Premier long métrage de Olivier Treiner après quelques courts comme "Crassus" (2007) et surtout "L'Accordeur" (2011) César du meilleur court métrage. Le cinéaste voulait faire un film sur le thème du hasard qui le fascine et pour son histoire il n'a pas été cherché loin puisque l'idée lui a été inspiré par sa propre rencontre autour d'une table dans un café avec celle qui est devenue son épouse : "Je lui ai proposé de la partager, elle s'est assise, nous avons passé la journée à parler, et nous ne nous sommes plus quittés. Quelques semains plus tard, j'ai fait mention de cette rencontre à mon frère. Puis je l'ai questionné sur sa vie sentimentale, et il m'a dit avoir rencontré lui aussi une jeune fille, dans un lieu et circonstances complètement différentes, et qu'ils sortaient ensemble. Au bout de quelques minutes de discussion, nous nous sommes aperçus qu'elles étaient soeurs. À peu près au même moment, nos deux amoureuses avient une discussion similaire et faisaient le constat qu'elles avaient par hasard rencontré deux frères. C'était il y a près de 20 ans. Quelque part c'ets là que le film est né. Je vis toujours avec la jeune femme du café, nous avons trois enfants, et nous avons écrit ensemble le Tourbillon de la Vie en y injectant nos émotions, nos douleurs et nos espoirs." Le réalisateur-scénariste co-signe donc son histoire et son scénario main dans la main avec sa conjointe Camille Treiner, qui a entre écrit pour la série TV "Les Combattantes" (2022). Le cinéaste avoue comme référence les films de Paul Thomas Anderson dont le récent "Licorice Pizza" (2022), ceux de Richard Curtis dont "Coup de Foudre à Notting Hill" (1999) de Roger Michell, les films "Les Choses de la Vie" (1970) de Claude Sautet, "The Hours" (2002) de Stehen Daldry, "Les Noces Rebelles" (2008) de Sam Mendes et "L'Etrange Histoire de Benjamin Button" (2008) de David Fincher...
Le destin de Julia et Paul de leur rencontre ou pas, dans une existence semée de hasards et de virage à prendre ou non. Des vies avec d'infinies possibilités mais à quel point choisit-on son destin ?! Pour Julia il suffit effectivement d'un rien, prendre un autre chemin et elle aurait pu être une autre femme... Paul est interprété par Raphaël Personnaz qu'on n'avait pas vu depuis "Persona Non Grata" (2019) de et avec Roschdy Zem, vu dans Julia est incarnée par Lou De Laâge vue dans "Les Innocentes" (2016) de Anne Fontaine ou "Le Bal des Folles" (2021) de Mélanie Laurent, puis de cette même réalisatrice elle retrouve après "Respire" (2014) sa partenaire Isabelle Carré qui retrouve de son côté après "Musée Haut, Musée Bas" (2008) de Jean-Michel Ribes et "Délicieux" (2021) de Eric Besnard son partenaire Grégory Gadebois qui retrouve aussi pour la 5ème fois l'acteur Denis Podalydès vu dans "Oranges Sanguines" (2021) de Jean-Christophe Meurisse, "Le Monde d'Hier" (2022) de Diastème et "En Corps" (2022) de Cédric Klapisch. Citons encore Sébastien Pouderoux qui retrouve Lou De Laâge après "Boîte Noire" (2021) de Yann Gozlan, et vu dernièrement dans "Guermantes" (2021) de Christophe Honoré, puis Esther Garrel fille de Philippe et soeur de Louis, et outre sa famille citons les films "L'Apollonide : Souvenirs de la Maison Close" (2011) de Bertrand Bonello ou "Call Me By Your Name" (2017) de Luca Guadagnino, et enfin Aliocha Schneider, frère de Niels, vu dans "Pompéi" (2019) de John Shank et Anna Falguères et "Merci pour Tout" (2019) de Louise Archambault... Le film a pour thématique le Destin dans le sens premier, à savoir ces choix constants dans une vie où il faut choisir entre la gauche et la droite, entre freiner ou avancer, entre oui ou non... etc... Des choix qui influencent forcément nos vies, des choix qui nous hantent et nous interrogent chaque jour et qui a déjà inspiré plusieurs films, à divers niveaux on peut citer "L'Effet Papillon" (2004) de Eric Bess et J. Mckye Gruber, "Mr. Nobody" (2010) de Jaco Van Dormael, "Il était Temps" (2012) de Richard Curtis ou pourquoi pas "Cloud Atlas" (2012) des Wachowski. On suit donc le destin d'une femme qui va aussi être par ricochet ou parallèle celui de quatre femmes, elle-même ou celles qu'elle aurait dû ou aurait pu être. Le film débute avec une Julia adolescente, puis arrive un jour où un événement ouvre sur deux possibilités, puis on a deux Julia, deux Julia qui vont avoir un autre moment qu'il va falloir assumer puis le récit continue avec trois Julia... etc...
Un tel récit oblige à un scénario complexe et alambiqué auquel il faut un temps pour s'habituer au concept qui s'avère quand même un peu lourd et fastidieux. Plus on avance dans le temps plus il est difficile de raccrocher les différentes Julia à celles des débuts, sans compter les ellipses plus ou moins judicieuses. Mais on reste séduit, d'abord par une sorte de chaise musicale du temps, un destin qui en devient plusieurs comme un jeu ludique, qui renvoie forcément à nos propres instants de vie. Evidemment on salue la performance de Lou de Lâage (exception faite de l'ultime scène surjouée), bien entourée par un joli casting joliment constitué. Mais un tel film est aussi un écueil à maladresses ou omissions, par exemple il est dommage que Julia ne vieillisse pas ou à peine durant 4 décennies, il est aussi dommage qu'il n'y a pratiquement aucun bonheur, chaque Julia connaît essentiellement des drames ou des malheurs jusqu'à cette dernière partie très et trop pathos. Néanmoins, ce labyrinthe qui joue en musique (très bon choix de ligne directrice) avec les lignes des Moires (ou des Parques chez les romains) reste prenant, intéressant, avec un montage certe parfois ardu mais les raccords restent joliment géré, et malgré sa lourdeur le concept donne assez d'options et donc de rythme pour qu'on se laisse happer par ce(s) destins d'une femme à travers le temps. Un bon moment.
Note :