Un grand merci à Éléphant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La chevauchée solitaire » de Joseph Kane.
« La reconstruction ne durera pas toujours : il faut faire fortune maintenant ! »
Bien qu’ayant combattu pour l’Union durant la guerre de Sécession, John Ashley revient chez lui au Texas. Il est sans surprise accueilli très froidement par les habitants, anciens confédérés. Plus grave encore, la ville est sous la coupe de Benedict Holden, qui n’hésite pas à piller et tuer pour le simple profit…
« Si les filles du Texas étaient comme les hommes, elle t’aurait déjà arraché le cœur pour le boucaner ! »
Il fut un temps déjà lointain où Hollywood n’était pas encore tout à fait Le Mecque du cinéma, mais plutôt une sorte d’ultime front pionnier à conquérir. Une espèce de vision neuve et moderne du rêve américain. Le dernier espoir de refuge pour les aventuriers tardifs qui n’avaient pas pu vivre la conquête de l’ouest. En cela, tous les chemins semblaient mener à Hollywood. Et la possibilité de se faire une place au soleil dans cette nouvelle industrie du rêve se jouait le plus souvent à l’audace ou sur un simple coup de chance. Ce que racontera plus tard très bien Frank Capra dans son autobiographie. Toute proportion gardée, Joseph Kane illustre parfaitement cette réalité. Musicien de formation, violoncelliste professionnel, il intègre finalement l’industrie cinématographique à la fin des années 20 par pure passion et sans la moindre expérience en la matière. D’abord monteur pendant quelques années, c’est le tout jeune studio Republic Pictures qui lui offre finalement la chance de diriger ses propres films et qui en fera l’un de ses réalisateurs les plus prolifiques. Cantonné à la série B, il dirigera ainsi jusqu’en 1975 une grosse centaine de films (et quelques épisodes de séries pour la télévision). Pour la grande majorité des westerns, dans lesquels il dirigera les vedettes de l’époque : Gene Autry, Roy Rodgers ou encore le jeune John Wayne, avant que ce dernier ne devienne une star de premier plan. Les deux hommes tourneront ensemble trois films au cours des années 30 (dont « La chevauchée solitaire », en 1936, qui nous intéresse ici), avant de se retrouver une ultime fois dix ans plus tard pour « La belle de San Francisco » (1945).
« Quand tu te battais contre nous, je pouvais encore te respecter. Mais maintenant que tu as trahi mon frère… »
Après l’échec de « La piste des géants » (Raoul Walsh, 1930), son premier grand rôle dans une grosse production qui devait lancer sa carrière, John Wayne peine à trouver sa place dans l’industrie cinématographique : remercié successivement par la Fox puis par la Columbia, il finit par se relancer au sein de studios moins prestigieux (Monogram Pictures puis Republic Pictures) qui en font une vedette du western de série B. Mais qu’on se le dise, les westerns produits notamment par la Republic Pictures au cours des années 30 et 40 se ressemblent tous un petit peu. Et pour cause, ils obéissent d’une certaine manière à un même cahier des charges : un budget restreint, un format court (une heure maximum) et suffisamment de scènes d’action pour garantir le divertissement aux spectateurs. Sur le papier, « La chevauchée solitaire » est ainsi un western des plus classiques, basé sur une intrigue déjà largement usitée : le retour au pays d’un ancien fils prodigue désormais considéré comme un traitre, qui finira néanmoins par libérer la ville du joug de son potentat. La seule vraie originalité du projet réside dans la coloration politique et morale de ses personnages. John Wayne y incarne en effet un texan ayant fait la guerre dans les rangs des unionistes, ce qui lui vaut d’être considéré comme une brebis galeuse pour avoir combattu contre les siens, très majoritairement engagés chez les confédérés. Chose plus rare encore, le film montre aussi la mise sous tutelle des états vaincus du sud par l’administration de l’Union, rendue d’autant plus difficile ici que l’administrateur nordiste se rend coupable de toutes sortes d’exactions (assassinats, rackets, spoliations) pour son seul profit. Une petite série B sans prétention mais qui ne manque pas de rythme ni de piquant, avec son lot de bagarres et de second degré (la corruption par l’alcool pour détourner l’adversaire !). Distrayant.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, outre une présentation du film par Samir Ardjoum et la traditionnelle bande-annonce, le disque propose surtout un film bonus : « The Trail Beyond » de Robert N. Bradbury avec John Wayne (1934, SD, VOSTFR).
Édité par Éléphant Films, « La chevauchée solitaire » est disponible en combo blu-ray + DVD ainsi qu’en DVD depuis le 12 juillet 2022. Il est également disponible en édition blu-ray simple depuis le 15 novembre 2022.
Le site Internet d’Éléphant Films est ici. Sa page Facebook est ici.