Pour comprendre il nous faut présenter tout d'abord le réalisateur William Castle, né à New-York et sans doute trop peu connu aujourd'hui mais qui reste un des piliers avec Roger Corman du cinéma fantastique des années 50-60 qui inspirera entre autre les studios de la Hammer, mais surtout qui a marqué quelques grands réalisateurs après lui à commencer Alfred Hitchcock pour "Psychose" (1960), mais citons aussi John Waters qui a écrit : "William Castle était mon idole. Ses films m'on donné envie de faire des films... William était Dieu." Et sans compter Robert Zemeckis dont la société de production se nomme Dark Castle Entertainement. Le cinéaste a déjà signé des films comme "Une Balle dans le Dos" (1949), "Le Serpent du Nil" (1953) ou "Rendez-Vous sur l'Amazone" (1955) quand il se lance dans ce film d'épouvante au budget limité de 200000 dollars (moins encore que le premier long de Charles Chaplin "The Kid" en 1921). Le scénario est écrit par Robb White qui retrouve Castle après les films "Macabre" (1958) et "Le Désosseur de Cadavres" (1959) et qu'il retrouvera encore sur "13 Ghosts" (1960) et "Homicide" (1961)... Le riche Fréderick Loren organise une soirée spéciale sur une idée, à priori, de son épouse Annabelle, à savoir accueillir 5 personnes dans leur demeure qui serait hantée, et si ils survivent jusqu'à l'aube ils peuvent gagner la somme de 10000 dollars. Certains sont sceptiques, d'autres pensent que c'est une somme déjà gagnée, mais quand les premiers phénomènes étranges surviennent les participants comprennent que le jeu est réellement commencé...
L'homme riche qui organise cette nuit spéciale est incarné par Vincent Price grand spécialiste des films fantastiques du fameux studio de la Hammer et qui retrouvera aussi Castle sur "Le Désosseur de Cadavres" (1959) mais également acteur mythique du genre à la carrière prolifique de "La Vie Privée d'Elizabeth d'Angleterre" (1939) de Michael Curtiz à "Edward aux Mains d'Argent" (1990) de Tim Burton en passant par "Laura" (1944) de Otto Preminger, "L'Homme au Masque de Cire" (1953) de André de Toth ou "La Chute de la Maison Usher" (1961) de Roger Corman. Son épouse est interprétée par le très hitchcockienne Carol Ohmart dont on peut citer plus tard le film "Spider Baby" (1967) de Jack Hill. Les participants sont joués par Carolyn Craig connue comme la soeur de Liz Taylor dans "Géant" (1956) de George Stevens avant de se tourner vers le petit écran dont les séries TV "Perry Mason" (1957), "Laramie" (1962) ou "Hôpital Central" (1963), Richard Long vu dans "Le Criminel" (1946) de Orson Welles, "Pour Toit j'ai Tué" (1949) de Robert Siodmak ou "La Brigade Héroïque" (1954) de Raoul Walsh, Alan marshal vu dans "Marie Walewska" (1937) de Clarence Brown, "Quasimodo" (1939) de William Dieterle ou "La Chevauchée des Bannis" (1959) de André De Toth, Julie Mitchum soeur de Robert aperçue dans "Ecrit dans le Ciel" (1954) de William A. Wellman, "Les 10 Commandements" (1956) de Cecil B. De Mille et "Hit and Run" (1957) de Hugo Bass, puis le second couteau de luxe Elisha Cook Jr. au plus de 200 rôles de "La Ville Gronde" (1937) de Mervyn LeRoy à "1941" (1979) de Steven Spielberg en passant par plusieurs Howard Hawks, "L'Ultime Razzia" (1956) de Stanley Kubrick ou Pat Garrett et Billy the Kid" (1973) de Sam Peckinpah. Et enfin n'oublions pas le couple joué par Leona Anderson vue au Muet dès "Charlot dans le Parc" (1915) de Charles Chaplin et "Mud and Sand" (1922) de Gilbert Pratt avec Laurel et Hardy, puis Howard Hoffman vu dans "La Peur au Ventre" (1955) de Stuart Heisler, "Une Étrangère dans la Ville" (1955) de Mervyn LeRoy puis retrouvant son réalisateur William Castle après "Macabre" (1958)... Outre les acteurs, il ne faut pas oublier un autre personnage central, la demeure de Frederick Loren/Price, une architecture volontairement amérindienne qui n'est autre que la propriété construite en 1924 sous la direction de l'architecte Frank Lloyd Wright nommée Ennis House (quartier Los Feliz à Los Angeles) et qui apparaîtra encore dans quelques autres films comme "Grand Canyon" (1991) de Lawrence Kasdan, et surtout "Blade Runner" (1982) et "Black Rain" (1989) tous deux de Ridley Scott.
Une architecture Maya qui instaure forcément une atmosphère énigmatique et impose une appréhension mystique. Le prologue l'est tout autant, avec une voix Off qui nous présente les participants au jeu nocturne, un panel éclectique qui ont pourtant un point commun : le besoin urgent d'obtenir 10000 dollars. Bien qu'un des joueurs interroge plus particulièrement, Watson Pritchard/Cook Jr. qui aurait déjà participé à une soirée précédente et qui semble en savoir plus que les autres. Mais on savoure surtout ce jeu trouble au sein du couple Loren, la haine étant saupoudrée d'une certaine admiration. On attend surtout que les fantômes s'éveillent enfin, savoir à quel point la maison est hantée surtout que Pritchard/Cook Jr. y croit dur comme fer ayant déjà vécu cette expérience. Le suspense s'instaure doucement, mais l'épouvante reste en surface, ce sont les détails intrigants qui poussent à la réflexion et/ou au simple frisson surtout quand arrive la première victime. Quelques passages sont particulièrement efficaces comme la première apparition, et sa seconde, la première victime et le squelette forcément, mais d'autres manques un peu de cohérences et paradoxalement la séquence du squelette (la révélation), et surtout en quoi, comment et pourquoi Watson Pritchard/Cook Jr. serait-il réellement un homme qui sait de quoi il parle ?! Ce dernier point est à la fois ce qui donne du sel au récit et qui rend son passé un peu perplexe. En ce qui concerne la promo, rappelons pour l'anecdote que le réalisateur William Castle organisait des projections surprises où il faisait apparaitre un squelette qui volait au-dessus des spectateurs créant évidemment une frayeur simultanée avec le film. En conclusion, un film fantastique divertissant bien foutu, avec un twist plutôt réussi auquel il manque surtout un côté épouvante plus pregnant. Un bon moment.
Note :
13/20