[CRITIQUE] : Tove

[CRITIQUE] : ToveRéalisatrice : Zaida Bergroth
Acteurs : Alma Pöysti, Krista Kosonen, Shanti Roney,...
Distributeur : Outplay Films
Budget : -
Genre : Biopic.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h43min
Synopsis :
Femme libre, artiste, écrivain,… Qui est Tove Jansson, la célèbre créatrice des Moomins ? De la bohême d’Helsinki au Paris d’après Guerre, Tove nous emporte dans le tourbillon de sa vie d’artiste et de son amour dévorant pour Vivica Bandler, et nous invite dans son imaginaire : la vallée des Moomins.

Critique :

Malgré la partition impliquée d'Alma Pöysti et une photo élégante, #Tove ne parvient jamais totalement à retranscrire l'intensité de la vérité artistique et émotionnelle que Tove Jansson a offert au monde via son art, même si la balade qu'il incarne n'en reste pas moins prenante. pic.twitter.com/aQCHAhKlu6

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 5, 2023

Il y a de quoi être un brin décontenancé à la vision du Tove de Zaida Bergroth, biopic ciblé de la célèbre auteure, peintre et illustratrice finlandaise Tove Jansson, mondialement connu pour être la créatrice des féeriques  Moomins, tant le dit film ne s'échine jamais vraiment à sublimer ni célébrer la créativité extraordinaire de son sujet, pas plus au fond qu'il ne donne plus de profondeur à son récit d'émancipation/quête identitaire (même s'il la montre tiraillée entre ses aspirations à devenir peintre comme le voudrait son paternel, mais également à se focaliser sur les histoires pour enfants qu'elle écrit en secret), mâtiné de quelques bribes de sa vie personnelle - et plus directement sa relation tendue et conflictuelle avec son père sculpteur.
Le prisme choisit par la cinéaste pour s'attacher à son existence est sensiblement plus maladroit même si captivant : sa vie sentimentale et ses relations amoureuses passionnées au coeur d'une Finlande post-Seconde Guerre mondiale, surtout celle qui l'a unit avec Vivica, la riche fille du maire d'Helsinki qui lui donnera un avant-goût de la vraie liberté.

[CRITIQUE] : Tove

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Un choix partiellement payant, car si cette romance vampirise totalement l'attention au point de ne jamais rendre palpable l'excentricité de Tove (et donc de s'extirper un brin des coutures familières du biopic conventionnel), Bergroth nous rappelle au bon souvenir du délicat Vita & Virginia de Chanya Button dans une sorte de mélodrame vissé sur la dynamique de pouvoir tangible et turbulente entre deux amantes aux personnalités bien distinctes (une artiste inspirée et mélancolique qui dit toujours ce qu'elle pense, et son amante mondain impétueuse mais in fine assez superficielle), mais à l'alchimie naturelle.
Tout comme Tove est peu à peu submergée par la spontanéité de Vivica, la narration est lentement mais sûrement aspirée par cette romance (très) bavarde, laissant un brin de côté la magie de l'univers de l'artiste tout autant que le contexte même de son époque douloureuse marquée par la haine et la peur (une Finlande où la liberté d'expression féminine, la créativité artistique et la sexualité sont autorisés à exister... à l'abri des regards).
Malgré la partition impliquée d'Alma Pöysti et aussi élégant soit-il, Tove ne parvient jamais totalement à retranscrire l'intensité de la vérité artistique et émotionnelle que Jansson a offert au monde via son art, même si la balade qu'il incarne n'en reste pas moins divertissante.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Tove