4ème long métrage de Martin McDonagh après l'excellent "Bons Baisers de Bruges" (2008), "Sept Psychopathes" (2012) et "Three Billboards : les Panneaux de la Vengeance" (2017). Le réalisateur-scénariste revient avec cette histoire sur sa terre natale, l'Irlande. Le film a été présenté à la Mostra de Venise 2022 où il a remporté le Prix du Meilleur scénario et la Coupe Volpi de la Meilleure interprétation masculine pour Colin Farrell... Sur Inisherin, une île isolée au large de la côte ouest irlandaise, deux compères de longues dates, Padraic et Colm se retrouve dans une impasse inédite quand Colm décide de couper les ponts du jour au lendemain. Padraic est abasourdi par cette décision aussi soudaine que brusque mais ne pouvant l'admettre il va tout faire pour recoller les morceaux avec l'aide de sa soeur et d'un jeune insulaire un peu dérangé. Mais malgré les efforts de Padraic rien ne s'arrange bien au contraire jusqu'à ce que Colm impose un ultimatum...
Les deux amis sont incarnés par deux acteurs qui retrouvent le réalisateur après "Bons Baisers de Bruges" (2008), Colin Farrell qui retrouvera le réalisateur également dans "Sept Psychopathes" (2012), puis Brendan Gleeson qui lui tournera plutôt pour le frère John Michael McDonagh dans "L'Irlandais" (2011) et "Calvary" (2014). Les deux acteurs retrouvent aussi leur partenaire Barry Keoghan, après "Mise à Mort du Cerf Sacré" (2017) de Yorgos Lanthimos et "The Batman" (2022) de Matt Reeves pour Colin Farrell, après "A Ceux qui nous ont Offensés" (2017) pour Brendan Gleeson. La soeur est interprétée par Kerry Condon vue notamment dans "Ned Kelly" (2003) de Gregor Jordan, "This Must Be the Place" (2011) de Paolo Sorrentino puis retrouve aussi le réalisateur après "Three Billboards" (2017). Citons ensuite trois acteurs qui retrouvent Brenda Gleeson après "L'Irlandais" (2011), David Pearse vu dans "Bloody Sunday" (2002) de Paul Greengrass ou "Grabbers" (2012) de Jon Wright, Pat Shortt vu dans "Queen and Country" (2014) de John Boorman et Gary Lydon vu également dans "Calvary" (2014). Et enfin, n'oublions pas Sheila Flitton révélée dans le film "The Commitments" (1991) de Alan Parker, et vue récemment dans "The Northman" (2022) de Robert Eggers... Outre ce casting, un tel film est aussi doté d'un autre personnage central, les paysages et décors d'Irlande le pays des légendes. Le réalisateur place son histoire sur l'ile fictive de Inisherin qui est en fait un mix des iles de Inishmore, Inishmaan et Inisheer au large de Galway. Si une partie du film a été tourné sur Inishmore la plus grande partie a pourtant été tourné 150km plus loin sur l'ile d'Achill où se trouve un autre personnage important, le Pub. L'autre paramètre reste l'époque, l'histoire se déroulant au début des années 20 lors de la Guerre civile qui place le récit dans un contexte particulier et notamment qui accentue la dimension insulaire des personnages. Notons que les costumes sont signés de la Chef Costumière Eimer Ni Mhaoldomhnaigh, qui a tourné pour le frère John Moichael McDonagh, mais qui est surtout une spéclialiste justement de cette époque révolutionnaire notamment avec les films "Michael Collins" (1997) de Neil Jordan, "Le Vent se lève" (2006) et "Jimmy's Hall" (2014) tous deux de Ken Loach.
On ne peut que penser à la tagline de l'affiche qu'on doit à un journaliste à l'humour singulier, qui indique que le film est une "Une Fable drôle, émouvante et cruelle" (?!) Drôle noir ou même de loin assurément pas, mais c'est à l'évidence émouvant et cruelle comme toute fable, moderne celle-ci et donc la ou les morale(s) sous-jacentes nous hantent tout le long du récit et même bien après la séance tant on cherche où a voulu nous emmener le réalisateur-scénariste. Ainsi un ami qui ne comprend pas pourquoi son meilleur ami ne veut plus être le sien du jour au lendemain va pousser ce dernier à un acte aussi incompréhensible que radical afin de faire comprendre à son ami que c'est fini quoiqu'il arrive. Quand arrive cet acte, on est perdu, choqué, et surtout perplexe car comment comprendre un tel geste ?! Comment expliquer que cet acte n'apporte de surcroît rien de concret ?! Le soucis premier est que la suite ne nous en apprendra rien de plus alors que, peut-être se dit-on, que la Guerre civile qui se fait entendre au loin va forcément avoir des conséquences. Par là même, le terme "Banshee" renvoie à la mythologie gaélique, une figue fantomatique qui pleure pour annoncer une mort. La grand-mère appelée "vieille sorcière" est évidemment l'incarnation "réelle" de cette "Banshee" ; une dimension mystique qu'on s'attend évidemment à pleurer. McDonagh instaure une atmosphère austère et sobre, juste ce qu'il faut de mystère vis à vis des personnages et de l'environnement, des paysages sublimes, des acteurs magnifiques, et cette intrigue énigmatique sur la séparation de deux hommes qui symbolise la division d'un pays. Et pourtant il manque un tout petit peu de cohérence pour relier tout ça dans une logique narrative pour convaincre pleinement. On aime beaucoup, on aurait aimé encore plus mais on reste sur notre faim. Une petite déception au vu du potentiel.
Note :
14/20