Le fils d’une militante active de Solidarnosc est arrêté sous prétexte d’une prétendue ivresse ; puis tabasser dans un commissariat sous les yeux d’un ami. Il en décède. La mère du jeune et son ami vont mener une bataille contre l’Etat polonais souhaitant faire taire les opposants et la presse pour imposer son pouvoir. La justice au milieu essaie tant bien que mal de rester libre ; enfin quelques-uns de ses représentants.
Bien se méfier de ce film situé en 1983, car plus qu’un témoignage très documenté sur la Pologne de Jaruzelski, le sujet est universel et intemporel. Dans le magazine Positif : « Jan P. Matuszyński met brillamment à nu les dispositifs de protection avec lesquels le totalitarisme assure sa longévité ». Les individus dans un tel système ne sont que des pions que l’on place, déplace à son bon vouloir pour servir le pouvoir ; le sort fait aux ambulanciers est tout simplement atroce dans ce film. Et cette mécanique destructrice fonctionne uniquement car elle repose sur le cynisme et la docilité du plus grand nombre. Tous ces personnages, du bon côté ou non, ceux qui combattent ou qui servent ce système sont confrontés à un Etat Kafkaïen des griffes du quel ils ne peuvent se défaire.
Le réalisateur est très documenté, il n’expose que des faits bruts sans sentimentalisme et sans parti pris ; mis à part celui de la vérité. C’est glaçant, clinique mais éducatif sans être pédagogue. Son film soigné et classique est dans la droite ligne de ses aïeux américains dont il s’inspire et les grands réalisateurs du nouvel Hollywood des 70’s : Pakula, Lumet en première ligne.
Un film fort qui laisse une trace et qui renvoie à la Russie actuelle.
Sorti en 2022
Ma note: 14/20