7ème long métrage de Ivan Calbérac qui adapte la 3ème de ses pièces de théâtre pour le cinéma après "L'Étudiante et Monsieur Henri" (2015) et "Venise n'est pas l'Italie" (2019). Sa pièce de théâtre s'est jouée en 2019 au théâtre de la Renaissance à Paris, un succès qui lui vaut le Molière de la comédie outre trois nominations pour ses acteurs principaux dont Bernard Campan et Isabelle Carré qui sont à l'origine du projet comme l'explique le cinéaste : "... je n'y pensais pas vraiment, peut-être parce que parallèlement, à cette époque-là, j'avais un autre projet cinéma. Mais un jour, juste après nos 4 nominations aux Molières, Isabelle Carré et Bernard Campan m'ont proposé de déjeuner ensemble et m'ont dit : "Et si on en faisait un film ?". Comment résister à deux comédiens aussi persuasifs et aussi motivés ? L'envie m'était évidemment passée par la tête, mais c'est vraiment eux qui l'ont verbalisée les premiers." Ivan Calbérac reprend donc sa pièce en y ajoutant logiquement des personnages. Côté référence, le réalisateur-scénariste cite le duo Agnès Jaoui et le regretté Jean-Pierre Bacri dont on peut citer par exemple "Le Goût des Autres" (2001), "Au Bout du Conte" (2013) ou "Place Publique" (2018). Malheureusement, malgré le succès de la pièce le film est lui un échec au box-office n'atteignant même pas les 300 000 entrées France...
Hortense, sage-femme seule décide un jour de s'inscrire à un atelier dégustation après une visite dans la boutique du caviste Jacques, célibataire du genre bourru qui a accepté de prendre un jeune en foyer pour éviter la faillite. Les deux êtres seuls depuis trop longtemps prennent le temps de se connaître ce qui n'ets pas si aisé... Le cinéaste retrouve ses 5 acteurs originels de sa pièce, avec logiquement Bernard Campan qui n'a tourné que deux films depuis ces 5 dernières années, "Un Sac de Billes" (2017) de Christian Duguay et "Presque" (2021) de lui-même, outre la pièce originale il retrouve son réalisateur aussi après "Une Semaine sur Deux (et la Moitié des Vacances Scolaires)" (2009) et une autre pièce, "Les Humains" (2022) toujours au théâtre de la Renaissance, et l'acteur retrouve aussi l'actrice Isabelle Carré après "Se Souvenir des Belles Choses" (2001) de Zabou Breitman et qui, à l'inverse de son partenaire, reste très prolifique sur grand écran avec près de 10 films ces 3 dernières années dont "De Gaulle" (2020) de Gabriel Le Bomin, "Délicieux" (2021) de Eric Besnard et "Le Tourbillon de la Vie" (2022) de Olivier Treiner. Les trois autres comédiens d elapièce reviennent également, Mounir Amamra aperçu dans "Le Monde est à Toi" (2018) de Romain Gavras ou dans la série TV "Vampires" (2020), Érice Viellard vu dans "Place Publique" (2018) de Agnès Jaoui et "Les Bonnes Intentions" (2018) de Gilles Legrand et Olivier Claverie vu dans "Mystère à saint-Tropez" (2021) de Nicolas Benamou et "Le Tigre et le Président" (2022) de Jean-Marc Peyrefitte. Parmi les nouveaux personnages citons Geneviève Mnich vue dans "À Plein Temps" (2022) de Érice Gravel ou "Compagnons" (2022) de François Favrat, puis Jeanne Arènes vue dans "Irréductible" (2022) de et avec Jérôme Commandeur et "Le Médecin Imaginaire" (2022) de Ahmed Hamidi... Le soucis de l'adaptation théâtrale est de ne pas rester trop figé et sur ce point on peut dire que le réalisateur a plutôt bien géré. Dans un format scope qui permet de donner de l'ampleur notamment aux décors, ici un village typique et surtout les vignes même si ça reste peu exploité en soi ou encore des détails qui n'en sont pas comme la cave bien expliquée par le cinéaste : "Cette cave est celle de Jacques. Elle est pour lui comme un terrier dans lequel il s'est réfugié depuis son drame personnel. Il fallait qu'elle évoque un peu l'antre d'un ours, mais qu'elle soit malgré tout suffisamment accueillante pour qu'une femme ait envie d'y entrer et d'y revenir." ; mais surtout les silences ou les gros plans offrent une émotion qui n'est pas possible sur les planches. D'ailleurs le réalisateur précise : "Montrer plutôt que dire. La catharsis, l'empathie pour les personnages, sont d'autant plus favorisées. Et peu à peu, le scénario est devenu plus "dramatique" et sans doute plus émouvant que la pièce."
C'est à la fois un bon point et un écueil, ainsi le film est un peu scindé en deux, une première partie qui est clairement une comédie romantique avec sa dose d'humour et de séduction, tandis que la seconde partie vire déjà plus vers le drame et l'émotion. Ce virement est assez brutal et nous oblige à percevoir le film autrement, on se retrouve comme trompé car ce film quitte un genre pour un autre ce n'est pas la comédie promise, l'humour y est trop peu présent. On aurait aimé que les "gags" ne soient pas concentrés sur les 40 premières minutes. Le réalisateur-scénariste écrit un scénario qui permet d'aborder différents sujets qui s'imbriquent joliment, la pauvreté (sans jugement), l'alcoolisme (un peu poussif voir trop moralisateur), la PMA (avec justesse), la délinquance (caricaturale) mais aussi la solitude (avec justesse). Le scénario est donc bien ficelé mais de façon un peu trop classique, à savoir que ça reste un canevas dont on devine tout avant que ça arrive, au fur et à mesure, ajouté à l'humour qui s'évapore au fil du récit on reste un peu frustré ; la meilleure scène du film reste et de loin, justement la séance de dégustation. Heureusement le film repose aussi sur un magnifique couple, deux acteurs au diapason dont le rayon de soleil Isabelle Carré. En conclusion, Ivan Calbérac signe une comédie dramatique un peu bancal mais qui reste drôle (au début), et surtout émouvante. Note indulgente.
Note :
Pour info bonus, Note de mon fils de 13 ans :