Réalisateur : Bong Joon-ho
Avec : Song Kang-ho, ByeonHie-bong, Park Hae-il, Doona Bae,…
Distributeur : The Jokers / Les Bookmakers
Budget : -
Genre : Fantastique, Action, Drame.
Nationalité : Sud-coréen.
Durée : 2h00min
Date de sortie : 22 novembre 2006
Date de ressortie : 8 mars 2023
Synopsis :
A Séoul, Gang-du tient un petit snack au bord de la rivière où il vit avec sa famille, dont sa fille adorée Hyun-seo. Un jour, un monstre géant surgit des profondeurs de la rivière et attaque la foule. Gang-du tente de s'enfuir avec sa fille, mais elle est enlevée brusquement par le monstre, qui disparaît au fond de la rivière. La famille Park décide alors de partir à la recherche de la créature, pour retrouver Hyun-seo...
Critique :
Peut-on ressentir une plus grande excitation que celle de pouvoir redécouvrir dans une salle obscure, une oeuvre que l'on a chérit durant toute notre enfance, que l'on a tellement visionné que le chiffre friserait presque avec l'indécence du bon goût.
Difficile de répondre à la négative, et encore plus si cela concerne un chef-d'oeuvre tel que The Host de Bong Joon-ho, dont toute la puissance de son cinéma se retrouvait déjà là, prête à exploser à la face d'un auditoire qui, même au fait du talent du bonhomme, n'était pas prêt à subir une telle rouste.
De sa manière habile de jouer sur plusieurs niveaux de lecture, en passant par celle de parsemer ses oeuvres aux sujets forts d'un humour totalement débridé, sans oublier sa douce manie de subtilement impliquer son auditoire ou encore celle, plus complexe, de malmener avec un plaisir coupable et une maitrise indéniable les codes du genre qu'il use; tout est là exposé de manière claire er limpide comme de l'eau de roche.
Et tout comme il servait à merveille le polar noir avec Memories of Murder, il sert ici avec authenticité le film de monstre même s'il serait infiniment réducteur de le catégoriser à ce seul et même genre dont les conventions furieusement étroites auront éreintés plus d'une péloche ambitieuse.
Dîtes conventions dont s'affranchit le Bong avec une intelligence folle pour mieux épouser les contours d'une oeuvre organique, protéiforme même, alternant sans trembler les tons et les thèmes comme pour mieux correspondre à son " monstre " central, cette créature amphibie mutante et évolutive, fruit de la bêtise et de l'ingérence loin d'être fictive de l'homme - annoncée sans détour dès son ouverture -, dont il ne tardera pas à dévoiler l'apparence autant que la voracité (sa présence la plus spectaculaire, excepté lors du final bestial, réside justement dans ce premier quart d'heure essentiel) pour se débarrasser du lourd poids du teasing malade et des attentes (souvent démesurées) de son auditoire.
Ce qui l'intéresse avant tout, c'est la tragédie humaine derrière la catastrophe (un prisme que reprendra le magnifique Godzilla de Gareth Edwards qui, comme son Monsters, lui doit beaucoup), l'impact humain derrière l'animalité d'un où plutôt des monstres - nous.
Traitant son histoire sous l'angle humain au travers d'une famille recomposée - les Park - qu'il reconnecte continuellement à la réalité (surtout Gang-du, qui passe d'homme oisif et dépassé à patriarche courageux et responsable, comme si sa proximité avec le danger avait servi de catalyseur pour sa maturité), véhicule à la fois de tout l'élan mélodramatique mais aussi tragi-comique et burlesque de ce qui s'impose comme une charge anticapitaliste frontale où le monstre, né de la pollution des eaux par l'armée américaine, se fait le symbole des ravages de la politique ultra-libérale et de l'interventionnisme exacerbé du pays de l'oncle Sam sur la nouvelle société sud-coréenne (mais pas que).
