1er film vu en 2023 mais dernier film 2022... Nouveau film du réalisateur italien Michele Placido à qui on doit des films comme "Un Héros Ordinaire" (1995), "Romanzo Criminale" (2005) ou "Le Guetteur" (2012), sans oublier sa carrière d'acteur chez lui et chez les autres comme "La Marche Triomphale" (1976) de Marco Bellochio, "Les Ailes de la Colombe" (1981) de Benoît Jacquot et "Le Caïman" (2006) de Nanni Moretti. Pour ce nouveau projet le réalisateur-scénariste raconte le destin du célèbre peintre italien Le Caravage (Tout savoir ICI !). Le cinéaste explique qu'il a eu envie de ce film dès 1968 alors qu'il était au Conservatoire à Rome : "Le souvenir de Giordano Bruno, un moine dominicain et philosophe exécuté sur cette place, ont suscité des discussions sur ce dernier et son époque, et ont fait rêver à des projets futurs ayant pour cadre cette période historique et cette ville-monde dans laquelle coexistaient la papauté, la noblesse et les misérables, où Caravage cherchait sa place." Michele Placido co-écrit le scénario avec Fidel Signorile issu de la télévision, puis avec Sandro Petraglia scénariste fidèle de Daniele Luchetti, auquel on doit récemment le scénario du film "Suburra" (2016) de Stefano Sollima, et qui retrouve le réalisateur après "Pummaro" (1990) et "Romanzo Criminale" (2005)... Italie en 1609, accusé de meurtre le peintre controversé Caravaggio fui Rome pour Naples. Le Pape Paul V apprend que le peintre utilise des prostituées ou des voleurs comme modèles pour ses oeuvres ce qui est de trop. Le Pape envoie un inquisiteur surnommé L'Ombre pour enquêter sur le peintre jugé trop subversif et contraire à la morale chrétienne...
Le Caravage est incarné par Riccardo Scarmarcio qui retrouve le réalisateur après "Romanzo Criminale" (2005), et après des films comme "Les Estivants" (2018) de et avec Valeria Bruni Tedeschi ou "Les Traducteurs" (2020) de Régis Roinsard l'acteur italien côtoie à nouveaux des acteurs français avec Louis Garrel omniprésent après déjà "Coma" (2022) de Bertrand Bonello, "L'Envol" (2022) de Pietro Marcello, "Les Amandiers" (2022) de Valeria Bruni Tedeschi et son propre film "L'Innocent" (2022), tandis qu'il retrouve après "Ma Mère" (2004) de Christophe Honoré sa partenaire Isabelle Huppert, qui joue à nouveau avec sa fille Lolita Chammah après "Une Affaire de Femme" (1988) de Claude Chabrol, "La Vie Moderne" (2000) de Laurence Ferreira Barbosa, "Copacabana" (2010) de Marc Fitoussi, "Barrage" (2017) de Laura Schroeder et "EO" (2022) de Jerzy Skolimowski. Citons ensuite Micaela Ramazotti surtout vue chez Paolo Virzi avec "Tutta la Vita Davanti" (2008), "La Prima Cosa Bella" (2010) et "Folles de Joie" (2016), Alessandro Haber qui débuta dans "Le Dernier Guet-Apens" (1970) et "La Ligne de Feu" (1971) tous deux de Valentino Orsini et qui retrouve Michele Placido après "Un Viaggio Chiamoto Amore" (2002), Vinicio Marchioni qui fut d'abord remarqué dans la série TV "Romanzo Criminale" (2008-2010) adaptée du film, qui retrouve Riccardo Scarmarcio après "To Rome with Love" (2012 de Woody Allen et "Puzzle" (2014) de Paul Haggis, puis enfin le rôle du Cardinal Del Monte incarné par le réalisateur lui-même... La première qualité du film reste sa reconstitution historique, sans tomber dans l'écueil du "beau" mais en faisant en sorte que la réalité de l'époque transparaît et transpire à chaque instant. Cette immersion sensorielle s'avère judicieuse et reste raccord avec le visuel, une photographie soignée qui rend hommage au style même du peintre, ente ombre et lumière, entre crasse et grâce. Le Caravage n'était pas un enfant de choeur, le film n'occulte pas l'homme et ses vices mais le plus intéressant et de loin reste toute l'exploration autour de son oeuvre, sa vision des choses et le pourquoi du comment il peignait ainsi. C'est là la grande force évocatrice du film.
Les décors sont traité de la même façon, sans luxe ostentatoire de l'église mais en accentuant la lumière dans les établissements religieux et en appuyant sur la noirceur des bas-fonds. Le contexte géo-politique est un peu trop délaissé par contre alors que l'élection du Pape Paul V en 1606 arrive après avoir frôlé le shisme entre francophile et hispanique, et qui n'est pas anodin pour le destin du Caravage. Dans l'ensemble le film est très fidèle à la vie du peintre, on notera surtout que le duel où Le Caravage tue un homme s'est déroulé en réalité lors d'une fête de village, mais ce qui retient surtout notre attention reste évidemment la mort du peintre. En effet, vu le mystère qui entoure sa mort le réalisateur avait une grande latitude pour offrir sa version. Si le départ est plutôt intéressant on rappellera qu'a priori le corps a été enterré et qu'il n'y avait pas de blessures dues à une éventuelle rixe. Mais la mort restant très énigmatique on peut laisser au réalisateur cette version fantasmée. Le vrai soucis du film réside surtout, et malheureusement, sur les personnages joués par nos français Isabelle Huppert et Louis Garrel, essentiellement parce que leur doublage en italien est juste très laborieux, puis un Garrel qui manque un peu de haine ou de méchanceté, voir même de complexité pour incarner une arme inquisitrice nommée L'Ombre. Néanmoins, Michele Placido signe une fresque historique à la construction narrative qui permet d'instaurer une atmosphère aussi mystérieuse que la mort du peintre, pour un film biographique passionnant. Un bon moment.
Note :