Réalisateur : Matt Ruskin
Acteurs : Keira Knightley, Carrie Coon, Chris Cooper, Alessandro Nivola, Bill Camp, David Dastmalchian,...
Distributeur : Disney Plus France
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h52min
Synopsis :
Loretta McLaughlin, reporter au sein du quotidien Record-American, cherche à établir le lien pouvant exister entre les atroces meurtres de femmes commis en leur domicile depuis près d’un an dans la région de Boston. Alors que le mystérieux tueur fait de plus en plus de victimes - au point de provoquer une véritable psychose à travers tout Boston - Loretta tente de continuer son enquête aux côtés de sa collègue et confidente Jean Cole. Dans leur quête absolue de vérité, le duo se heurte au sexisme de l'époque et à d’autres dangers infiniment plus redoutables.
Critique :
#LÉtrangleurDeBoston s'inscrit pas bien plus dans la droite lignée de #SheSaid que du du bijou de Fleischer, tant il suit minutieusement le point de vue de deux femmes et de leur combat pour faire exploser la vérité, tout en abordant superficiellement tous ses thèmes fascinants. pic.twitter.com/XVSQEfnLZ1
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 17, 2023
Bien que le concept même de thriller procédural s'est sensiblement calqué sur le monument Zodiac de David Fincher depuis une bonne décennie maintenant, il y a toujours quelque chose de sensiblement excitant à l'idée de voir une oeuvre s'attacher à narrer autant une traque qu'une enquête journaliste, encore plus quand celle-ci s'appuie sur des faits réels.
En ce sens, Boston Strangler de Matt Ruskin, avait tout, sur le papier tout du moins, du " film Bingo " ambulant tant il cochait volontairement toutes les cases du bon goût : l'enquête pour trouver l'identité de l'étrangleur de Boston, qui a fait treize victimes âgées de 19 à 85 ans entre juin 1962 et janvier 1964, par deux femmes journalistes Loretta McLaughlin et Jean Cole - incarnées par les merveilleuses Keira Knightley et Carrie Coon.
Du cousu main où presque même si la limonade est, malheureusement, loin d'être la même à l'écran tant tout apparaît comme la version light du chef-d'oeuvre de Fincher où rien où presque ne dépasse du cadre, pur thriller conventionnel qui fait le café sans jamais voir plus loin que les limites de sa formule déjà éprouvée.
Copyright 2023 20th Century Studios. All Rights Reserved.
Récitant par coeur sa dictée tout en étant diamétralement opposé au rugueux The Boston Strangler de Richard Fleischer, le film, bien que son sujet soit sensiblement plus grave, peut se voir comme le cousin du récent She Said de Maria Schrader (qui scrutait au plus près l'éclatement du scandale Harvey Weinstein), tant il suit scrupuleusement le point de vue de deux femmes à l'amitié naissante et tout ce qu'elles ont dû faire et prouver – bien plus que les hommes – pour pouvoir dévoiler la vérité au monde.
Dommage dès lors que la narration ne s'intéresse pas autant à leur enquête (qui perd de son impact avant même son dernier virage, avec la divulgation de l'identité du tueur) qu'à elles-mêmes (les deux femmes sont malheureusement décédées aujourd'hui) où même la société américaine de l'époque, tant il ne se laisse délibérément jamais assez de temps pour les laisser évoluer où les développer un minimum au-delà de leur simple traits de caractères, sans compter que le scénario bâcle également le potentiel derrière la lutte contre le sexisme/misogynie et la politique de genre que Loretta et Jean doivent surmonter tout au long de leur enquête (voire même tout au long de leur carrière).
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Frustrant quant on sait que Disney, pas avare en séries limitées (dans tous les sens du terme) sur sa plate-forme, aurait très bien pu décliner cette formidable et immersive enquête, toujours hantée par des mystères non résolus, dans un format plus adéquat mais surtout une envie de dépasser son carcan conventionnel.
Si son cri de ralliement féministe pour la justice n'en reste pas moins essentiel, c'est clairement dans le manque d'investissement et d'approfondissement de son exploration de l'affaire que Boston Strangler couac.
S'il avait seulement su prendre exemple sur ses héroïnes hein (c'est bête)...
Jonathan Chevrier