Après avoir d'abord collaboré comme Chef Opérateur ou Directeur artistique notamment sur les films "Intouchables" (2011) et "Le Sens de la Fête" (2017) tous deux du duo Toldena-Nakache qu'il a retrouvé pour réaliser quelques épisodes de leur série TV "En Thérapie" (2021), Mathieu Vadepied signe avec ce projet son second long métrage en tant que réalisateur après "La Vie en Grand" (2015). Pour cette histoire qui relate une aventure familiale chez les tirailleurs sénégalais durant 14-18, le réalisateur-scénariste co-signe le scénario avec Olivier Demangel qu'il retrouve après son premier long, et qui a aussi écrit pour des films comme "Vers la Bataille" (2021) de Aurélien Verhnes-Lermusiaux, "Atlantique" (2019) de Mati Diop, "Novembre" (2022) de Cédric Jimenez. Le film aborde un thème assez rarement vu sur grand écran, à savoir l'histoire des Tirailleurs (Tout savoir à partir d'ICI !), bien qu'on peut citer surtout des récits pour 39-45 avec le film "Le Camp de Thiaroye" (1985) de Ousmane Sembene, le documentaire "Les Tirailleurs d'Ailleurs" (1996) de Imunga Ivanga, évidemment "Indigènes" (2006) de Racid Bouchareb tandis qu'on conseillera surtout le film d'animation "Adama" (2015) de Simon Rouby qui se déroule en 1916, puis pour 39-45 il y a aussi "Nos Patriotes" (2017) de Gabriel Le Bomin... 

1917, le jeune Thierno seulement 17 ans est enrôlé de force chez les tirailleurs sénégalais au sein de l'armée française. Aussitôt, son père Bakary Diallo s'engage afin de veiller sur son fils. Tous deux sont envoyés sur le front mais au coeur des tranchées, Thierno est galvanisé et s'émancipe de plus en plus tandis que Bakary ne veut qu'une chose, tout faire pour ramener son fils sain et sauf... Le père Diallo est incarné par Omar Sy, lui-même d'origine sénégalaise, qui alterne entre films d'auteur avec "Le Chant du Loup" (2019) de Antonin Baudry et "Police" (2020) de Anne Fonatine, puis les blockbusters parfois américains comme les "Jurassic World" (2015-2022) de Colin Trevorrow. Son fils Thierno est joué par Alassane Diong aperçu dans "Sous le Même Toit" (2017) de Dominique Farrugia, "Un Beau Voyou" (2019) de Lucas Bernard et "Merveilles à Montfermeil" (2020) de Jeanne Balibar. Citons ensuite Jonas Bloquet vu dans "Les Fauves" (2019) de Vincent Mariette et "Filles de Joie" (2020) de Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich, Alassane Sy vu dans "Mediterranea" (2015) de Jonas Carpignano ou "Le Père de Nafi" (2021) de Mamadou Dia, Bamar Kane aperçu dans "Le Monde d'Après" (2022) de Laurent Firode, Aristide Targnada qui retrouve Mathieu Vadepied après "La Vie en Grand" (2015), François Chattot vu dans "Un Héros très Discret" (1996) de Jacques Audiard, "L'Exercice de l'Etat" (2011) de Pierre Schoeller ou "Grâce à Dieu" (2018) de François Ozon, puis enfin Léa Carne remarquée dans "Ouistreham" (2022) de Emmanuelle Carrère... Le film débute par un prologue qui annonce un peu la fin, on nous dévoile ainsi la plus belle idée du film qui clôt le film. Dommage... Ensuite le film débute assez logiquement en Afrique où comment la France colonialiste de l'époque recrutait de force et/ou en convaincant les jeunes par l'argent et/ou l'obtention de la nationalité française. Des méthodes choquantes peut-être mais récurrentes dans les armées en générale utilisées même pour certaines populations métropolitaines comme les bretons. Mais le film décrit parfaitement le patchwork incroyable de peuples et de langues aussi divers que variés qui composait l'armée française, sans compter rappelons-le les soldats bretons, auvergnats... etc...

Vu le sujet, précisons qu'en 14-18 il y a eu environ 500000 soldats africains, sur 8,4 millions de mobilisés pour plus de 1,4 millions de morts dont 45000 morts africains, soit environ 12% de pertes équivalent que ce soit africains ou métropolitain... Une multitude foisonnante qui créait forcément des conflits internes et des problèmes logistiques. Sur ce point le film est juste et évite judicieusement tout manichéïsme. La reconstitution est soignée, trop, car le tout manque cruellement de sang et de sueurs, et surtout de souffle. Mais surtout on est déçu par l'intrigue, papa qui tente de fuir et une mission suicide délaissant la réalité des tranchées et occultant le fait que la guerre ne se résume pas à une mission. D'ailleurs, niveau mission suicide c'est complètement incohérent qu'un père qui fait tout pour éviter les risques à son fils le pousse à une action aussi stupide qu'inutile dès le premier jour dans les tranchées. Par là même, le temps est très mal géré, on a l'impression que le fils devient caporal (on le sait dès la B.A.) au bout de 2-3 jours, tandis que les assauts ou les bombardements sont rares, la temporalité étant très floue on est un peu perdu. En fait le gros soucis reste un récit trop simpliste qui se focalise sur une relation père-fils mais oublie la singularité même de l'Afrique, par exemple de la relation Afrique-métropolitain, mais omet aussi trop l'horreur des tranchées. Le film est donc une déception à tout point de vue, rien de catastrophique mais le film râte justement sa cible et le but désiré pour une histoire basique qui manque autant d'émotion que d'action.

Note :