Après le carton à 9 millions d'entrées France du premier film en prise de vues réelles de la bande dessinée "Astérix" (1959) créée par Uderzo et Goscinny, le producteur Claude Berri envisage une suite sans pour autant être pressé. Mais quand il relance Alain Chabat qu'il avait encourager à tourner un second film après son succès avec "Didier" (1997) qu'il avait également produit, il lui indique "en passant" qu'il a toujours les droits d'adaptations de la bande dessinée. Alain Chabat est ravi et se met à chercher aussitôt l'album qui lui plairait d'adapter à l'exception au départ du 6ème album "Astérix et Cléopâtre" (1963) jugeant qu'il serait trop cher à produire. Mais c'est Claude Berri lui-même qui le convainc en déclarant : "Le Sphinx, les Romains, Cléopâtre, etc. Ce sera un spectacle génial à filer aux spectateurs !" De surcroît, rappelons que Uderzo et Goscinny avaient eux-mêmes été inspiré par la superproduction hollywoodienne "Cléopâtre" (1963) de J.L. Mankiewicz, et qu'ils signeront le long métrage d'animation éponyme (1968). Outre Claude Berri, on retrouve à la production son fils Thomas Langmann à l'origine du premier projet en 1999, tandis que Alain Chabat se retrouve à assumer les casquettes de Producteur-réalisateur-scénariste-acteur. Le budget monte à 50,3 millions d'euros soit plus que le premier film, mais un risque qui rapporte gros puisqu'il fait bien meilleur au box-office amassant plus de 14 millions d'entrées France, plus gros succès de l'année 2002 comme le premier en 99 mais avec en prime une bien meilleure cote de satisfaction auprès du public et un César des meilleurs costumes... Pour prouver à Jules César la grandeur de la civilisation égyptienne Cléopâtre décide de lui construire un palais en plein désert en moins de trois mois. Pour cela elle choisit son architecte Numérobis plutôt que Amonbofis. Numérobis bien conscient que trois mois est une durée impossible il fait appel aux gaulois pour leur potion magique. Mais Amonbofis, jaloux, va tout faire pour saboter le chantier...
Le duo Astérix et Obélix sont une nouvelle fois incarné par Christian Clavier et Gérard Depardieu, entre les deux "Astérix" le premier n'a tourné que l'inutile "Les Visiteurs en Amérique" (2001) de Jean-Marie Poiré, le second a au contraire une quinzaine de films dont "Vatel" (2000) de Roland Joffé, "Le Placard" (2000) de Francis Veber ou "Vidocq" (2001) de Pitof, et retrouve après "Le Colonel Chabert" (1994) de Yves Angelo et "Les Acteurs" (2000) de Bertrand Blier son partenaire Claude Rich. Les deux architectes sont interprétés par Gérard Darmon et Jamel Debbouze qui sont à l'affiche cette même année du film "Le Boulet" (2002) de Alain Berberian à l'instar de Jean Benguigui, Darmon retrouve aussi Chabat après "La Cité de la Peur" (1994) de Berberian à l'instar de Chantal Lauby sa camarade de Les Nuls qui était aussi dans "Didier" (1997) retrouvant donc également l'humoriste Dieudonné. Citons ensuite des égyptiens, évidemment Cléopâtre incarnée par la sublimissime Monica Bellucci qui fait sensation la même année avec un tout autre genre dans le film à scandale 'Irréversible" (2002) de Gaspard Noé, suivi ensuite de Edouard Baer à l'affiche cette même année dans "Le Bison (et sa voisine Dorine)" (2002) de et avec Isabelle Nanty qu'il retrouve donc, l'actrice retrouve aussi Clavier après "Les Visiteurs" (1993) de Jean-Marie Poiré, puis retrouve Jamel Debbouze après "Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain" (2001) de Jean-Pierre Jeunet, Edouard Montoute vu dans "La Haine" (1995) de Mathieu Kassovitz qui effectue d'ailleurs un caméo, Montoute retrouve aussi après les deux premiers "Taxi" (1998-2000) son partenaire Bernard Farcy qui vient alors