Réalisatrice : Léonor Serraille
Avec : Annabelle Lengronne, Stéphane Bak, Kenzo Sambin, Ahmed Sylla,…
Distributeur : Diaphana Distribution
Genre : Drame
Nationalité : Français
Durée : 1h56min
Synopsis :
Quand Rose arrive en France, elle emménage en banlieue parisienne avec ses deux fils, Jean et Ernest. Construction et déconstruction d’une famille, de la fin des années 80 jusqu’à nos jours.
Critique :
Repartie bredouille de la dernière compétition officielle du Festival de Cannes, Léonor Serraille sort son deuxième long métrage en ce début du mois de février. Un Petit Frère a partagé avec le Showing Up de Kelly Reichardt les toutes dernières projections de Cannes, une place où, on le sait, les films n’ont que peu de chance de s’extirper de la masse. Après sa Caméra d’Or en 2017 pour Jeune Femme, la réalisatrice confirme son attrait pour les personnages féminins qui suivent des chemins non-conventionnels.
Rose arrive à Paris avec deux de ses fils sous les bras. Jean, l’aîné, a des rêves plein la tête et une ambition à toute épreuve. Ernest, le cadet, a plus de mal à suivre à l’école mais suit sa mère partout, sans hésiter. Ces trois personnages seront interconnectés tout le long du récit. Les choix de l’un se répercuteteront sur la vie des deux autres, devant ainsi subir une responsabilité triple. Un Petit frère arrive, avec beaucoup d’émotion, à entrecroiser les problématiques de l’immigration avec le vécu intime d’une femme noire et les relations familiales, où tout est à la fois compliqué mais tendre. C’est vers cette tendresse que plonge à corps perdu Léonor Serraille, désireuse de rendre ses personnages immenses (dans un sens métaphorique). Rose, Jean puis Ernest se partagent le cadre. Un cadre qui se veut empathique et sensible, où la cinéaste les regarde sans les juger. Sa volonté de transformer les personnages en véritables héros, vient sûrement du lien intime qui la lie avec ce récit, fictif certes, mais venant d’une base réelle (l’histoire de son compagnon). Elle parle de son film comme d’un « roman de famille » et l’appellation semble juste. La narration tend vers une sorte de transmission de souvenirs familiaux, même si ceux-ci sont aigre-doux. La douleur, souvent placée en sous-texte, resurgit parfois, quand elle est trop forte. Quand la pression est impossible à tenir. Quand la vérité se doit d’être verbalisée dans une famille où on s’oblige à tout enfouir, car en tant qu’immigré⋅es, ils et elle n’ont pas le choix.
Mais la narration en triangle oblige Un Petit Frère à laisser de côté Rose (Annabelle Lengronne, une révélation) et le film pâtit de son absence. Car la transmission, c’est elle. Les choix également. Si le titre du film fait référence à Ernest, le petit dernier, qui souffre des décisions de sa mère et de son grand frère, il n’est pourtant pas au centre de tout. Rose irradie le cadre de sa présence, et la voix-off du début (Ernest adulte) nous confirme qu’elle est essentielle au récit. Rose, c’est la vie. La mise en scène insiste sur la corporalité du personnage. Elle habite pleinement son corps et écoute ses besoins. Que ce soit son travail de femme de chambre ou ses relations avec les hommes, la caméra la suit dans tous ces mouvements. Rose paraît trop enfermée dans ce cadre de cinéma, le personnage se déploie dès qu’il sort à l’extérieur, que ce soit sur les toits de Paris ou sur une plage de Normandie. Mais le monde tel qu’on le connaît, n’est pas tendre avec les femmes libres, encore plus si cette femme est noire et immigrée. La vie se charge de lui offrir ses backlash, qu’elle transmet, sans le vouloir, à ses fils.
C’est un portrait tout en nuance que nous offre Léonor Serraille dans son deuxième long métrage. Un Petit Frère glisse sur sa temporalité à l’aide de quelques détails culturels et permet à la narration de ne jamais s’alourdir d’une symbolique peu subtile. On regrette cependant cette structure triangulaire, où pèchent, par excès de mélodrame, quelques scènes loin de refléter la fine écriture de la réalisatrice.