Film de monstre dans la droite des bijoux d'Inoshiro Honda, satire anticapitaliste (voire plus simplement anti-américanisme) fustigeant le cynisme de l'universalisme libéral, mise en images puissante des préoccupations épidémiologiques du continent asiatique (qui n'a jamais paru aussi actuelles qu'aujourd'hui), blockbuster SF et paranoïaco-spectaculaire aux réminiscences écolos où encore examen des mœurs autant que regard historique sincère sur sa propre nation et les maux/désillusions profondes qui ont découlés suite à sa démocratisation (un regard sur la crise financière et les réformes néolibérales qui ont menés à une impressionnante vague de suicides), qui n'est pas sans rappeler la crudité du Old Boy de Park Chan-wook dont il est le cousin pas si lointain,...
Dès son titre furieusement évocateur - littéralement l'hôte -, qui définit à merveille à la fois le monstre (allégorie de l'armée américaine et de son hostilité) et la société même qui lui sert de terrain de jeu (une Corée du Sud à l'agonie dont la propre armée réprime tout esprit de contestation/réveil social), The Host et son naturalisme assumé impressionne par la densité thématique qu'il charrie autant que par la générosité sans borne de son auteur dans sa dévotion pour un septième art qu'il aime passionnément, et qui se ressent totalement dans sa manière de l'aborder caméra au poing (via une mise en scène à la maîtrise à la fois indécente et tranquille, pour preuve son usage folle de la profondeur de champs sur de nombreuses séquences).
Porté par une distribution au diapason et une maîtrise formelle incroyable (dont les effets visuels autant que l'animation du monstre, absolument fantastique, ont été chapeautés, comble de l'ironie, par une société américaine - The Orphanage), le troisième effort de Bong Joon-ho est une merveille de cinéma à la fois ludique, pertinent et subversif, un put*** de chef-d'oeuvre, rien de moins.
Jonathan Chevrier
Avec : Song Kang-ho, ByeonHie-bong, Park Hae-il, Doona Bae,…
Distributeur : The Jokers / Les Bookmakers
Budget : -
Genre : Fantastique, Action, Drame.
Nationalité : Sud-coréen.
Durée : 2h00min
Date de sortie : 22 novembre 2006
Date de ressortie : 8 mars 2023
Synopsis :
A Séoul, Gang-du tient un petit snack au bord de la rivière où il vit avec sa famille, dont sa fille adorée Hyun-seo. Un jour, un monstre géant surgit des profondeurs de la rivière et attaque la foule. Gang-du tente de s'enfuir avec sa fille, mais elle est enlevée brusquement par le monstre, qui disparaît au fond de la rivière. La famille Park décide alors de partir à la recherche de la créature, pour retrouver Hyun-seo...
Critique :
Film de monstre à la Honda, satire anticapitaliste fustigeant le cynisme de l'universalisme libéral où même examen des mœurs autant que regard historique sur la Corée du sud et les désillusions qui sont nées de sa démocratisation,#TheHost est simplement un put*** de chef-d'oeuvre pic.twitter.com/fOheLjitrF
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 10, 2023
Peut-on ressentir une plus grande excitation que celle de pouvoir redécouvrir dans une salle obscure, une oeuvre que l'on a chérit durant toute notre enfance, que l'on a tellement visionné que le chiffre friserait presque avec l'indécence du bon goût.
Difficile de répondre à la négative, et encore plus si cela concerne un chef-d'oeuvre tel que The Host de Bong Joon-ho, dont toute la puissance de son cinéma se retrouvait déjà là, prête à exploser à la face d'un auditoire qui, même au fait du talent du bonhomme, n'était pas prêt à subir une telle rouste.
De sa manière habile de jouer sur plusieurs niveaux de lecture, en passant par celle de parsemer ses oeuvres aux sujets forts d'un humour totalement débridé, sans oublier sa douce manie de subtilement impliquer son auditoire ou encore celle, plus complexe, de malmener avec un plaisir coupable et une maitrise indéniable les codes du genre qu'il use; tout est là exposé de manière claire er limpide comme de l'eau de roche.
