[CRITIQUE] : Et L'Amour dans tout ça ?

Par Fuckcinephiles
Réalisateur : Shekhar Kapur
Acteurs : Lily James, Shazad Latif, Emma Thompson, Shabana Azmi,...
Budget : -
Distributeur : StudioCanal
Genre : Comédie, Romance.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h49min
Synopsis :
Comment trouver le grand amour dans le monde d’aujourd’hui ? Zoe, documentariste accro aux applis de rencontres, multiplie les rendez-vous hasardeux au grand désarroi de sa mère Cath, un rien excentrique. Pour son ami d’enfance – et voisin – Kaz, la réponse est toute trouvée : il suffit de suivre l’exemple de ses parents et d’opter pour un mariage arrangé (ou « assisté ») avec une jeune fille du Pakistan, aussi ravissante que futée. Alors que Zoe décide de filmer Kaz dans son périple amoureux et d’en faire un documentaire, elle commence à se demander si elle n’aurait pas intérêt à s’inspirer d’une démarche radicalement différente pour trouver – enfin – le grand amour…


Critique :

Charmante petite évasion interculturelle portée par la même confiance sûre que les romcoms bénies par la plume de Richard Curtis, #EtLamourDansToutÇa creuse un peu plus profondément que toute romance standard ses tropes et incarne un vrai petit bout de cinéma sincère et délicieux pic.twitter.com/n75dt09pIV

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 7, 2023

À sa vision, il n'y a rien de plus évident que de dire que la comédie romantique Et l'amour dans tout ça de Shekhar Kapur (le magnifique Elizabeth : L'Âge d'or) est furieusement facile et convenue, dans le sens où elle épouse sans la moindre réserve et avec gourmandise tous les tropes du genre, d'autant qu'il y fait figurer deux comédiennes résolument rompues au genre - les merveilleuses Emma Thompson et Lily James.
Mais surtout, elle assume pleinement ce qu'elle est, tant elle est incroyablement sérieuse dans son exploration de la romcom, expurgée de tout cynisme méta à la mode ni d'une volonté putassière de se moquer/jouer de ses personnages pour mieux nous faire rire/chavirer.

Une approche pure et simple qui ne ment jamais sur la marchandise et qui incarne, jusque dans ses petites maladresses, exactement l'idée de ce que l'on est venu voir en salles.

Copyright Studiocanal GmbH / Robert Viglasky


Charmante petite évasion interculturelle portée par la même confiance sûre que les bandes bénies par la plume de Richard Curtis,  Et l'amour dans tout ça est un doux rappel qu'il est difficile de rivaliser avec les cinéastes britanniques sur le terrain pourtant sinueux de la comédie romantique.
Avec un pitch surfant un brin entre les aléas Bridget Jonesque de son héroïne pas vraiment heureuse dans ses expériences avec la gente masculine (sentimentalement comme professionnellement parlant, et l'on comprend intimement pourquoi telle Raiponce, elle s'est enfermé dans une sorte de tour d'ivoire émotionnelle), et l'amitié pas si uniquement amicale à la Quand Harry rencontre Sally (dont le mariage de l'un va susciter une profonde introspection de la seconde), le film ne semble jamais péter dans la soie de l'originalité, et pourtant...
Même si elle n'est pas exempt de quelques maladresses, l'écriture de Jemima Khan établit un équilibre louable dans sa volonté d'aborder le genre d'une manière un poil plus consistante que la moyenne, en remettant notamment en question les notions/traditions préconçues (ici les mariages arrangés/" assistés ") mais également en taquinant les progrès et évolutions de mentalités d'une manière où il est difficile de ne pas ressentir un vraie maîtrise du sujet (des perceptions frustrantes/caricaturales et une islamophobie à peine masquée au coeur de notre société contemporaine, perpétuent aussi bien la compréhension que la zone grise de l'identité culturelle), autant qu'un soin apporté à chaque décision prise par ses protagonistes.
Le tout marqué par un vrai respect dans la façon dont le scénario plonge sans réserve au coeur de la culture pakistanaise, pointant avec perspicacité ses contrastes avec le monde occidental. 

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Creusant un peu plus profondément le genre que toute romance standard tant ses tropes familiers du genre sont fusionnés avec les traditions pakistanaises, tout autant qu'il ne se démarque jamais vraiment du chemin balisé qu'il trace avec confiance (l'issue, certes plus tardive que pensée, est perceptible et prévisible avant même l'entrée dans la salle), Et l'amour dans tout ça fait joliment le café, porté par les prestations pétillantes comme les bulles de champagne, de son casting vedette, du couple Lily James/Shazad Latif à l'alchimie naturelle (et pour laquelle il est facile de ressentir de l'empathie), à une Emma Thompson absolument on fire (elle vole le show à chaque scène, humoristique comme émotionnelle), en passant par Shabana Azmi, à la présence sage et lumineuse.
Un vrai petit bout de cinéma sincère et délicieux, suffisamment subtil et désarmant à la fois pour faire succomber les amateurs du genre.
Ne nous mentons pas à nous-mêmes, nous n'en demandions vraiment pas plus.
Jonathan Chevrier