Laura Enjolvy
Avec : Annabelle Lengronne, Stéphane Bak, Kenzo Sambin, Ahmed Sylla,…
Distributeur : Diaphana Distribution
Genre : Drame
Nationalité : Français
Durée : 1h56min
Synopsis :
Quand Rose arrive en France, elle emménage en banlieue parisienne avec ses deux fils, Jean et Ernest. Construction et déconstruction d’une famille, de la fin des années 80 jusqu’à nos jours.
Critique :
Portrait tout en nuances et dénué de tout symbolisme facile, #UnPetitFrère, pétri d’émotion, arrive à entrecroiser les problématiques de l’immigration avec le vécu intime d’une femme noire, et les relations familiales où tout est à la fois compliqué et tendre. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/V49XUIbAij
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 1, 2023
Repartie bredouille de la dernière compétition officielle du Festival de Cannes, Léonor Serraille sort son deuxième long métrage en ce début du mois de février. Un Petit Frère a partagé avec le Showing Up de Kelly Reichardt les toutes dernières projections de Cannes, une place où, on le sait, les films n’ont que peu de chance de s’extirper de la masse. Après sa Caméra d’Or en 2017 pour Jeune Femme, la réalisatrice confirme son attrait pour les personnages féminins qui suivent des chemins non-conventionnels.
Copyright Blue Monday Productions - France 3 Cinéma
Rose arrive à Paris avec deux de ses fils sous les bras. Jean, l’aîné, a des rêves plein la tête et une ambition à toute épreuve. Ernest, le cadet, a plus de mal à suivre à l’école mais suit sa mère partout, sans hésiter. Ces trois personnages seront interconnectés tout le long du récit. Les choix de l’un se répercuteteront sur la vie des deux autres, devant ainsi subir une responsabilité triple. Un Petit frère arrive, avec beaucoup d’émotion, à entrecroiser les problématiques de l’immigration avec le vécu intime d’une femme noire et les relations familiales, où tout est à la fois compliqué mais tendre. C’est vers cette tendresse que plonge à corps perdu Léonor Serraille, désireuse de rendre ses personnages immenses (dans un sens métaphorique). Rose, Jean puis Ernest se partagent le cadre. Un cadre qui se veut empathique et sensible, où la cinéaste les regarde sans les juger. Sa volonté de transformer les personnages en véritables héros, vient sûrement du lien intime qui la lie avec ce récit, fictif certes, mais venant d’une base réelle (l’histoire de son compagnon). Elle parle de son film comme d’un « roman de famille » et l’appellation semble juste. La narration tend vers une sorte de transmission de souvenirs familiaux, même si ceux-ci sont aigre-doux. La douleur, souvent placée en sous-texte, resurgit parfois, quand elle est trop forte. Quand la pression est impossible à tenir. Quand la vérité se doit d’être verbalisée dans une famille où on s’oblige à tout enfouir, car en tant qu’immigré⋅es, ils et elle n’ont pas le choix.
Copyright Blue Monday Productions - France 3 Cinéma
Mais la narration en triangle oblige Un Petit Frère à laisser de côté Rose (Annabelle Lengronne, une révélation) et le film pâtit de son absence. Car la transmission, c’est elle. Les choix également. Si le titre du film fait référence à Ernest, le petit dernier, qui souffre des décisions de sa mère et de son grand frère, il n’est pourtant pas au centre de tout. Rose irradie le cadre de sa présence, et la voix-off du début (Ernest adulte) nous confirme qu’elle est essentielle au récit. Rose, c’est la vie. La mise en scène insiste sur la corporalité du personnage. Elle habite pleinement son corps et écoute ses besoins. Que ce soit son travail de femme de chambre ou ses relations avec les hommes, la caméra la suit dans tous ces mouvements. Rose paraît trop enfermée dans ce cadre de cinéma, le personnage se déploie dès qu’il sort à l’extérieur, que ce soit sur les toits de Paris ou sur une plage de Normandie. Mais le monde tel qu’on le connaît, n’est pas tendre avec les femmes libres, encore plus si cette femme est noire et immigrée. La vie se charge de lui offrir ses backlash, qu’elle transmet, sans le vouloir, à ses fils.
C’est un portrait tout en nuance que nous offre Léonor Serraille dans son deuxième long métrage. Un Petit Frère glisse sur sa temporalité à l’aide de quelques détails culturels et permet à la narration de ne jamais s’alourdir d’une symbolique peu subtile. On regrette cependant cette structure triangulaire, où pèchent, par excès de mélodrame, quelques scènes loin de refléter la fine écriture de la réalisatrice.
Laura Enjolvy