[CRITIQUE] : Sur les chemins noirs

[CRITIQUE] : Sur les chemins noirsRéalisateur : Denis Imbert
Acteurs : Jean Dujardin, Hervé Mahieux, Izïa Higelin, Joséphine Japy,...
Distributeur : Apollo Films / TF1 Studio
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h35min.
Synopsis :
Librement inspiré de Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson (2016).
Un soir d’ivresse, Pierre, écrivain explorateur, fait une chute de plusieurs étages. Cet accident le plonge dans un coma profond. Sur son lit d’hôpital, revenu à la vie, il se fait la promesse de traverser la France à pied du Mercantour au Cotentin. Un voyage unique et hors du temps à la rencontre de l'hyper-ruralité, de la beauté de la France et de la renaissance de soi.

Critique :

Odyssée désinvolte et en solitaire, #SurLesCheminsNoirs ne rend jamais vraiment justice ni à son matériau d'origine ni au message qui émane de son parcours du combattant, croquant à la truelle une aventure introspective où les silences ne sont pas d'or et la poésie caricaturale. pic.twitter.com/kSiLRLQ5mZ

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 20, 2023

Depuis longtemps, et encore plus avec une recrudescence de sorties qui ne fait que rendre familier ce procédé, les questions restent toujours aussi vives quant à la notion d'intérêt (discutables où non selon les cas) de voir les cinéastes s'échiner à transposer diverses oeuvres de la littérature - passée comme contemporaine - sur grand écran, tant l'adage veut " qu'adapter, c'est trahir " et qu'il est acquis que pour les lecteurs, l'expérience en salles ne surplombe jamais où presque l'expérience de la lecture - sauf pour certaines exceptions, selon les sensibilités.
Si une réponse profondément pessimiste vient intimement à l'esprit (celle du manque d'originalité d'une industrie cinématographique un brin paresseuse couplée à une autre paresse, celle d'un auditoire qui dans sa grande généralité, ne se donne pas la peine d'ouvrir un bouquin et lui préfère sa version imagée), jouons un minimum la carte de l'optimisme (naïveté ?) en arguant que de nombreux faiseurs de rêves s'attachent encore à nous conter ses histoires non pas dans un seul but pécunier, mais bien pour y apporter si ce n'est leur patte, au moins un regard et/où une approche nouvelle qui justifie pleinement leur entreprise.

[CRITIQUE] : Sur les chemins noirs

Copyright 2021-Radar Films-La Production Dujardin-TF1 Studio-Apollo Films Distribution-France 3 Cinéma-Auvergne Rhône Alpe Cinéma


Partant perdante avant même d'essayer de contredire ce complexe paradoxe, l'adaptation libre sur grand écran du douloureux (et pourtant lumineux) roman Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson, retranscription poétique et tout en oxymore de la tragédie qui l'a frappé et de sa lente renaissance (une chute, un soir d'ivresse, de plusieurs étages qui le plongera dans un profond coma avant un réveil miraculeux et une difficile rééducation pour exaucer une promesse faite à lui-même : traverser la France à pied, du Mercantour au Cotentin), chapeauté par Denis Imbert et Diastème, souffre autant de ses propres origines que de la prestation forcée d'un Jean Dujardin à la subtilité un brin relative.
Odyssée désinvolte et en solitaire d'un wannabe Hemingway traversant péniblement la voie de sa propre reconstruction, le film ne semble jamais vraiment rendre justice autant à son propre sujet (ce Tesson fictionnel apparaît sensiblement plus paternaliste et malaisant avec les femmes que jamais) ni au message même qui émane de son parcours du combattant (la notion de dépassement de soi et d'embrasser la vie et la liberté de pouvoir - encore - exister), croquant à la truelle une aventure introspective où les silences ne sont pas d'or et les (bons) mots caricaturaux, quand ses rencontres pourtant essentielles, n'apparaissent pas au mieux survoler, au pire furieusement superficielle.
Le cadre est somptueux et les intentions sont sans doute bonnes, mais pas leur exécution.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Sur les chemins noirs