Un grand merci à Arte Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du documentaire « L’incroyable périple de Magellan » de François de Riberolles.
« Magellan a grandi au bord de l’océan à une époque rêvée pour les navigateurs : celle des grandes découvertes »
On connaît tous le nom de Magellan mais ses exploits sont tombés dans l’oubli car Magellan est un héros maudit… un Portugais au service de l’Espagne… un traitre qui n’est jamais revenu de son expédition insensée… pourtant… c’est lui qui a réalisé le rêve de Christophe Colomb et sa route a été bien plus longue et bien plus terrifiante que celle de Colomb. Voici le récit du plus grand exploit maritime de tous les temps, l’histoire d’une aventure hors du commun qui a emmené 237 marins à la découverte de nouvelles terres, d’un nouvel océan, de nouveaux peuples et d’un nouveau monde. C’est l’histoire du tout premier tour du monde par voie de mer.
« Le Rio de la Plata est bien plus qu’un estuaire : c’est une énorme désillusion pour Magellan ! »
Fut un temps déjà lointain où les royaumes ibériques régnaient en maitres incontestés sur le monde. Et pour cause, ils furent les premiers à entreprendre et à financer de grandes expéditions maritimes dans le but de découvrir (et de coloniser) à des fins commerciales de nouvelles terres dont on ne pouvait alors que supposer l’existence. Si on retient ainsi principalement la découverte de l’Amérique en 1492 par le navigateur génois Christophe Colomb pour le compte des espagnols, ce sont les portugais qui ouvrent néanmoins la voie de ces découvertes grâce à une palanquée de navigateurs d’exception, comme Bartolomeu Dias ou Vasco de Gama. Mais le plus atypique d’entre eux fut sans doute Fernand de Magellan. D’une part car ce mercenaire n’était pas un navigateur de métier et, surtout, parce que ce portugais de naissance restera honni pour avoir « trahi » sa patrie et s’être « vendu » au grand rival espagnol. Enfin – et surtout – car son entreprise fut sans doute la plus folle et la plus insensée de son époque puisqu’elle consista en à trouver une route maritime pour rallier les Indes (et le commerce des épices) par l’ouest en contournant le continent américain. Sans même savoir au départ si un tel passage existait.
« Il sait que pour être bien accueilli à son retour, il doit revenir en héros »
Sur la base d’un documentaire particulièrement riche (4x52 minutes), François de Riberolles entreprend ainsi de nous faire faire revivre cette folle expédition, des coulisses de sa préparation jusqu’à son improbable épilogue. S'il peut bien évidemment compter sur les éclairages d'historiens et d'universitaires dont les interventions viennent émailler son film, la vraie force de ce documentaire est de pouvoir s'appuyer sur le récit authentique et exhaustif du marin italien Antonio Pigafetta, membre de l'expédition (dont il sera l'un des rares rescapés), dont le journal de bord constitue un témoignage particulièrement précieux et lui confère une dimension totalement immersive. En effet, grâce à ce texte, le réalisateur, qui s'appuie pour l'occasion sur des illustrations et des prises de vue des décors sauvages et grandioses, peut ainsi nous conter avec précisions les conditions de la vie à bord (particulièrement rudes, les hommes dormant a même le pont puisque les cales sont alors réservées au stockage des vivres et des biens) autant que les nombreux incidents qui émailleront le voyage. Qu'il s'agisse des relations (houleuses) entre les hommes, de la capture de prisonniers indigènes en chemin ou des tentatives de mutinerie (principalement des capitaines espagnols contre Magellan et ses fidèles seconds portugais), chaque événement contribue ainsi à montrer les qualités de meneur et de stratège du capitaine. Et surtout sa force de caractère pour mener tant bien que mal ses hommes tout au long d’un périple long qui durera plusieurs années, sur des distances interminables à travers des mers inconnues et jusqu'alors inexplorées. Des conditions éprouvantes qui finiront par avoir raison de l’expédition. Celle-ci finira d’ailleurs par perdre (de) son sens dès lors que l’équipage, pourtant arrivé à sa destination, comprendra que les terres aux épices tant convoitées sont déjà la propriété des rivaux portugais. C’est d’ailleurs là tout le paradoxe de cette folle épopée : en dépit de sa résilience et de la prouesse d’avoir trouvé une voie d’accès vers le Pacifique en contournant l’Amérique, Magellan échouera dans sa mission d’offrir à l’Espagne les Moluques et, à travers elle, le monopole du commerce du clou de girofle. Capitaine déchu et fatigué, Magellan préfèrera d’ailleurs aller au devant d’une mort certaine et inutile plutôt que de rentrer vaincu en Espagne, laissant à l’un de ses seconds, Juan Sebastian Elcano, le soin de réaliser la première circumnavigation en ramenant à bon port le seul des cinq bateaux initialement engagés dans cette expédition. Passionnant.
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Le DVD : Le documentaire est présenté en version originale française (2.0) ainsi qu’en audiodescription. Aucun bonus ne vient compléter cette édition.
Édité par Arte Éditions, « L’incroyable périple de Magellan » est disponible en DVD depuis le 22 novembre 2022.
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