Les Petites Victoires (2023) de Mélanie Auffret

Nouveau film de la bretonne Mélanie Auffret après "Roxane" (2019) avec une histoire encore une fois ancrée en province avec une histoire qui aborde un sujet peu traité, l'illettrisme peu de temps après "Brillantes" (2023) de Sylvie Gautier. La cinéaste ayant grandi dans une petite ville, elle voulait évoquer la désertification de nos campagnes : "La particularité du phénomène de désertification, c'est qu'il en provoque d'autres. La fuite des populations vers les grandes villes n'engendre pas seulement une perte d'activité, mais aussi une perte du lien social. Ce sont d'abord les commerces qui ferment et s'éloignent, les lieux de convivialités qui se raréfient, l'accès aux premiers soins qui se restreint, puis les écoles qui ferment..." Pour son histoire, Mélanie Auffret a rencontré plusieurs maires de petites communes, et surtout Fanny Lacroix mairesse de Châtel-En-Trièves qui a inspiré le personnage principal. La réalisatrice-scénariste co-signe son scénario avec Michael Souhaité qu'elle retrouve après son premier film, il a également écrit les films "À Toute Épreuve" (2014) de Antoine Blossier et "Jusqu'ici Tout va Bien" (2019) de Mohamed Hamidi. Vu le sujet, la production a assumé en effectuant une tournée d'avant-premières de plusieurs mois dans 110 petites villes. Le film a été présenté au festival de la comédie de l'Alpe d'Huez 2023 où il a obtenu le Prix Spécial du Jury et le Prix du Public... À la fois maire et institutrice de son village de Kerguen, Alice Le Guennic a des journées bien rempli. Soudain, Emile, un sexagénaire au caractère explosif se décide à retourner à l'école ce qui va rendre le quotidien de Alice ingérable, mais elle n'avait pas vu venir un autre problème et elle va devoir se battre encore pour son village et son école... 

Les Petites Victoires (2023) de Mélanie Auffret

La maire et institutrice est incarnée par Julia Paton vue entre autre dans "Les Choses qu'on dit, les Choses qu'on fait" (2020) de Emmanuel Mouret ou "Le Discours" (2020) de Laurent Tirard. L'écolier sexagénaire est interprété par Michel Blanc vu récemment dans "Les Tuche 4" (2021) de Olivier Baroux et "Les Cadors" (2023) de Julien Guetta. Les autres citoyens  sont joués par Lionel Abelanski qui retrouve sa réalisatrice de "Roxane" (2019) et vu depuis entre autre dans "Chacun chez Soi" (2020) de et avec Michèle Laroque ou "Plancha" (2022) de Eric Lavaine, Marie Bunel vue récemment dans "Le Daim" (2019) et "Fumer fait Tousser" (2022) tous deux de Quentin Dupieux, réalisateur pour lequel d'ailleurs l'acteur Grégoire Bonnet a tourné "Incroyable mais Vrai" (2022), il retrouve après "Brèves de Comptoir" (2014) de Jean-Michel Ribes sa partenaire India Hair vue dernièrement dans "En Même Temps" (2022) de Kervern-Delépine et "Annie Colère" (2022) de Blandine Lenoir, Marie-Pierre Casey qui a débuté dans "Jeux Interdits" (1952) de René Clément, vue notamment dans "Playtime" (1967) de et avec Jacques Tati, "LÉté Meurtrier" (1983) de Jean Becker et récemment dans "Maison de Retraite" (2022) de Thomas Gilou, Sébastien Chassagne qui retrouve Julia Piaton après le film collectif "Selfie" (2019) vu ensuite dans "Coupez !" (2022) de Michel Hazanavicius ou "La Cour des Miracles" (2022) de Carine May et Hakim Zouhani, puis enfin Bruno Raffaelli vu récemment dans "La Belle Époque" (2019) et "Mascarade" (2022) tous deux de Nicolas Bedos... Ce film va clairement passé inaperçu dans les grande villes et auprès du jeune public. Mais dans nos campagnes ce film va sonner juste, gratter là où il faut, jouer la carte de la nostalgie aussi sans pour autant jouer la facilité. C'est le scénario qui reste le point fort, la mise en scène étant trop scolaire pour nous titiller l'oeil. 

Les Petites Victoires (2023) de Mélanie Auffret

Le scénario d'abord parce qu'il aborde plusieurs sujets sans que l'un vampirise l'autre, sans forcément à chercher la polémique et/ou à juger. Non, le récit est dans le constat, ainsi quand un village n'a plus que sa fonction de cité dortoir effectivement les petits bobos du quotidien peuvent devenir un problème qui s'aggrave, les instants de convivialités et de réunions créent des distances entre les gens, le pain reste une source culturelle essentielle, le maire devient un bénévole même quand ce n'est pas forcément son domaine, et le pire on a peur de perdre l'essence même du village, l'école sans quoi les familles désertent les premiers. L'illettrisme étant le sujet cerise sur le gâteau, bien amené de façon simple et sans misérabilisme. Le récit est cohérent, logique dans son évolution, bien servi également par des dialogues justes et vrais, et des passages qui feront écho aux spectateurs. Le casting est très sympa, évidemment Julia Piaton dans un de ses meilleurs rôles, qui fonctionne à merveille avec le vieux bougon Michel Blanc qui est aussi au diapason avec les gamins de l'école. Tout en touchant des thèmes importants, le film reste constamment dans la fantaisie et l'optimisme. C'est la grande qualité de cette petite comédie, évitant l'écueil du temps émotion plus ou moins larmoyant, en restant dans l'optique de faire sourire, et parfois rire. Bon point également sur la fin plus réaliste que happy end. Sans être incroyable, cette petite comédie est légère comme une brise de printemps, touchant du doigt bien des problématiques. Un bon moment.

Note :                 

Petites Victoires (2023) Mélanie AuffretPetites Victoires (2023) Mélanie Auffret

14/20