[CRITIQUE] : Le Parfum Vert

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Nicolas Pariser
Avec : Sandrine Kiberlain, Vincent Lacoste, Rüdiger Vogler, Léonie Simaga,…
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : 7M$
Genre : Comédie, Policier
Nationalité : Français
Durée : 1h41min
Synopsis :
En pleine représentation, un comédien de la Comédie-Française est assassiné par empoisonnement. Martin, membre de la troupe témoin direct de cet assassinat, est bientôt soupçonné par la police et pourchassé par la mystérieuse organisation qui a commandité le meurtre. Aidé par une dessinatrice de bandes dessinées, Claire, il cherchera à élucider ce mystère au cours d'un voyage très mouvementé en Europe.

Critique :

#LeParfumVert est prenant quand il place ses protagonistes au sein de l’aventure mais dès que le public connaît les enjeux véritables des antagonistes et que le mystère s’éclaircit, il devient dérisoire même s’il respecte scrupuleusement les codes de l’espionnage (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/t2go4vllhM

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 16, 2022

Que le cinéaste qui n’a jamais eu envie de singer la mise en scène d’Hitchcock jette la première pierre ! Pour son nouveau long métrage, Nicolas Pariser, le réalisateur du film Alice et le maire (sorti en salle en 2019), s’empare d’un univers hitchcockien (avec une petite touche d’Hergé) pour embarquer le spectateur dans un complot à travers l’Europe.

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Le Parfum Vert, titre délicieusement énigmatique, ouvre les portes à une aventure de taille. Dès que Martin (Vincent Lacoste) entend ces trois mots, alors que son ami et collègue meurt empoisonné sur la scène de la Comédie-Française (tragédie plus vraie que nature), il demeure en grand danger. Car ces mots cachent un complot d’une ampleur quasi-mondiale contre les juifs. Cela tombe bien, Martin est juif et son acolyte Claire (Sandrine Kiberlain), sa Pamela à son Richard Hannay (référence au film Les 39 Marches du fameux Hitchcock), l’est également. En cela, Nicolas Pariser comble un manque en évoquant frontalement l’antisémitisme des antagonistes de son récit par rapport aux films qu’il prend en exemple. Si Hitchcock et Hergé s’étaient penchés sur la montée du fascisme dès les années 30, ils ont tous deux éludé la question juive. La judéité de ses personnages n’est pas subtile et ne cherche pas à l’être. Claire s’engueule joyeusement avec sa mère autoritaire (caricature de la mère juive étouffante) par téléphone, Martin fait une crise d’angoisse quand son train fait un arrêt à la gare de Nuremberg, mêlant l’ironie bonne enfant à une véritable angoisse sourde.
Au cœur de cette aventure trépidante se niche une mise en scène qui fait appel à nos meilleurs souvenirs hitchcockiens. Du chignon blond à la Vertigo, à la scène burlesque d’une prise d’otage à la Mort au Trousse, en passant par un duo détonnant à la 39 Marches (encore) ou à des disparitions dans un train, comme dans Une Femme Disparaît, Le Parfum Vert a des airs de quizz spécial cinéphile. Nicolas Pariser se défend d’avoir effectué un exercice de style, en arguant avoir fait un film en Hitchcockie [sic] afin de montrer que les films d’Hitchcock sont de vrais univers en soi. Pourtant, on ne peut s’empêcher d’y voir au mieux un hommage lourdingue d’un cinéaste mythique du cinéma, ou au pire, une volonté d'apposer un nom célèbre à sa mise en scène dans une posture (presque) élitiste. L'intérêt nous paraît limité ici. À part le cinéphile ardu, qui viendra avec joie cocher les éléments piochés des films qu’il connaît, un non-initié passera totalement à côté. Il ne lui restera que le récit pur du film qui, hélas, rend vite l’âme. Il se passe la même chose du côté de la BD, en faisant de Claire une dessinatrice de BD, en emmenant le récit vers un collectionneur de dessins originaux, ainsi que le voyage en Belgique (que l’on peut voir comme un clin d'œil à Hergé).

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Le Parfum Vert est plaisant quand il place ses deux protagonistes principaux au sein de l’aventure. La lâcheté de l’un et le dynamisme de l’autre permettent à l’intrigue des respirations comiques réussies. Vincent Lacoste, à côté de la plaque dans sa veste en tweed, entraîne sans le vouloir l’énergie extravagante de Sandrine Kiberlain, légèrement en décalage avec le réel pour apporter une touche burlesque. Le duo fonctionne car les personnages s’alimentent l’un l’autre dans leur différentes personnalités — dans sa première partie du moins. Dès que le public connaît les enjeux véritables des antagonistes, dès que le mystère s’éclaircit, le film devient dérisoire même s’il respecte scrupuleusement les codes de l’espionnage.
Laura Enjolvy