Corsage (2022) de Marie Kreutzer

Enième film sur l'une des plus célèbre princesse de l'Histoire, un nouveau biopic sur Elizabeth de Wittelsbach plus connue sous le surnom de Sissi (Tout savoir Ici !) dont on peut citer les "Mayerling" (1936) de Anatole Litvak et (1968) de Terence Young, évidemment la fresque acidulé "Sissi" (1955-1957) de Ernst Marishka avec l'éternelle Romy Schneider qu'on préfère dans son anti-thèse "Ludwig ou le Crépuscule des Dieux" (1972)  de Luchino Visconti, tandis que sort ce nouveau film en doublon, comme cela ne suffisait pas, avec le prochain "Sisi & Ich" (2023) de Frauke Finsterwalder sur le même sujet ! Cette production européenne à forte majorité autrichienne, et luxembourgeoise, allemande et française est dotée d'un budget de 7,5 millions d'euros est réalisée et écrite par Marie Kreutzer, peu connue chez nous, mais qui a déjà signée plusieurs films dont "The Fatherless" (2011) et "The Ground Beneath my Feet" (2019)... Noël 1877, Elizabeth d'Autriche fête son 40ème anniversaire. Malgré son âge et son expérience en tant qu'impératrice et épouse de l'Empereur François-Joseph 1er elle est toujours dans l'obligation de se plier à l'étiquette stricte de la cour. Pour tenir son rang au mieux et satisfaire aux attentes de son époux elle se plie à un régime rigoureux et à des mesures quotidiennes pour sauvegarder son allure. Mais étouffée dans toutes ces conventions et ces règles, Elizabeth se rebelle de plus en plus, petit à petit... 

Corsage (2022) de Marie Kreutzer

Après Gabrielle Dorziat, Romy Schneider ou Ava Gardner Sissi est cette fois incarnée par Vicky Krieps vue dans "Phantom Thread" (2017) de Paul Thomas Anderson, "Bergman island" (2021) de Mia Hansen-Love, "Old" (2021) de M. Night Shyamalan et actuellement en salles dans "Plus que Jamais" (2022) de Emily Atef, puis retrouve après "Avant l'Hiver" (2013) de Philippe Claudel et "Colonia" (2015) de Florian Gallenberger sa partenaire Jeanne Werner qui joue ici la dame de compagnie de l'Impératrice. L'empereur est interprété par Florian Teichtmeister vu dans "Sarajevo" (2014) de Andreas Prochaskas et "La Mort au Prochain Chapitre" (2022) de Sasha Bigler après lequel il retrouve sa partenaire Alma Hasun. Citons ensuite Katharina Lorenz vue dans "Freistatt" (2015) de Marc Brummund et "Lou-Andreas Salome" (2017) de Cordula Kablitz-Post, Manuel Rubey vu dans "La Leçon de Violon" (2016) de Michael Hoffmann, "On a Échangé nos Filles" (2017) de Anika Decker ou "En Eaux Troubles" (2022) de Catalina Molina, Aaron Friesz aperçue dans "1945- un Village se rebelle" (2019) de Gabriela Zerhau et "Le Gendre Surprise" (2021) de Michael Kreihsl, Colin Morgan vu dans "Mémoires de Jeunesse" (2014) de James Kent, "Legend" (2015) de Brian Helgeland, "Le Chasseur et la Reine des Glaces" (2016) de Cédric Nicolas-Troyan ou "Belfast" (2022) de Kenneth Branagh, et enfin le frenchy Finnegan Oldfield vu récemment dans "Coupez !" (2022) de Michel Hazanavicius et "Reprise en Main" (2022) de Gilles Perret... Ironie du sot, coïncidence ou juste des artistes peu originaus, notons que l'affiche du film est très semblable à un chef d'oeuvre du genre, "La Favorite" (2019) de Yorgos Lanthimos. Disons-le d'emblée le film "Corsage" n'a ni la folie ni l'originalité et ni l'audace de Lanthimos. Néanmoins, la réalisatrice-scénariste autrichienne offre un nouveau point de vue sur l'impératrice "Sissi" qui est intéressant voir même assez passionnant, à savoir une courte période significative où on entre dans son intimité et sa solitude. Le film se positionne donc comme un film historico-psychologique. Ainsi, le film se focalise sur les années 1877-1879, Sissi a la quarantaine et est devenue obnubilée par son apparence et surtout son poids s'astreignant à des régimes, du sport, et à un corset serré au maximum. Mais tout ce ceci semble vite être des conséquences à sa solitude, son époux l'Empereur étant très souvent absent entre autre, et surtout elle souffre de n'être qu'une faire-valoir, une simple et pauvre femme qui n'a rien d'autre à faire que d'apparaître.

Corsage (2022) de Marie Kreutzer

Elle voudrait aider sa mari, avoir peut-être des responsabilités, agir et réagir en somme plutôt que d'être oisive. Enfin, et c'est là toute la force et l'intelligence du film, on ne peut vraiment que le présumer tant l'Impératrice reste mutique et secrète. Elle a tout d'une femme mélancolique et dépressive, se sentant plus ou mois inutile alors que ses enfants grandissent, et ce même sa fillette Marie-Valérie qui lui fait la leçon sur ses inconvenances ! Sissi fait sa rebelle, choquante et irrévérenvieuse, cela reste bien sage pour nous aujourd'hui mais à l'époque l'Impératrice faisait son effet. La reconstitution historique est sobre et austère, plutôt très réaliste en général mais on peut douter de ce manque de luxe dans le palais impérial. On peut saluer le réaliste, la fidélité historique de l'ensemble, que ce soit dans les relations entre les individus où dans le déroulement de la plupart des faits. Par contre il y a bien quelques erreurs ou maladresses, des détails anachroniques d'abord comme les portes de la salle d'escrime, le style des cigarettes ou quelques luminaires, où la question de la maîtresse de l'Empereur qui est en fait un mix voulu entre deux véritables maîtresses, disons environ 80% Anna Nahowski et 20% Katharina Schratt, sans compter la fin qui reste le seul fait historiquement faux car imaginaire. On note un travail original sur la musique, subtile et moderne qui donne une dimension intemporelle au film, ce qui donne de l'ampleur au message féministe qui transpire à chaque scène. Clairement, Marie Kreutzer signe un drame uchronique à message féministe, où comment une femme tente d'exister dans une situation figée par un statut et les conventions. En conclusion, un film passionnant qui donne à voir une autre vision de Sissi, plus moderne, plus juste aussi sans doute, plus impertinente, mais aussi plus fragile. A conseiller.

Note :                 

Corsage (2022) Marie KreutzerCorsage (2022) Marie KreutzerCorsage (2022) Marie Kreutzer

15/20