Et tout comme il servait à merveille le polar noir avec Memories of Murder, il sert ici avec authenticité le film de monstre même s'il serait infiniment réducteur de le catégoriser à ce seul et même genre dont les conventions furieusement étroites auront éreintés plus d'une péloche ambitieuse.
© The Jokers
Dîtes conventions dont s'affranchit le Bong avec une intelligence folle pour mieux épouser les contours d'une oeuvre organique, protéiforme même, alternant sans trembler les tons et les thèmes comme pour mieux correspondre à son " monstre " central, cette créature amphibie mutante et évolutive, fruit de la bêtise et de l'ingérence loin d'être fictive de l'homme - annoncée sans détour dès son ouverture -, dont il ne tardera pas à dévoiler l'apparence autant que la voracité (sa présence la plus spectaculaire, excepté lors du final bestial, réside justement dans ce premier quart d'heure essentiel) pour se débarrasser du lourd poids du teasing malade et des attentes (souvent démesurées) de son auditoire.
Ce qui l'intéresse avant tout, c'est la tragédie humaine derrière la catastrophe (un prisme que reprendra le magnifique Godzilla de Gareth Edwards qui, comme son Monsters, lui doit beaucoup), l'impact humain derrière l'animalité d'un où plutôt des monstres - nous.
Traitant son histoire sous l'angle humain au travers d'une famille recomposée - les Park - qu'il reconnecte continuellement à la réalité (surtout Gang-du, qui passe d'homme oisif et dépassé à patriarche courageux et responsable, comme si sa proximité avec le danger avait servi de catalyseur pour sa maturité), véhicule à la fois de tout l'élan mélodramatique mais aussi tragi-comique et burlesque de ce qui s'impose comme une charge anticapitaliste frontale où le monstre, né de la pollution des eaux par l'armée américaine, se fait le symbole des ravages de la politique ultra-libérale et de l'interventionnisme exacerbé du pays de l'oncle Sam sur la nouvelle société sud-coréenne (mais pas que).
Film de monstre dans la droite des bijoux d'Inoshiro Honda, satire anticapitaliste (voire plus simplement anti-américanisme) fustigeant le cynisme de l'universalisme libéral, mise en images puissante des préoccupations épidémiologiques du continent asiatique (qui n'a jamais paru aussi actuelles qu'aujourd'hui), blockbuster SF et paranoïaco-spectaculaire aux réminiscences écolos où encore examen des mœurs autant que regard historique sincère sur sa propre nation et les maux/désillusions profondes qui ont découlés suite à sa démocratisation (un regard sur la crise financière et les réformes néolibérales qui ont menés à une impressionnante vague de suicides), qui n'est pas sans rappeler la crudité du Old Boy de Park Chan-wook dont il est le cousin pas si lointain,...
© The Jokers
Dès son titre furieusement évocateur - littéralement l'hôte -, qui définit à merveille à la fois le monstre (allégorie de l'armée américaine et de son hostilité) et la société même qui lui sert de terrain de jeu (une Corée du Sud à l'agonie dont la propre armée réprime tout esprit de contestation/réveil social), The Host et son naturalisme assumé impressionne par la densité thématique qu'il charrie autant que par la générosité sans borne de son auteur dans sa dévotion pour un septième art qu'il aime passionnément, et qui se ressent totalement dans sa manière de l'aborder caméra au poing (via une mise en scène à la maîtrise à la fois indécente et tranquille, pour preuve son usage folle de la profondeur de champs sur de nombreuses séquences).
Porté par une distribution au diapason et une maîtrise formelle incroyable (dont les effets visuels autant que l'animation du monstre, absolument fantastique, ont été chapeautés, comble de l'ironie, par une société américaine - The Orphanage), le troisième effort de Bong Joon-ho est une merveille de cinéma à la fois ludique, pertinent et subversif, un put*** de chef-d'oeuvre, rien de moins.
Jonathan Chevrier