[SƎANCES FANTASTIQUES] : #80. Valentine

[SƎANCES FANTASTIQUES] : #80. Valentine

© 2001 - Warner Brothers Pictures - All Rights Reserved

Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's (et même les plus récents); mais surtout montrer un brin la richesse des cinémas fantastique et horrifique aussi abondant qu'ils sont passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !
[SƎANCES FANTASTIQUES] : #80. Valentine

#80. Mortelle Saint-Valentin de Jamie Blanks (2001)

À quoi bon - potentiellement - s'acharner sur un mauvais film quand celui-ci, par lui-même, se fait déjà suffisamment trop de mal pour son bien ?
La question a le mérite d'être posée à une heure où le buzz facile et le putaclic règnent en maître sur la toile (et pas uniquement les réseaux sociaux, tant la qualité des avis est relative sensiblement partout et sur tous les formats possibles), et que l'acharnement médiatico-virtuel demande sensiblement moins d'effort qu'une vraie réflexion un tant soit peu intelligible et réfléchie.
Au point qu'il est parfois (souvent) plus fascinant de scruter les défauts et raisons d'un ratage que d'investiger sur la recette plus où moins consciente, d'un film réussi voire exceptionnel; tout n'est qu'une question d'arguments et aussi et surtout d'envie.
Ratage fascinant dans le sens où il surfait déjà bien trop tard sur la vague des proto-slashers post-Scream, chapeauté par un Jamie Blanks déjà rompu au genre, Mortelle Saint-Valentin aurait pu/dû être un bon film... à la base.

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© 2001 - Warner Brothers Pictures - All Rights Reserved


Tout juste sorti d'un excellent (oui) Urban Legend, révérence sincère aux slashers des 80s à la lumière ocre et aux mises à morts jouissives, trouvant son essence fun dans la mise en scène psychotique des légendes urbaines, Blanks, parti faire son trou à Hollywood au lieu de faire renaître une Ozploitation qui retrouvera ses lettres de noblesses avec son compatriote Greg McClean, se laissait donc happer par les sirènes des gros studios (ici la Warner) pour cornaquer un slasher embaumé autant dans un humour noir gentiment prononcé qu'un amour sincère pour le giallo - malgré un éclairage totalement à la ramasse.
Embrassant totalement l'absurdité mordante de son pitch (un premier de la classe zigouille une fois adulte, toutes ses jolies camarades de classe l'ayant éconduit lors de leur premier bal au collège), le film roule gentiment sa bosse en tant que whodunit léger et oubliable défoncé par une pluie de réécritures (tronquant ses élans de satire des mœurs traditionnelles de personnages féminins satisfaits et - volontairement - artificiels, toutes malheureuses en amour) et une censure tributaire de l'actualité (déjà échaudé par les accusations de l'influence de Matrix sur le massacre de Columbine, la Warner va adoucir plus que raison la violence originalement prévue), tout comme le Scream 3 de Wes Craven.
Et pourtant, comme un grand vin qui se bonifie avec le temps (calmons-nous), Valentine en V.O. tient bien plus la route aujourd'hui (comme plusieurs Scream-like, nostalgie oblige), modeste et trivial moment de cinéma conscient de son manque d'originalité, dont l'intrigue ne s'écroule jamais vraiment sous le poids de ses atours de vigilante (ni sous celui d'un final au twist un brin alambiqué où encore d'un élan romantique avec un Cupidon plus Conpidon qu'autre chose) ni sous son action poussive et un brin chiche en mise à mort jouissive.

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Alors oui, Mortelle Saint-Valentin n'est - vraiment - pas bon mais l'est-il suffisamment pour ne pas s'avérer un tant soit peu satisfaisant sur de nombreux points ?
Libre à chaque spectateur d'y voir ce dont il a envie, mais un slasher avec un Angel en premier de la classe à la sinusite prononcée, qui cherche à zigouiller une Denise Richards au physique (furieusement) mis en valeur et toutes ses potes pour avoir pris un râteau de trop au collège, ça vaut quand-même gentiment son pesant de pop-corn cramé...
Jonathan Chevrier
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