twitter.com/R20m16AMcD

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 29, 2022

Il fut un temps pas si lointain où la présence devant la caméra de José Garcia était un vrai gage de qualité, lui qui était passé de second couteau de luxe/voleur de scènes désopilant à vrai comédien protéiforme, capable de jongler sans trop d'embûches entre la comédie et le drame - voire même quelques excursions étonnantes vers le fantastique.
Reste que l'accumulation de péloches pas toujours défendables ont fait qu'il a sans doute perdu un brin - pour être poli - de son pouvoir attractif même si, paradoxalement, il s'est offert quelques-unes de ses plus belles prestations dans des oeuvres plutôt récentes (Chamboultout d'Éric Lavaine mais surtout Lola et ses frères de Jean-Paul Rouve).
Si on l'avait laissé plus tôt cette année aux côtés de Doria Tillier et François Cluzet dans le férocement prévisible Canailles de Christophe Offenstein, c'est du côté non pas de la comédie mais du thriller qu'il nous revient en ces dernières heures de novembre avec Le Torrent, nouveau long-métrage de la comédienne et cinéaste Anne le Ny, qui s'offre également une présence à l'écran non négligeable aux côtés de Garcia et André Dussolier.
Drame familial aux (très) legers relans de polar Hitchcockien dans la cadre toujours aussi cinématographique de Gérardmer, l'histoire suit les aléas d'une jeune femme, Lison, dix-huit ans au compteur et en passe de retrouver son père Alexandre, qui a refait sa vie avec une autre femme que sa mère, Juliette.

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Mais un soir, une violente dispute éclate entre les deux amants au moment où celui-ci découvre qu'elle l'a trompé, et une escalade en menant à une autre, celle-ci fait une chute mortelle.
Le hic, c'est qu'au lieu de dire la vérité, Alexandre demande à sa fille de le couvrir, qui voit en cela une manière étrange de se rapprocher de lui, alors qu'il s'enfonce lentement mais sûrement dans une spirale mensongère proprement infernale...
Bien trop alambiqué pour son bien, totalement vissé aux mensonges de plus en plus incohérents d'un anti-héros dont le corps et le coeur se vide de toute empathie/émotion, Le Torrent peine autant à captiver qu'à susciter la moindre identification, la faute à une écriture maladroite qui ne distille que sporadiquement des éclairs de tension, quand les personnages n'irritent pas la rétine de leur bêtise où manque de réalisme - excepté le personnage du père de Juliette, plus perspicace et efficace que la police.
D'autant que la mise en scène, sans ampleur ni ambition, ne vienne jamais relever ce qui s'avère finalement un simili téléfilm de France Télévision qui se serait payé une distribution des grands soirs.
Dommage tant José Garcia en impose dans un rôle férocement ambigu, auquel André Dussolier offre un solide répondant en père endeuillé mais à la tristesse et à la colère contenues.
Une belle occasion manquée.
Jonathan Chevrier