De Charlotte Wells
Avec Paul Mescal, Frankie Corio
Chronique : Aftersun est un film « mine de rien », sans effet ni démonstration, rejetant constamment toute forme de pathos, mais qui connecte en trois scènes son spectateur avec ses personnages et l’accompagne jusqu’à un final lumineux et terrassant. Sans qu’il ne l’ait vraiment vu venir.
La réalisatrice capture l’essence de cet amour filiale, saisit l’extrême complexité de cette relation à la fois évidente, douce et complice entre un père et sa fille, mais chargée de non-dits.
Le scénario limpide est autant empreint de grâce que de mélancolie. Il laisse planer une menace lointaine, mais qui pèse constamment sur le récit et présage du pire sans jamais l’évoquer.
Charlotte Wells déploie une mise en scène sensible, discrète mais néanmoins inventive, capable d’asséner sans crier gare des uppercuts d’émotions (les voix nues de Freddie Mercury et David Bowie sur Under Pressure, quelle idée, quelle claque).
D’une pudeur bouleversante, Paul Mescal impressionne en jeune père célibataire au mal-être évident mais qu’il se doit de surmonter devant sa fille, confirmant tout le talent étalé dans la série The Normal People. La jeune Frankie Corio est quant à elle une grande révélation.
Grâce à eux, Aftersun atteint un équilibre assez miraculeux entre la suggestion et le souvenir, l’évidence et le mystère. Simplement beau et lumineux.
Synopsis : Avec mélancolie, Sophie se remémore les vacances d’été passées avec son père vingt ans auparavant : les moments de joie partagée, leur complicité, parfois leurs désaccords. Elle repense aussi à ce qui planait au-dessus de ces instants si précieux : la sourde et invisible menace d’un bonheur finissant. Elle tente alors de chercher parmi ces souvenirs des réponses à la question qui l’obsède depuis tant d’années : qui était réellement cet homme qu’elle a le sentiment de ne pas connaître ?