[CRITIQUE] : Goodbye

[CRITIQUE] : GoodbyeRéalisatrice : Atsuko Ishizuka
Avec les voix de : Natsuki Hanae, Yuki Kaji, Ayumu Murase, Kana Hanazawa, …
Distributeur : Eurozoom
Budget : -
Genre : Animation
Nationalité : Japonais
Durée : 1h35min
Synopsis :
Roma est un jeune garçon qui vit à la campagne. Avec son ami d’enfance Toto ils se font appeler les « Donglees » et ils organisent un petit spectacle de feu d’artifice tous les étés. A l’issue de sa première année de lycée, Toto revient de Tokyo où il étudie. Un nouveau venu, Drop, se joint aux DonGlees pour filmer avec son drone le spectacle vu du ciel. Mais cette fois-ci, rien ne va, les feux d’artifices ne fonctionnent pas et le drone est emporté par le vent. Au même moment, un feu de forêt se déclenche pour une cause indéterminée. La toile s’affole et blâme les DonGlees. Roma, Toto et Drop partent à la recherche du drone pour prouver leur innocence.
Critique :

Il y a quelque chose d'infiniment précieux qui se dégage de #Goodbye, magnifique quête initiatrice aux confins des rêves qui aborde avec justesse et chaleur l’éphémérité des moments de bonheur et de la vie, dont il faut profiter de chaque instant. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/GhJABuwH4s

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 3, 2023

Premier long métrage au scénario original pour la réalisatrice et animatrice japonaise Atsuko Ishizuka, Goodbye nous fait voyager entre le Japon rural et les magnifiques paysages de l’Islande afin de permettre aux personnages — de jeunes garçons adolescents — de continuer leur quête initiatrice aux confins des rêves.
C’est l’histoire de trois garçons dans le vent. Peu populaire auprès de leurs camarades de classe, Roma et Toto grandissent ensemble dans leur bulle ; une tente aménagée dans la forêt. Mais parvenu au lycée, les temps changent. Roma reste dans leur village, tandis que Toto déménage à Tokyo pour y poursuivre de brillantes études (avec à la clef une place dans une école de médecine). Roma passe alors son temps avec Drop, un peu plus jeune que lui et toujours engoncé dans un hoodie dinosaure. L’été qui intéresse le récit est l’été de toutes les aventures. Des feux d’artifices ratés, un drone défectueux, un feu de forêt sont les points de départ d’une quête qui leur apprendra à se questionner sur leur existence et leurs différents désirs pour le futur.

[CRITIQUE] : Goodbye

©Eurozoom



Goodbye pose les bases d’un univers onirique dès le début du film. Une immense cascade déchire le cadre, devenue dorée grâce au soleil. Un téléphone sonne et un jeune homme répond. Dans l’imaginaire de Drop, qu’il véhicule à ses amis, l’Islande est le pays où les rêves ont une forme réelle. L’immensité des montagnes et des plaines désertiques, dans ce si petit pays, a toujours fait planer une certaine magie autour de ces paysages. Atsuko Ishizuka accentue cette magie grâce à l’animation, qui donne au pays des contours folkloriques et irréels. Les montagnes et les cascades islandaises deviennent des sortes de génies, prédisant l’avenir et donnant à ses visiteurs la clef de leurs secrets intérieurs.
La réalisatrice floute les barrières sociales et dévoile la profondeur de ses personnages à l’aide de l’aventure que vivent les trois garçons, partis à la recherche de leur drone (seule preuve de leur innocence). Si on les regarde de loin, ils perpétuent des stéréotypes sociaux : Roma, le bouseux qui s’oriente vers l’agriculture ; Toto, la tête, futur médecin ; Drop, le nerd, à l’avenir incertain. Mais les deux jours qu'ils vivent au sein de la nature japonaise, perdus dans les bois, changent la donne. Ce qui les éloigne de leurs camarades, c’est peut-être une volonté secrète de s’échapper des rôles qu’on leur attribue. Au cœur de la nature, ceux-ci n’ont plus de sens : les devoirs de Toto leur servent pour allumer un feu, la connaissance de Roma de la terre et de sa texture lui sert à s’orienter (lui qui pensait que l’agriculture était honteuse) et le secret que cache Drop à ses amis se dévoile de lui-même, rendant cette aventure encore plus forte et singulière.

[CRITIQUE] : Goodbye

©Eurozoom


Goodbye se sert des paysages de l’Islande pour faire passer son message, mais aussi de l’outil photographique, qui permet de suspendre un moment T et lui donner un côté précieux. Car malgré la chaleur que dégage le récit, grâce à un ton humoristique bien dosé et à une animation magnifique qui privilégie une lumière mordorée estivale, le film aborde l’éphémérité de ces moments de bonheur et de la vie en générale, dont il faut profiter de chaque instant. La réalisatrice privilégie alors des moments de beauté suspendue : une route qui ne mène nulle part, une cascade, un téléphone abandonné, une nuit étoilée, une ballade anglaise chantée à tue-tête. Difficile de sortir de la séance sans avoir envie de parcourir le monde et d’accrocher ses rêves à des paysages pour les étendre à l’infini.
Laura Enjolvy
[CRITIQUE] : Goodbye