De François Ozon
Avec Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder, Isabelle Huppert
Chronique : Un Ozon en costumes bon cru, ambitieux et tenu. S’il avait tâtonné avec 8 Femmes (unpopular opinion, j’avais trouvé qu’il s’était fait bouffer par ses actrices qu’il regardait plus avec de yeux de fans que de metteur en scène), il avait convaincu avec le très drôle Potiche et confirme avec Mon Crime son talent pour faire dialoguer deux époques.
Il transpose en effet intelligemment le discours féministe et les préoccupations du mouvement #metoo dans la France des années 20 à travers une comédie rythmée au charme désuet et délicieusement amorale. Cette histoire de faux crime prend parfois des airs de Chicago. Même si on n’y chante pas (mais on peut faire chanter), Ozon impose à son film un tempo enlevé grâce à une mise en scène certes théâtrale mais dynamique, jouant malicieusement sur les apparences. La très jolie reconstitution du Paris de l’entre-deux guerre sert de décor à ce boulevard anti-patriarcal plus profond qu’il n’y parait. Les héroïnes sont solidement campées par les deux étoiles montantes du cinéma français Nadia Tereszkiewicz (les Amandiers) et Rebecca Marder (Simon), entourées d’un casting scintillant où brillent Dany Boon (oui) et Lucchini, mais surtout Isabelle Huppert, dont la partition savoureuse en actrice du cinéma muet déchue et sans le sou porte le dernier tiers du film.
Tout le monde s’amuse beaucoup dans Mon crime, les acteurs, Ozon lui-même et nous avec.
Synopsis : Dans les années 30 à Paris, Madeleine Verdier, jeune et jolie actrice sans le sou et sans talent, est accusée du meurtre d’un célèbre producteur. Aidée de sa meilleure amie Pauline, jeune avocate au chômage, elle est acquittée pour légitime défense. Commence alors une nouvelle vie, faite de gloire et de succès, jusqu’à ce que la vérité éclate au grand jour…