Réalisatrice : Kamila Andini
Avec : Happy Salma, Laura Basuki, Arswendy Bening Swara,...
Distributeur : ARP Selection
Budget :
Genre : Drame.
Nationalité : Indonésien.
Durée : 1h43min
Synopsis :
Quinze ans après avoir été séparée de son mari, Nana a refait sa vie auprès d’un homme riche qui la gâte autant qu’il la trompe. C’est pourtant sa rivale qui deviendra pour Nana l’alliée à laquelle elle confie ses secrets, passés et présents, au point d‘envisager un nouvel avenir…
Critique :
C'est littéralement au carrefour des influences majeures des cinémas de Wong Kar-wai et de Apichatpong Weerasethakul, que se loge le nouveau long-métrage de Kamila Andini, Une Femme indonésienne, flanqué au coeur d'une Indonésie des 60s où toute idée de bonheur n'est qu'une chimère.
Avec une narration alternant les bons entre passé et présent, le film suit les atermoiements de Nana et de sa soeur Ninsingh fuyant pour sauver leur vie, alors que la première convaincue que son mari et leur père sont morts à la suite de la purge anticommuniste du pays - un destin qui est appelé à l'attendre si elle refuse d'épouser un chef insurgé qui vit dans la forêt.
Au présent, Nana vit une vie résolument plus stable et confortable en tant qu'épouse d'un riche Sundanais, mais avec une survie et une quiétude désormais assurées (surtout si elle fait fît des infidélités de son époux), elle aspire à renouer avec quelque chose de férocement important issu de son passé : son épanouissement en tant que femme, elle qui peut - faussement - diriger son ménage mais point sa propre vie.
Un brin conventionnel dans son déroulement, même s'il est captivant de découvrir le portrait complexe et mélancolique d'une femme enlacé à la fois autour de l'histoire politique et humaine mouvementée de sa propre nation, mais aussi au poids écrasant des traditions patriarcales furieusement ancrées dans le quotidien (sans compter une culpabilité qui la hante nuit et jour); le film n'en reste pas moins une solide expérience sensorielle et émotionnelle, frappé par les sonorités écrasantes de la partition à cordes Ricky Lionardi, qui épouse a merveille la photographie enivrante de Batara Goempar.
Beau et romanesque récit d'émancipation dans un contexte politico-social prônant l'assujettissement, autant qu'une sublime ode à la sororité (que ce soit dans les magnifiques et improbables liens qui unissent à la fois Nana et sa fille, mais aussi celle-ci et la maîtresse de son mari, Ino, elle qui est la seule personne capable de la faire rire, de la faire s'ouvrir et de respirer plutôt que de vivre continuellement dans la peur et l'incertitude), porté autant par sa propre cadence singulière - entre rêve et dure réalité- que par la prestation à la dignité tranquille de l'impressionnante Happy Salma (qui laisse transparaître toutes les luttes croissantes, à la fois personnelles et politiques, de son personnage avec une justesse rare); Une Femme indonésienne est un mélodrame délicat et formellement sublime, pas exempt de quelques défauts certes - voire d'un fétichisme totalement assumé - mais grisant dans sa mise en capsule pleine de grâce et de pudeur d'une émancipation féminine contre la domination écrasante du patriarcat.
Jonathan Chevrier
Avec : Happy Salma, Laura Basuki, Arswendy Bening Swara,...
Distributeur : ARP Selection
Budget :
Genre : Drame.
Nationalité : Indonésien.
Durée : 1h43min
Synopsis :
Quinze ans après avoir été séparée de son mari, Nana a refait sa vie auprès d’un homme riche qui la gâte autant qu’il la trompe. C’est pourtant sa rivale qui deviendra pour Nana l’alliée à laquelle elle confie ses secrets, passés et présents, au point d‘envisager un nouvel avenir…
Critique :
Au carrefour des influences majeures des cinémas de Kar-wai et Weerasethakul, #UneFemmeIndonésienne incarne un mélo délicat et formellement sublime, passionnant dans son portrait plein de grâce et de pudeur d'une émancipation féminine contre la domination écrasante du patriarcat. pic.twitter.com/KxEFGCQVNq
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 22, 2022
C'est littéralement au carrefour des influences majeures des cinémas de Wong Kar-wai et de Apichatpong Weerasethakul, que se loge le nouveau long-métrage de Kamila Andini, Une Femme indonésienne, flanqué au coeur d'une Indonésie des 60s où toute idée de bonheur n'est qu'une chimère.
Avec une narration alternant les bons entre passé et présent, le film suit les atermoiements de Nana et de sa soeur Ninsingh fuyant pour sauver leur vie, alors que la première convaincue que son mari et leur père sont morts à la suite de la purge anticommuniste du pays - un destin qui est appelé à l'attendre si elle refuse d'épouser un chef insurgé qui vit dans la forêt.
Au présent, Nana vit une vie résolument plus stable et confortable en tant qu'épouse d'un riche Sundanais, mais avec une survie et une quiétude désormais assurées (surtout si elle fait fît des infidélités de son époux), elle aspire à renouer avec quelque chose de férocement important issu de son passé : son épanouissement en tant que femme, elle qui peut - faussement - diriger son ménage mais point sa propre vie.
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Un brin conventionnel dans son déroulement, même s'il est captivant de découvrir le portrait complexe et mélancolique d'une femme enlacé à la fois autour de l'histoire politique et humaine mouvementée de sa propre nation, mais aussi au poids écrasant des traditions patriarcales furieusement ancrées dans le quotidien (sans compter une culpabilité qui la hante nuit et jour); le film n'en reste pas moins une solide expérience sensorielle et émotionnelle, frappé par les sonorités écrasantes de la partition à cordes Ricky Lionardi, qui épouse a merveille la photographie enivrante de Batara Goempar.
Beau et romanesque récit d'émancipation dans un contexte politico-social prônant l'assujettissement, autant qu'une sublime ode à la sororité (que ce soit dans les magnifiques et improbables liens qui unissent à la fois Nana et sa fille, mais aussi celle-ci et la maîtresse de son mari, Ino, elle qui est la seule personne capable de la faire rire, de la faire s'ouvrir et de respirer plutôt que de vivre continuellement dans la peur et l'incertitude), porté autant par sa propre cadence singulière - entre rêve et dure réalité- que par la prestation à la dignité tranquille de l'impressionnante Happy Salma (qui laisse transparaître toutes les luttes croissantes, à la fois personnelles et politiques, de son personnage avec une justesse rare); Une Femme indonésienne est un mélodrame délicat et formellement sublime, pas exempt de quelques défauts certes - voire d'un fétichisme totalement assumé - mais grisant dans sa mise en capsule pleine de grâce et de pudeur d'une émancipation féminine contre la domination écrasante du patriarcat.
Jonathan Chevrier