Astérix et Obélix contre César (1999) de Claude Zidi

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après plusieurs films d'animation d'après les albums de "Astérix" (1959) de Albert Uderzo et René Goscinny voici donc le premier film en prise de vues réelles. Il y avait déjà eu des projets, par Claude Lelouch, puis ensuite avec un projet où Louis De Funès (et Lino Ventura d'après une rumeur !) tiendrait le rôle titre. Mais finalement c'est en 1992 que le jeune Thomas Langmann qui rêve de porter à l'écran le héros gaulois. Il prend contact avec les ayants droits qui acceptent contre toute attente. Clairement le fait que papa s'appelle Claude Berri à dû aider, et ça tombe bien Thomas propose la production à son père et sa société Renn Productions mais ce dernier refuse car "la BD n'est pas son truc". Finalement, le producteur-réalisateur des films "Tchao Pantin" (1983), "Jean de Florette" (1986) et "Manon les Sources" (1986) ou "Germinal" (1993) finit par accepter quand son fils lui apporte les accords des stars Gérard Depardieu, Christian Clavier et Jean-Marie Poiré. Mais les plannings de chacun va chambouler les choses, Clavier se retire avant de revenir Poiré à d'autres projets, jusqu'à que Berri demande à Claude Zidi, le spécialise de la comédie avec entre autre "L'Aile ou la Cuisse" (1976), "Inspecteur la Bavure" (1980), "Les Ripoux" (1984) ou "La Totale !" (1991), Claude Zidi d'accepter la direction du film. Claude Berri et les ayants droits (Albert Uderzo et la fille de Goscinny) signent un contrat qui comportent trois clauses centrales : respecter l'esprit de la bande dessinée, la mise en oeuvre de moyens importants et le rôle de Obélix réservé et garanti à Gérard Depardieu. Zidi signe le scénario en collaboration avec Gérard Lauzier aux dialogues, ce dernier étant connu comme le réalisateur de "Mon Père, ce Héros" (1991) et "Le Plus Beau Métier du Monde" (1996) tous deux avec Depardieu. Uderzo sera enthousiaste : "J'ai été épaté par le scénario de Claude Zidi pour le film. Je l'ai lu pour m'assurer que l'aventure où on les lançait respectait mes personnages, mais je ne me suis mêlé de rien. Le cinéma est un métier spécifique qui a ses propres règles. C'est d'ailleurs tout le problème, à la fois le risque et l'excitation de l'entrepris. Elle mélange deux univers, la fantaisie de la BD, le réalisme qu'impose la présence de comédiens reconnaissables, de chair et de sang. Comment le spectateur va-t-il entrer dans cet étrange cocktail ? Le talent de tout le monde, plus les effets spéciaux devraient aboutir à une nouvelle dimension d'Astérix. Pour moi, quand je vois Astérix et Obélix interprétés par des "grosses pointures" comme Clavier et Depardieu, je reconnais nos créatures mais je sais que je ne suis plus maître du jeu." Un juste retour des choses a-t-il dû se dire l'auteur de la BD puisqu'avec son acolyte ils ont croqué bon nombre de stars du cinéma dans leurs albums de Raimu (César Labeldecadix) à Lino Ventura (Caius Aerobus) en passant par Sean Connery (Zérozérosix), Jean Gabin (procurateur de Judée) et même Kirk Douglas (Spartakis). Niveau moyen Uderzo a aussi dû être content puisque Berri réussit l'exploit de réunit un budget d'environ 275 millions de francs (soit environ 42 millions d'euros) ce qui en faisait à l'époque le film français le plus cher de l'Histoire. Précisons que Berri est producteur et Thomas Langmann son fils à l'origine du projet est Producteur associé. Le film sera un succès populaire avec 9 millions d'entrées France et plus de 15 millions à l'international, il sera le plus grand succès de l'année 1999 devant le disney "Tarzan" et "La Menace Fantôme" de George Lucas.

