Marlowe (2023) de Neil Jordan

Le Retour de Philip Marlowe, voilà la phrase d'accroche du roman "La Blonde aux Yeux Noirs" (2015) de John Banville, roman qui reprend le héros emblématique du Film Noir créé en 1939 par Raymond Chandler et déjà porté sur grand écran d'abord avec "Adieu ma Belle" (1944) de Edward Dmytryk mais surtout devenu mythique incarné par Humphrey Bogart dans "Le Grand Sommeil" (1946) de Howard Hawks, notons aussi le plus seventies "Le Privé" (1973) de Robert Altman avant d'être repris par Robert Mitchum dans "Adieu ma Jolie" (1975) de Dick Richards et "Le Grand Sommeil" (1978) de Michael Winner. Donc, ce nouveau projet n'est pas une adaptation de Raymond Chandler, mais bel et bien d'un romancier contemporain qui reprend juste le personnage légendaire du détective cynique et philosophe. Le retour de Marlowe est mis en scène par Neil Jordan, connu pour les films "Entretien avec un Vampire" (1994), "La Fin d'une Liaison" (1999), "Byzantium" (2012) ou "Greta" (2018). Le scénario est signe de William Monahan qui a écrit notamment pour "Kingdom of Heaven" (2005) de Ridley Scott, "Les Infiltrés" (2006) de Martin Scorcese, "Oblivion" (2013) de Joseph Kosinski ou "Sin City : j'ai tué pour Elle" (2013) de Frank Miller et Robert Rodriguez... Bay City en 1939, alors que niveau boulot c'est le calme plat depuis quelques temps, le détective Philip Marlowe est engagé par Clare Cavendish pour retrouver son ancien amant, Nico Peterson, qui a mystérieusement disparu. Très vite son enquête le mène au Club Corbata dont la clientèle est composée les habitants les plus influents et huppés de Los Angeles. Il va aussi s'intéresser de trop près à une famille puissante et dans les coulisses de Hollywood... 

Marlowe (2023) de Neil Jordan

Après Bogart et Mitchum (et quelques autres), le rôle titre est cette fois incarné par Liam Neeson pour son 100ème long métrage, dont son 3ème avec Neil Jordan après "Michel Collins" (1995) et "Breakfast on Pluto" (2005), il retrouve son scénariste de "Kingdom of Heaven" (2005) et retrouve aussi après "Sans Identité" (2011) de Jaume Collet-Serra sa partenaire Diane Kruger qui semble s'être installée à Hollywood depuis quelques pour le meilleur avec "Bienvenue à Marwenn" (2018) de Robert Zemeckis et pour le pire avec "355" (2022) de Simon Kinberg. La mère de cette dernière est jouée par Jessica Lange qu'on n'avait pas vu depuis "Wild Oats" (2015) de Andy Tennant, mais qui retrouve aussi Liam Neeson après "Rob Roy" (1995) de Michael Caton-Jones, puis elle retrouve aussi après "Titus" (1999) de Julie Taymor l'acteur Alan Cumming qu'on n'avait pas vu lui aussi depuis "Battle of the Sexes" (2017) de Jonathan Dayton et Valerie Faris, il retrouve après "Boogie Woogie" (2009) de Duncan Ward son partenaire Danny Huston qui retrouve lui Liam Neeson après "Le Choc des Titans" (2010) de Louis Leterrier et après "La Conspiration" (2011) de Robert Redford son partenaire Colm Meaney qui de son côté retrouve après "L'Anglais qui Gravit une Collin mais descendit une Montagne" (1995) de Christopher Monger l'acteur Ian Hart acteur qui a déjà tourné plusieurs fois pour Neil Jordan dont deux films avec Liam Neeson et qui retrouve Alan Cumming après "Mr. Ripley et les Ombres" (2005) de Roger Spottiswoode. Citons ensuite Adewale Akinnuoye-Agbaje vu dans "Pompéi" (2014) de Paul W.S. Anderson ou "Suicide Squad" (2016) de David Ayer, ayant alors un point commun avec Daniela Melchior remarquée dans "Le Cahier Noir" (2018) de Valeria Sarmiento mais surtout vue dans "The Suicide Squad" (2021) de James Gunn, puis François Arnaud remarquée dans "J'ai tué ma Mère" (2009) de et avec Xavier Dolan et vu dans "Enragés" (2015) de Eric Hannezo, et n'oublions pas Patrick Muldoon révélé dans "Starship Troopers" (1997) de Paul Verhoeven et vu encore récemment dans "Arnaque à Hollywood" (2020) et "Vanquish" (2021) tous deux de George Gallo... Le film débute très classiquement avec cette désagréable impression que ça ne pas être terrible, d'abord la faute à l'absence totale de climax, d'une atmosphère digne d'un Film Noir entre mystère sous-jacent et élégance vénéneuse. On constate vite que Neil Jordan n'a plus d'inspiration réelle avec une mise en scène sous naphtaline, ennuyeuse et ennuyante qui ne permet jamais au récit de monter en pression ou d'instaurer un minimum de suspense. 

Marlowe (2023) de Neil Jordan

On s'ennuie ferme malgré une intrigue alambiquée (forcément) mais dont le véritable enjeu reste bien mince pour un tel plan et de telles conséquences. Certains détails arrachent un sourire, et bien malgré le réalisateur ou la production, comme le fait que Jessica Lange, 73 ans, incarne une star qui aurait été au sommet vers 1915, le soucis est que le film est censé se déroulé en 1939 ; les maths font parfois mal surtout associé à la réalité du star system de l'époque. Par contre on aime tout de même retrouver les femmes fatales, la classe et l'élégance de l'époque dans une reconstitution soignée bien que trop sage et un peu lisse. Mais le pire reste sans doute Marlowe/Neeson lui-même ! Rappelons que le détective est normalement bagarreur, cynique, alcoolique, et a un goût pour la poésie et à même une propension à la philosophie tandis que Raymond Chandler disait de son héros : "Je pense qu'il peur séduire une duchesse et je suis quasiment sûr qu'il ne toucherait pas à une vierge." Dans cette version 2023, rien de tout cela mais plutôt un mister "Taken" usé qui ne dit qu'une chose valable dans cette nouvelle histoire : "je suis trop vieux pour ça" ! Eh bien on est d'accord... Un Marlowe décevant donc, vidé de toute substance qui fait un Marlowe, la faute aussi à une mise en scène sans envie ni envergure. Dommage.

Note :  

Marlowe (2023) Neil Jordan

09/20