de tourner "Le Pacte des Loups" (2001) de Christophe Gans avec Monica Bellucci, l'acteur joue le chef de pirates et donc de Michel Crémadès qui retrouve donc ses camarades dans "Le Boulet" (2002), ainsi que Christian Clavier après "Les Visiteurs 2 : Les Couloirs du Temps" (1998) de Jean-Marie Poiré, un autre pirate est joué par Mouss Diouf qui retrouve le duo Clavier-Depardieu après "Les Anges Gardiens" (1995) de Poiré et "Le Plus Beau Mérier du Monde" (1996) de Gérard Lauzier. Le casting est prestigieux jusqu'à une multitude de seconds et troisièmes rôles et de nombreux caméos dont la troupe des Robins des Bois avec Marina Foïs, Jean-Paul Rouve, Pierre-François Martin-Laval, Maurice Barthélémy, citons ensuite pêle-mêle Zindedine Soualem, le réalisateur Louis Leterrier, Joel Cantona, Cyril Raffaelli, Jean-Pierre Bacri, Dominique Besnehard, Emma De Caunes, Claude Berri lui-même et n'oublions pas Pierre Tchernia en narrateur fonction qu'il a déjà assumé sur plusieurs adaptations animées de "Astérix"... La musique est composée par Philippe Chany, ami de Chabat qui a signée les musiques des émissions Les Nuls et Nulle Part Ailleurs, ainsi que les films "La Cité de la Peur" (1994) et "Didier" (1997). Il a eu l'idée d'une chanson, chantée par Jamel Debbouze et par l'américain Snoop Dogg qui a accepté parce que ses enfants adorent la bande dessinée. Outre cette chanson et la musique originale, une musique additionnelle loin d'être anodine avec entre autre James Brown, Ennio Morricone, Claude François ou encore Umberto Tozzi. Des musiques certes anachroniques mais qui est assumées et surtout parfaitement intégrées dans le récit dont une bonne partie de l'humour repose justement sur le décalage entre l'antiquité et notre époque contemporaine créant une absurdité constante et hyper référencée.
Le film est semé de clins d'oeil, de gags visuels ou via les dialogues et surtout on reconnaît avant tout un humour total siglé Canal+ logiquement et judicieusement porté par un casting en grande partie issue de l'écurie de la chaîne. Pêle-mêle son savoure par exemple le nez du sphinx, le radeau de la méduse, duel kung-fu, l'ascenseur, ou encore le monologue de Otis/Baer qui est une impro. Par contre, on se souvient que Uderzo insistait pour "Astérix et Obélix contre César" que le film soit fidèle à l'esprit de la BD, avec ce second film on constate que clairement la BD se fait vampiriser par l'esprit Canal. Un parti pris qui explique le carton en salles obscures, les émissions Canal+ cartonne encore au début des années 2000 et Jamel Debouzze est en pleine ascension. D'ailleurs on constate que Astérix et Obélix se font voler la vedette assez nettement ce qui reste dommageable vis à vis de la fidélité à la BD. Mais force est de constater que l'humour y est plus présent, plus efficace, plus présent aussi dans un rythme soutenu par des idées multiples. On peut être déçu par des effets visuels notamment et surtout sur les décors, pyramides et palais sont soit en carton pâtes soit en images de synthèse trop lisses ce qui pollue un peu le visuel, dommage, sans compter la fausse neige en polystyrène. Ce qui n'empêche pas une vraie collection d'incohérences également, par exemple Numérobis qui connaît les noms des deux héros alors qu'il a déjà du mal avec Panoramix ou une référence à l'Islam alors que cette religion n'existe que 7 siècle plus tard... De plus, on a un gros manque, une grande frustration, celle de ne voir ni le village gaulois, ni le reste du village. Néanmoins, Alain Chabat signe une suite singulière et originale, drôle assurément qui ne pêche que par un manque de lien plus tangible dans l'esprit de la BD.
Note :
13/20Pour info bonus, Note de mon fils de 13 ans :
16/20