L'histoire du film regroupe plusieurs albums, et une ou deux parties de chaque partie. Le 1er album "Astérix le Gaulois" où les romains tendent un piège et Obélix tombe amoureux. Le 19ème album "Le Devin" où Prolix devin de son état vole le trésor romain des impôts grâce aux gaulois. Le 3ème album "Astérix et les Goths" où les romains kidnappent le druide Panoramix. Le 10ème album "Astérix Légionnaire" où Détritus torture Panoramix tandis nos héros infiltrent un camp romain. Le 4ème album "Astérix Gladiateur" où nos héros se retrouvent dans l'arène. Le 21ème album "Le Cadeau de César" où Panoramix emmène Astérix et Obélix à la recherche de lait de licorne à deux têtes. Et enfin le 23ème album "Obélix et Compagnie" où le village fête l'anniversaire du livreur de menhir... Astérix est donc incarné par Christian Clavier alors encore auréolé des cartons "Les Visiteurs" (1993-1998) tous deux de Jean-Marie Poiré, comme "Les Anges Gardiens" (1995) après lequel il retrouve son partenaire alias Obélix incarné par Gérard Depardieu qui retrouve plusieurs membres de l'équipe dont Berri après les films déjà cités plus haut, mais aussi Zidi après "Deux" (1989) tandis qu'il est aussi à l'affiche de la production hollywoodienne "L'Homme au Masque de Fer" (1998) de Randall Wallace. Parmi les gaulois citons Claude Piéplu la voix culte des fameux "Shadoks" (1968-1973), qui retrouve la plupart des vétérans dont son partenaire Michel Galabru après "Le Gendarme de Saint-Tropez" (1964) de Jean Girault, qui retrouve de son côté Zidi après "Les Sous-Doués" (1980), et le duo Berri-Depardieu après "Uranus" (1990), et retrouvant aussi Arielle Dombasle après "Que la Lumière Soit !" (1998) de Arthur Joffé, elle est ici la femme de Agecanonix incarné par l'inénarrable Sim artiste plutôt rare sur grand écran malgré des films comme "Cartouche" (1962) de Philippe De Broca, "Pinot Simple Flic" (1984) de et avec Gérard Jugnot ou "La Voce Della Luna" (1990) de Federico Fellini. Citons encore l'humoriste Pierre Palmade plutôt rare au cinéma, puis la sublime Laetitia Casta dans son premier rôle avant de persister ensuite avec notamment "Les Âmes Fortes" (2001) de Raoul Ruiz et "Rue des Plaisirs" (2002) de Patrice Leconte, Jean-Roger Milo qui retrouve Berri après "Germinal" (1993) et "Lucie Aubrac" (1997), puis Hardy Krüger Jr. fils de Hardy Krüger qu'on reverra en France dans "Je Reste !" (2003) de Diane Kurys, Marianne Sägebrecht révélée dans "Bagdad Café" (1987) de Percy Adlon et vue dans "La Guerre des Roses" (1989) de et avec Danny DeVito, puis "Le Roi des Aulnes" (1996) de Volker Schlöndorff après lequel elle retrouve son partenaire et compatriote allemand Gottfried John acteur fétiche de Rainer Werner Fassbinder et un des rares antagonistes à 007 sur deux générations différentes avec "Rien que pour vos Yeux" (1981) de John Glen et "GoldenEye" (1995) de Martin Campbell. Parmi les autres romains citons Roberto Begnini qui retrouve la France après "Clair de Femme" (1979) de Costa Gravas, tandis qu'il sort de son succès mondial "La Vie est Belle" (1997), Daniel Prévost qui retrouve ses partenaires de "Uranus" (1990) tandis que de son côté il connaît un autre succès énorme cette même année avec le chef d'oeuvre "Dîner de Cons" (1998) de Francis Veber, Jean-Pierre Castaldi qui retrouve Zidi après "Ripoux contre Ripoux" (1990), "Profil Bas" (1993) et "Arlette" (1997), et enfin Michel Muller humoriste vu notamment dans "Train de Vie" (1998) de Radu Mihaileanu mais qui sera surtout en haut de l'affiche "Wasabi" (2001) de Gérard Krawczyk. Notons que la musique est signée de Roand Romanelli et surtout de Jean-Jacques Goldman, les hommes se retrouvent après "L'Union Sacrée" (1988) de Alexandre Arcady, tandis que Goldman signe seulement sa 3ème B.O. de film avec "Pacific Palisades" (1989) de Bernard Schmitt... La première chose qu'on constate reste la fidélité à la bande dessinée au niveau esthétique. On retrouve le village et les gaulois dans une reconstitution minutieuse et fidèle à l'univers des BD, et très vite cette bonne impression est confirmée avec cet esprit de l'oeuvre originelle si chère à Uderzo. Sur cet aspect le film est un pari gagnant. Le producteur a vu les choses en grand et ça se voit. Claude Berri déclara à propos de ce projet : "Il est certain qu'ont régné sur le tournage d'Astérix une ecitation et une passion exceptionnelles. Il y a toutes sortes de cinéma et mes goûts sont très éclectiques. Mais ce qu'on appelle LE cinéma, le cinéma populaire, à grand spectacle, motive les gens et leur donne l'impression de faire du cinéma en lettres majuscules. C'est du CINEMA. Il y a de la figuration, on a du temps, on s'embarque pour des mois et des mois, comme à la grande époque. J'ai connu quelques grandes aventures de cinéma, chaque fois, il y a un enthousiasme fou."... Les moyens fous ont été effectivement en oeuvre. Les décors sont impressionnants, surtout le village et le fort romain, mais aussi avec une belle mise en valeur des paysages dont la côte maritime.

