[CRITIQUE] : Nostalgia

[CRITIQUE] : NostalgiaRéalisateur : Mario Martone
Avec : Pierfrancesco FavinoTommaso RagnoFrancesco Di Leva,...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Italien, Français.
Durée : 1h57min
Synopsis :
Après 40 ans d'absence, Felice retourne dans sa ville natale : Naples. Il redécouvre les lieux, les codes de la ville et un passé qui le ronge.

Critique :

Constamment suspendu entre réalisme et lyrisme, à la fois intime et universel, #Nostalgia touche autant qu'il frappe par sa puissance et la simplicité douloureuse de sa morale : il n'y a rien de bon à se laisser happer par la nostalgie et vouloir guérir les blessures du passé. pic.twitter.com/izPzYwbhWD

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 4, 2023

Étonnamment méconnu dans l'hexagone là où il est pourtant l'une des figures les plus talentueuses et prolifiques du cinéma italien de ses trente dernières années (dix réalisations, dont quatre sur les cinq dernières années), Mario Martone nous revient en ces premières heures de l'année avec un nouvel effort, Nostalgia, une adaptation du roman éponyme d'Ermanno Rea (publié à titre posthume quelques semaines après sa mort, en 2016) adoubée par la dernière réunion cannoise - où il figurait en compétition officielle.
Rappelant sensiblement son Amore Molesto, non pas tant pour ses origines elles aussi littéraires, que pour leurs manières d'interroger la désorientation de ses personnages vis-à-vis de leurs racines (un héritage très Pasolinien qui se ressent également dans sa réalisation) tout en mettant à l'honneur la ville de Naples; le film saisit avec puissance les thèmes la douleur du retour chez soi, l'impossibilité de se réconcilier avec son passé et l'obsession du déracinement, au travers des aternoiements d'un homme désenchanté opérant un retour aux sources mortifères et douloureux après quarante années d'exil volontaire au Moyen-Orient - où il a fait sa vie et sa fortune.

[CRITIQUE] : Nostalgia

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Symbole d'un cinéma d'auteur italien récent jouant habilement autour du sentiment de nostalgie, le tout avec un exceptionnel Pierfrancesco Favino devenue une figure incontournable de ce pan du cinéma rital (Le Traitre traitait d'ailleurs déjà du déracinement), Nostalgia déroule sa narration de manière volontairement lente et réflexive - à l'image de sa mise en scène -, comme si le temps et l'espace avaient une importance relative, tout comme l'histoire même de son protagoniste tourmenté qui cherche à reprendre possession de ces racines (physiquement comme métaphoriquement, dans un processus qui peut se voir autant comme une ascension où une régression), tant à mesure que le film poursuit sa narration délibérément épisodique et fragmentée dans le temps, c'est un portrait de Naples aussi sentimental et mélancolique qu'à la lisière du documentaire, que dessine de manière viscérale Martone à travers la psychologie stratifiée de son antihéros (ce qui le rapproche de facto du plus biographique La Main de Dieu de Paolo Sorrentino).
Constamment suspendu entre réalisme et lyrisme, à la fois intime (puisque totalement au coeur du traumatisme et de la culpabilité qui habite son personnage) et universel (sa vision crue et réaliste d'une Naples bouffée par sa criminalité), Nostalgia touche autant qu'il frappe par sa puissance et la simplicité douloureuse de sa morale : il n'y a jamais rien de bon à se laisser happer par la nostalgie et vouloir guérir les blessures du passé.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Nostalgia