Réalisateur : Rachid Bouchareb
Acteurs : Reda Kateb, Lyna Khoudri, Raphaël Personnaz, Samir Guesmi,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h32min.
Synopsis :
La nuit du 5 au 6 décembre 1986, Malik Oussekine est mort à la suite d’une intervention de la police, alors que Paris était secoué par des manifestations estudiantines contre une nouvelle réforme de l’éducation. Le ministère de l’intérieur est d’autant plus enclin à étouffer cette affaire, qu’un autre français d’origine algérienne a été tué la même nuit par un officier de police.
Critique :
On avait laissé Rachid Bouchareb sur le difficilement défendable Le Flic de Belleville, wannabe Flic de Beverly Hills à la française avec Omar Sy (pour le coup parfait dans le rôle) et Luis Guzman (un peu un brin à côté de la plaque), qui pêchait autant par la faute d'un scénario amorphe que par une action totalement absente où presque de l'équation.
Exit le buddy movie et retour à un cinéma engagé qui lui sied bien meilleur avec Nos Frangins, qui revient sur la double tragédie des assassinats par la police de Malik Oussekine et Abdel Benyahia dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986 (le premier fut tabassé à mort sans aucune raison, le second abattu froidement), en marge de la contestation étudiante contre le projet de réforme universitaire Devaquet.
Deux victimes, deux martyrs érigés dans la violence sourde comme les symboles d'un État français aussi raciste qu'impuni (les policiers seront jugés et condamnés, mais sans peine de prison ferme), qui avait un temps caché la mort du second pour ne pas faire émerger un nouveau débat public.
Puissante et ambitieuse, la narration du film partant d'archives télévisuelles, s'en va lier cette double tragédie à travers la quête douloureuse et désespérée de vérité des deux familles des victimes (mais aussi d'un flic essayant de faire le bien, malgré les mensonges et la pression de sa hiérarchie), dans un drame frontal et direct (voire parfois à la lisière du documentaire) dont la pudeur et la retenue n'ont d'égales que la qualité froide et procédurale du cinéaste à vouloir pointer du bout de la caméra comment la culture de la peur face à l'autorité, s'était déjà silencieusement infiltrée au coeur des communautés musulmanes - mais pas que - conscientes du racisme et de la violence institutionnalisée, bien avant ces meurtres.
Furieusement pertinent dans sa manière de faire cruellement écho à notre époque où peut de choses semblent avoir réellement changer, et porté par une distribution totalement vouée à sa cause (mention à Reda Kateb, tout en rage brute et retenue, et à Smir Guesmi, bouleversant en père endeuillé), Nos Frangins se fait un puissant et important moment de cinéma, judicieusement modeste dans son hommage aux deux victimes mais surtout férocement évocateur dans sa manière percutante de pousser à la réflexion son auditoire, en lui rappelant que le passé honteux de la France n'est pas si éloigné de notre présent collectif...
Jonathan Chevrier
Acteurs : Reda Kateb, Lyna Khoudri, Raphaël Personnaz, Samir Guesmi,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h32min.
Synopsis :
La nuit du 5 au 6 décembre 1986, Malik Oussekine est mort à la suite d’une intervention de la police, alors que Paris était secoué par des manifestations estudiantines contre une nouvelle réforme de l’éducation. Le ministère de l’intérieur est d’autant plus enclin à étouffer cette affaire, qu’un autre français d’origine algérienne a été tué la même nuit par un officier de police.
Critique :
Nos Frangins se fait un puissant et important moment de cinéma, modeste dans son hommage aux victimes et férocement évocateur dans sa manière de pousser à la réflexion son auditoire, nous rappelant que le passé honteux de la France n'est pas si éloigné de notre présent collectif. pic.twitter.com/oUZLaZKzU8
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 7, 2022
On avait laissé Rachid Bouchareb sur le difficilement défendable Le Flic de Belleville, wannabe Flic de Beverly Hills à la française avec Omar Sy (pour le coup parfait dans le rôle) et Luis Guzman (un peu un brin à côté de la plaque), qui pêchait autant par la faute d'un scénario amorphe que par une action totalement absente où presque de l'équation.
Exit le buddy movie et retour à un cinéma engagé qui lui sied bien meilleur avec Nos Frangins, qui revient sur la double tragédie des assassinats par la police de Malik Oussekine et Abdel Benyahia dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986 (le premier fut tabassé à mort sans aucune raison, le second abattu froidement), en marge de la contestation étudiante contre le projet de réforme universitaire Devaquet.
Deux victimes, deux martyrs érigés dans la violence sourde comme les symboles d'un État français aussi raciste qu'impuni (les policiers seront jugés et condamnés, mais sans peine de prison ferme), qui avait un temps caché la mort du second pour ne pas faire émerger un nouveau débat public.
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Puissante et ambitieuse, la narration du film partant d'archives télévisuelles, s'en va lier cette double tragédie à travers la quête douloureuse et désespérée de vérité des deux familles des victimes (mais aussi d'un flic essayant de faire le bien, malgré les mensonges et la pression de sa hiérarchie), dans un drame frontal et direct (voire parfois à la lisière du documentaire) dont la pudeur et la retenue n'ont d'égales que la qualité froide et procédurale du cinéaste à vouloir pointer du bout de la caméra comment la culture de la peur face à l'autorité, s'était déjà silencieusement infiltrée au coeur des communautés musulmanes - mais pas que - conscientes du racisme et de la violence institutionnalisée, bien avant ces meurtres.
Furieusement pertinent dans sa manière de faire cruellement écho à notre époque où peut de choses semblent avoir réellement changer, et porté par une distribution totalement vouée à sa cause (mention à Reda Kateb, tout en rage brute et retenue, et à Smir Guesmi, bouleversant en père endeuillé), Nos Frangins se fait un puissant et important moment de cinéma, judicieusement modeste dans son hommage aux deux victimes mais surtout férocement évocateur dans sa manière percutante de pousser à la réflexion son auditoire, en lui rappelant que le passé honteux de la France n'est pas si éloigné de notre présent collectif...
Jonathan Chevrier