On remarque aussi quelques séquences comme la fosse aux araignées (entre 100 et 300 réelles ajoutées à une centaines factices) et les alligators (tous réels sauf un !), plutôt audacieuses dans l'idée mais qui restent trop "inoffensives". Par contre on est plus déçu par les séquences action avec les baffes de nos héros sous effet de la potion magique ; les romains qui volent et planent sont plutôt des effets médiocres ce qui est étonnant quand on sait que les techniciens sont ceux de la société Duboi sous la direction de Pitof qui venaient de travailler sur "Alien la Résurrection" (1997) de Jean-Pierre Jeunet. Il y a aussi quelques incohérences ou maladresses, la plus grossière étant l'histoire de l'assistant de Panoramix, alors que Détritus a vu lui-même que le druide concocte sa potion sans l'aide de personne. On peut aussi voir des spots reflétés sur la tenue de nos héros, ou voir des traces de roue sur de la pelouse... Des détails, dans l'ensemble le film est plutôt solide, avec un travail impressionnant sur la reconstitution. Le plus gros soucis est malheureusement une conséquence de sa plus grande qualité. Un paradoxe dommageable, mais force est de constater que d'être si fidèle à l'esprit de la BD empêche la création de nouveau gag ou de créer un humour peut-être plus efficace pour le grand écran. Comme le note Uderzo lui-même "Le cinéma est un métier spécifique qui a ses propres règles.", et effectivement ce qu'on aime en lisant nos bulles n'est sans doute pas aussi probant dans un film en prise de vues réelles sur grand écran. Les gags restent trop sages, et surtout trop peu nombreux sur l'ensemble du récit. On reste donc trop sur notre faim. Par contre Claude Zidi signe un scénario particulièrement fidèle et fluide dans l'assemblement des divers albums choisis. Résultat, Zidi signe un film très et trop fidèle à la BD et manque finalement de liberté pour donner de l'ampleur au récit. 

Note :      

10/20

Pour info bonus, Note de mon fils de 13 ans :               

12/20