[CRITIQUE] : Les Cadors

[CRITIQUE] : Les CadorsRéalisateur : Julien Guetta
Avec : Jean-Paul Rouve, Grégoire Ludig, Michel Blanc, Marie Gillain,...
Distributeur : Jour2Fête
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h25min
Synopsis :
L’histoire de deux frères que tout oppose. Antoine, marié, deux enfants, conducteur de bateaux, et Christian, célibataire, chômeur et bagarreur incorrigible. Mais quand Antoine le mari idéal se retrouve mêlé à une sale histoire, c’est Christian le mal aimé qui, même si on ne lui a rien demandé, débarque à Cherbourg pour voler à son secours. Les Cadors comme ils aimaient se surnommer dans leur enfance vont se redécouvrir au travers de cette histoire. Christian qui n’a rien à perdre, va alors défendre au péril de sa vie cette famille qu’il a toujours rêvé d’avoir sans jamais avoir eu le courage de la fonder.

Critique :

Jouant tout du long sur cette notion des contraires et des deux faces dissemblables d'une même pièce, #LesCadors s'en va sonder la complexité autant que la fragilité des relations fraternelles au sein d'une comédie aussi touchante et joliment douce-amère que furieusement inégale. pic.twitter.com/UmNPpdi8cx

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 10, 2023

Inutile de dire que nous étions de ceux à avoir sincèrement aimé le premier long-métrage plein de promesses de Julien Guetta, l'excellent Roulez Jeunesse, petit bout de feel good movie d'une tendresse et d'une générosité rare, un vrai et sérieux mélange des genres nourrissant le drôle et triste à la fois récit d'émancipation d'un éternel adulescent se faisant enfin adulte, totalement sublimé par un Éric Judor qui trouvait là son plus beau rôle sur grand écran (Team Platane forever sur le petit écran).
Impossible dès lors de ne pas attendre avec un minimum d'impatience ce que l'on surnomme plus communément le " film de la confirmation ", une nouvelle fois implanté dans le sillon de la comédie : Les Cadors, qu'il a co-écrit avec Lionel Dutemple et Jean-Paul Rouve, et pour lequel il a posé sa caméra au coeur d'un paysage pas toujours familier des productions hexagonales - le monde des dockers.
Comédie familiale aux timides relans dramatiques vissée sur la relation difficile et conflictuelle entre deux frères aussi diamétralement opposés qu'étrangement complémentaires, le film suit donc les aternoiements d'Antoine, père de famille aimant et conducteur de bateau à Cherbourg pour un patron irascible et peu scrupuleux autant de sa personne que de la légalité.

[CRITIQUE] : Les Cadors

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Son quotidien est cela dit gentiment chamboulé par le retour de son grand frère bagarreur et sensiblement tourné vers la bouteille, Christian, dont le retour coïncide à la fois à la communion du jeune fils d'Antoine, mais également au décès de leur père, dont la violence a dicté leur enfance - tout comme le départ de leur mère - et leur construction en tant qu'adulte (l'aîné est immature et tout aussi violent tandis que le second, paradoxalement, est plus responsable et ne vit que pour sa famille).
Jouant tout du long sur cette notion des contraires et des deux faces dissemblables d'une même pièce, dont l'ambivalence se ressent dès son titre à la double résonnance volontaire, Les Cadors s'en va sonder la complexité autant que la fragilité des relations fraternelles (la manière de raviver la flamme d'une complicité incroyable malgré les absences répétés, la rancoeur et les souvenirs douloureux du passé) au sein d'une comédie touchante même si furieusement inégale, que ce soit dans son humour parfois (souvent) un brin forcé où l'aspect convenue de son écriture (prévisibilité, apologie lourde de l'école de la vie, personnages manquant cruellement de profondeur,...), que peine a relevé un casting plus où moins impliqué (à l'image Michel Blanc semblant constamment avoir le cul coincé entre deux chaises, là où Jean-Paul Rouve cachetonne mignon et Grégoire Ludig fait preuve d'une sobriété salutaire).
Un petit bout de cinéma joliment doux-amer mais bien trop chancelant pour prétendre plus qu'un statut de séance fortement oubliable...
Jonathan Chevrier
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