La Ruée vers l'Or (1925) de Charles Chaplin

3ème long métrage de Charles Chaplin après le succès "The Kid" (1921) et l'échec public de son mélodrame "L'Opinion Publique" (1923), un premier échec qui a marqué l'artiste qui l'a poussé vers encore plus d'envie et d'ambition : "Ce prochain film doit être une épopée ! La plus grande !" Ainsi le Producteur-réalisteur-scénariste-acteur Charles Chaplin va s'inspirer d'une photographie sur la ruée vers l'or du Klondike (Tout savoir ICI !) et par le récit de l'Expédition Donner (Tout savoir ICI !).  Conséquence, un budget qui va grimper à près d'un million de dollars, un tournage de 15 mois dans les montagnes du Nevada et 600 figurants. Un déluge de moyens qui va permettre à Chaplin de renouer avec le succès mondial amassant plus de 5 fois la mise au box-office Monde. Chaplin rééditera et ressortira en salle le film en 1942 en version plus courte et sonorisée, qui sera un nouveau succès en salles obscures. Donc attention à la version, une durée de 1h35 pour la version ciné originale, puis seulement 72mn dans la version "modernisée" de 1942... 1898, en pleine ruée vers l'or dans le Yukon et le Klondike dans le Nord-Ouest du Canada, Charlot entreprend de suivre les milliers d'autres prospecteurs pour tenter de trouver fortune. Surpris par une tempête de neige, Charlot trouve refuge dans une cabane isolée où il va devoir faire avec deux autres camarades, Big Jim McKay et Black Larsen. Ils vont devoir apprendre à cohabiter en attendant la fin de l'orage et commencer leur quête de l'or...

La Ruée vers l'Or (1925) de Charles Chaplin

Evidemment Charles Chaplin est Charlot, comme il l'est depuis 1914 et plus de 70 films et pour la postérité encore quelques uns à venir. Alors que la jeune femme de l'histoire devait être interprété par Lita Grey, elle doit être remplacée lorsqu'elle tombe enceinte de Chaplin qui doit d'ailleurs l'épouser pour éviter le scandale la future maman n'ayant que 16 ans. c'est finalement Georgia Hale qui reprend le rôle vue plus tard dans "Les Chasseurs de Salut" (1925) de Josef Von Sternberg, "Gatsby et le Magnifique" (1926) de Herbert Brenon et "Le Dernier Moment" (1928) de Paul Frejos. Les deux autres aventuriers qui se retrouvent dans la cabane sont joués par Mack Swain qui a déjà tourné pour et avec Chaplin sur "Charlot Garçon de Café "(1914), "Charlot et le Masque de Fer" (1921) ou "Jour de Paye" (1922), puis Tom Murray vu dans "Too Much Business" (1922) de Jess Robbins et qui n'avait joué auparavant que dans "Le Pèlerin" (1923) avec Chaplin. Mais la majorité des acteurs sont des fidèles avec Henry Bergman qui a jouera dans une vingtaine de Chaplin à partir de "Charlot Musicien" (1916), vu dans "The Kid" (1921) et "L'Opinion Publique" (1923) il va aussi retrouver ses partenaires dans les futurs chefs d 'oeuvres "Le Cirque" (1928), "Les Lumières de la Ville" (1931) et "Les Temps Modernes" (1936), c'est-à-dire Tiny Sandford fidèle depuis "Charlot et le Comte" (1916) jusqu'à "Le Dictateur" (1940), Al Ernest Garcia fidèle depuis "Charlot et le Masque de Fer" (1921) dans lequel jouait aussi Albert Austin fidèle depuis "Charlot Chef de Rayon" (1916), citons encore John Rand fidèle sur une vingtaine de films depuis "Charlot au Music-Hall" (1915), puis n'oublions pas Heinie Conklin qui sera dans "Le Cirque" (1928) et "Les Temps Modernes" (1936) mais qui a surtout une carrière impressionnante de plus de 500 rôles de "His Twentieth Century" (1915) de Allen Curtis à "Deux Nigauds et les Flics" (1955) de Charles Lamont. Citons ensuite les nouveaux venus dans l'univers Chaplin avec Malcolm Waite vu plus tard dans "L'Arche de Noé" (1928) de Michael Curtiz ou "Franc Jeu" (1941) de Jack Conway, Chris-Pin Martin vu dans "Billy the Kid" (1930) de King Vidor, "Capitaine Blood" (1935) de Michael Curtiz, "La Chevauchée Fantastique" (1939) de John Ford ou "Le Signe de Zorro" (1940) de Rouben Mamoulian, puis enfin n'oublions pas Larry Steers qui a une des filmographies les plus impressionnantes avec plus de 600 rôles de "Happiness of the Three Women" (1917) de William Desmond Taylor à "Une Place au Soleil" (1952) et "L'Ivresse et l'Amour" (1952) tous deux de George Stevens en passant par "Le Petit César" (1931) de Mervyn LeRoy et "L'Impossible Monsieur Bébé" (1938) de Howard Hawks... Le film débute comme un film d'aventure et reprend même certains codes du western. Le récit entre directement dans le vif du sujet avec un Charlot prospecteur aventurier qui arrive en plein hiver dans le Klondike où des milliers de chercheurs d'or arrivent, joués par des centaines de véritables vagabonds engagés pour une journée. Le froid pousse notre héros à s'abriter dans une cabane où il se retrouve à vivre avec deux autres aventuriers, plus forts, plus rustres mais pas moins pauvres et rêveurs. Commence alors une colocation mouvementée qui montre un quotidien très difficile où le froid est impitoyable et la faim tiraille.

La Ruée vers l'Or (1925) de Charles Chaplin

La recherche d'or devient secondaire tant il faut avant tout penser à se chauffer et à manger et qui va offrir surtout quelques unes des meilleures scènes du film, devenues cultes avec le repas avec une chaussure (une séquence avec une chaussure en réglisse et pas moins de 63 prises en trois jours !) et la partie où Big Jim est obnubilé par la faim et croit voir un poulet en la personne de Charlot ! Scène hilarante, inventive et merveilleusement joué aussi par Mack Swain alias Big Jim. Toujours autant de magie et de poésie chez Chaplin avec ce film où on est aussi épaté par la technique et la créativité du maître. La seconde partie du film, plus focalisée sur l'histoire d'amour, est un peu moins inspirée sur l'histoire qui manque toujours de prospection, mais le rythme est toujours aussi soutenu avec des trouvailles qui fourmillent toujours autant jusque ce trappeur discret en arrière-plan et témoin des mésaventures de Charlot, et surtout avec la séquence mythique de la danse des petits pains aussi amusante que mélancolique ; une danse qui sera entre autre reprise dans "Benny and Joon" (1993) de Jeremiah S. Chechik avec Johnny Depp. Le journaliste Geoffrey Macnab dit du film qu'il est une "comédie époque sur un sujet grave", mais on regrette pourtant qu'il y manque justement l'épique et le sujet grave, la prospection elle-même est malheureusement occultée pour un scénario qui se focalise sur la cohabitation puis sur la romance. Mais le film reste semé de scènes merveilleusement millimétrées, drôles et émouvantes pour un nouveau grand film pour Charles Chaplin.

Note :   

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18/20