Murina vit sur une petite île croate idyllique, nous sommes en été ; toute la journée en maillot de bain à profiter de la mer. Sa vie serait celle rêvée par tous les grands ados de son âge ; cependant, il y a une ombre au tableau, un père autoritaire macho et castrateur. Ce père a un projet immobilier important, et sa fille comme sa femme sont ses principaux atouts pour convaincre un investisseur. Sa fille deviendra surtout son pire cauchemar ; elle va se rebeller contre un père à l’autorité excessive.
La réalisatrice croate Antoneta Alamat Kusijanovic maitrise parfaitement la montée de la tension entre le père et sa fille ; un malaise qui contamine petit à petit la magnifique carte postale. Un premier film récompensé par la caméra d’or à Cannes. Mais le plus troublant dans ce film et ce qui laisse dubitatif, c’est bien le traitement très érotique de la jeune fille. Elle est filmée de manière désirable quasi de bout en bout avec des maillots de bain mettant en valeur sa silhouette ; et parallèlement elle doit se libérer d’un patriarcat traditionnel. Comment un père tradi’ peut-il accepter que sa fille soit aussi désirable ? On pourrait le croire abusif sexuellement, mais non ; cela créé une étrangeté troublante dans le récit dont on se serait passé. Par contre, la jeune actrice sauvage et solaire illumine le film par son tempérament et sa plastique.
Et puis cette île, cette histoire telle qu’elle est contée ; donne des accents mythologiques à un film qui aurait pu être tout simplement banal.
Un joli premier film dont la luminosité fait le plus grand bien en hiver.
Sorti en 2022
Ma note: 13/20