[CRITIQUE] : L'amant de Lady Chatterley

[CRITIQUE] : L'amant de Lady ChatterleyRéalisatrice : Laure De Clermont-Tonnerre
Acteurs : Emma CorrinJack O'ConnellMatthew Duckett,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Romance, Historique, Drame.
Nationalité : Britannique.
Durée : 2h06min
Synopsis :
En épousant Sir Clifford Chatterley, Connie est devenue Lady Chatterley, s'assurant par là une vie de privilèges et d'abondance. Mais cette union idéaliste s'apparente bientôt à une prison quand Clifford revient paralysé de la Première Guerre mondiale. De son côté, Connie rencontre Oliver Mellors, le garde-chasse du domaine, et en tombe amoureuse. Les rencontres secrètes des deux amants vont être pour Connie l'occasion d'un éveil à la sensualité et à la sexualité. Mais quand leur liaison alimente les rumeurs dans le voisinage, la jeune femme doit prendre une décision qui va changer sa vie : suivre son cœur ou revenir à son mari et endurer ce que la société édouardienne attend d'elle.

Critique :

Un brin inégal mais engageant, moderne et torride, #LAmantdeLadyChatterley, intelligemment vissé sur l'alchimie magnétique et dévorante du tandem Emma Corrin/Jack O'Connell, se fait une entêtante et douloureuse mise en images d'être impuissants face aux émotions qui les rongent. pic.twitter.com/8iscVC8v8H

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 3, 2022

Si pas une seule décennie où presque ne passe sans que le légendaire roman de DH Lawrence de 1928 L'amant de Lady Chatterley, ne vienne squatter de nouveau le septième art avec une adaptation plus où moins fidèle, force est d'admettre que sur le papier, rien ne laissait présager l'idée de voir Netflix s'attacher à un tel matériau aussi osé, quand bien même la firme au Toudoum s'est savamment entiché des drames d'époque pour s'assurer un succès facile auprès de ses abonnés (syndrome Les Chroniques de Bridgerton).
Avec le souvenir persistant de la navrante et récente adaptation du Persuasion de Jane Austen signée par Carrie Cracknell avec Dakota Johnson en bandoulière, le projet invitait donc à la prudence même avec la présence de la talentueuse Laure de Clermont-Tonnerre (Mustang avec Matthias Schoenaerts) à sa barre, et un joli couple Emma Corrin/Jack O'Connell en vedette.
Une prudence toute relative pourtant à sa vision, tant cette cuvée 2022 - septième itération du roman - n'a certes pas autant le pouvoir subversif qu'il ambitionne d'avoir, mais il arbore une résonnance à la fois romantique et sociale furieusement moderne.

[CRITIQUE] : L'amant de Lady Chatterley

Copyright Parisa Taghizadeh/Netflix


Blessé pendant la guerre, l'impuissance de Sir Clifford Chatterley n'est pas tant ici, le fruit de son handicap, mais bien en lien à sa classe et à son pouvoir, ordonnant à sa femme Connie, à qui il ne redonnera plus jamais la liberté de coucher avec un autre pour lui fournir un héritier, symbole d'un mâle toxique et pour le coup incroyablement contemporain, dont le pouvoir exige un contrôle sur la production (son empire) et la reproduction (son épouse), qui délaisse les faveurs du corps et du coeur pour celles plus satisfaisantes et sûres du pouvoir.
Mais l'intention se focalise évidemment plus sur son épouse délaissée et en souffrance, magistralement incarnée par une Emma Corrin que l'on sait hautement capable de retranscrire à la fois une passion naissante et une autre qui se meurt (coucou The Crown et My Policeman), qui trouve pour seul répit la relation passionnée et charnelle qu'elle entretient avec Oliver, garde-chasse tout aussi affamé d'affection et de connexion à l'autre qu'elle, dont les ébats se font d'abord timides avant d'être totalement décomplexés et à la vue du monde, jusqu'au jour où elle tombe enceinte et risque tout pour vivre la vie qu'elle désire.
Moderne et très sensuel (voire même torride, surtout pour un film de plateforme), totalement vissé sur l'alchimie magnétique et dévorante du tandem Corrin/O'Connell, le film se fait une mise en images douloureuse d'être impuissants face aux émotions qui les rongent, embaumé dans la partition à cordes entêtante d'Isabella Summers.
Un brin inégal certes, mais joliment engageant.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : L'amant de Lady Chatterley