[CRITIQUE] : Le Marchand de sable

[CRITIQUE] : Le Marchand de sableRéalisateur : Steve Achiepo
Avec : Moussa Mansaly, Aïssa Maïga, Ophélie Bau,...
Budget : -
Distributeur : The Jokers / Les Bookmakers
Genre : Drame
Nationalité : Français.
Durée : 1h46min
Synopsis :
Marqué par des années de prison, Djo, livreur de colis en banlieue parisienne, vit modestement chez sa mère avec sa fille.
Un jour, une tante qui vient de fuir le conflit ivoirien débarque chez eux avec ses trois enfants. Dans l’urgence, Djo réussit à leur trouver un local.
Mais face à la demande croissante et dans la perspective d’offrir une vie décente à sa fille, Djo bascule et devient marchand de sommeil.

Critique :

Plongée ultraréaliste dans l'univers complexe des marchands de sommeil, constamment entre le drame social et le film noir à la tension croissante, #LeMarchandDeSable bouscule par sa crudité et son auscultation frontale des nombreux dysfonctionnements de la France d'aujourd'hui. pic.twitter.com/wOKv28WChj

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 13, 2023

À une heure où l'on fustige, plus par manque de connaissance que par pur acte de stupidité (quoique la question se pose parfois sur les réseaux sociaux... bon souvent), le manque d'originalité et de diversité dans le paysage cinématographique hexagonale, pas une semaine ne passe pourtant où presque sans qu'un premier long-métrage bien de chez nous ne pointe fièrement le bout de son nez dans une salle obscure (Amore Mio, Tant que le soleil frappe où encore Les Rascals pour ne citer que les plus récents).
Nouvelle preuve en date - si besoin était, pour les trois au fond qui ne suivent pas -, avec Le Marchand de sable, premier long-métrage coup de poing du comédien et wannabe cinéaste Steve Achiepo, qui se veut comme une plongée sombre et ultraréaliste dans l'univers complexe et très peu abordé sur grand écran, des marchands de sommeil au coeur d'une capitale expurgée de tous ses oripeaux touristiques.
La narration est vissée sur un trentenaire déjà acculée par la vie, Djo, un livreur parisien en pleine séparation avec sa compagne, Aurore, qui vit temporairement chez sa mère le temps de pouvoir se retourner et de trouver un logement pour accueillir sa petite fille une semaine sur deux.

[CRITIQUE] : Le Marchand de sable

Copyright Lea Renner


Tout bascule lorsque l'une de ses tantes, qui fuit le conflit ivoirien, débarque à l'improviste avec ses trois enfants, rendant l'équation d'une vie chez sa mère encore plus difficile qu'elle ne l'était déjà.
Lancé dans une quête désespérée de solutions dans une capitale où se loger est un parcours du combattant qui flirte dangereusement avec l'illégalité à causes d'innombrables portes fermées, Djo se retrouve embarqué par l'intermédiaire d'un promoteur immobilier peu scrupuleux - pour être poli -, dans le monde obscur du commerce du sommeil...
Fable sociale et politique qui scrute frontalement plusieurs des dysfonctionnements (volontairement cachés où non sous le tapis : droit au logement, immigration, racisme, proxénétisme,...) de la France d'aujourd'hui, au travers d'un marché/système fonctionnant comme une mafia discrète et sans scrupules qui exploite le malheur d'autrui autant que les limites d'une légalité in fine plus précaire que l'illégalité elle-même et ses - nombreuses - possibilités; Le Marchand de sable balance constamment entre le polar noir à la tension croissante et aux doux relans 70s, et le drame social et humain, avec comme boussole les aternoiements éthiques et morales d'un prêt (et obligé) à tout pour les siens - et surtout sa fille.
Porté par un excellent Moussa Mansaly, le film se fait un morceau de cinéma vérité brutal, cruel mais surtout infiniment important qui ne se perd jamais dans le sentimentalisme putassier.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Le Marchand de sable