Après le succès important du film "Milan Calibre 9" (1972) en Italie, le réalisateur Fernando Di Leo enchaîne avec un nouveau film qu'il voit comme une suite car il adapte de nouveau le même recueil de nouvelles "Milan Calibro 9" (1969) de Giorgio Scerbanenco. Cette fois il n'est plus seul à écrire, il fait appel à deux autres co-scénaristes avec Augusto Finocchi "Trois Cavaliers pour Fort Yuma" (1966), "Un Shérif à Abattre" (1967) et "Deux Pistolets pour un Lâche" (1968) tous trois de Giorgio Ferroni, et Ingo Hermes "Negresco" (1968) de Klaus Lemke et "Alléluia défie l'Ouest" (1972) de Giuliano Carnimeo. Logiquement ce nouveau projet est un nouveau poliziottesco, soit un sous-genre italien façon polar-spaghetti connu en France également sous le titre "L'Empire du Crime", mais qui connaît aussi un très grand nombre d'autres titres à l'international, en V.O. "La Mala Ordina" soit littéralement "Le Mauvais Commandement", et les titres sont innombrables dans les pays anglophones. Le film sera un nouveau succès qui poussera le cinéaste à poursuivre avec le film "le Boss" (1973) qui clôturera ainsi sa trilogie "The Italian Connection"... Un parrain qui règne sur la mafia entre New-York et Milan engage deux tueurs américains pour qu'ils trouvent et tuent un certain Luca Canali vers qui tout prouve qu'il serait le coupable d'une disparition d'un chargement de drogues. Les deux tueurs arrivent à Milan et mettent la pression du chef en charge de la région de Milan pour retrouver Luca Canali un proxénète connu sur le secteur. Mais ce dernier n'a pas l'intention de se laisser faire alors qu'il ne semble pas savoir pourquoi on le recherche...
Luca Canali est incarné par Mario Adorf qui était déjà sur "Milan Calibre 9" (1972), acteur germanbo-suisse vu auparavant dans des films comme "Les Mutins du Yorik" (1959) de Georg Tressler, "Major Dundee" (1965) de Sam Peckinpah, "L'Oiseau au Plumage de Cristal" (1970) de Dario Argento ou "Les Aventures de Pinocchio" (1972) de Luigi Comencini. Les deux tueurs sont incarnés par Henry Silva grande gueule abonnée au rôle de méchant de "Bravados" (1958) de Henry King à "Ghost Dog : la Voie du Samouraï" (1999) de Jim Jarmush en passant par "Un Crime dans la Tête" (1962) de John Frankenheimer ou "Virus" (1980) de Kinji Fukasaku, puis Woody Strode révélé avec "Spartacus" (1960) de Stanley Kubrick et "Le Sergent Noir" (1960) de John Ford, puis surtout connu et reconnu depuis "Les Professionnels" (1966) de Richard Brooks et "Il Etait une Fois dans l'Ouest" (1968) de Segio Leone. Citons ensuite Adolfo Celi vu entre autre en France dans "L'Homme de Rio" (1963) et "Le Roi de Coeur" (1966) tous deux de Philippe De Broca ou "Un Condé" (1970) de Yves Boisset, il retrouve après le 007 "Opération Tonnerre" (1965) de Terence Young sa partenaire et James Bond Girl Luciana Paluzzi remarquée auparavant dans "Le Tigre du Bengale" (1959) de Fritz Lang ou "Le Vice et la Vertu" (1963) de Roger Vadim. Chez les hommes citons Franco Fabrizi révélé chez Federico Fellini avec "Les Vitelloni" (1953) et "Il Bidone" (1955) puis vu dans "L'Homme Orchestre" (1970) de Serge Korber ou "Mort à Venise" (1971) de Luchino Visconti, Peter Berling remarqué dans "L'Amour est plus Froid que la Mort" (1969) de Rainer Werner Fassbinder et "Aguirre la Colère de Dieu" (1972) de Werner Herzog, Cyril Cusack vu dans plus de 100 films entre "Knocknagow" (1918) de Fred O'Donovan à "Horizons Lointains" (1992) de Ron Howard en passant par "Huit Heures de Sursis" (1947) de Carol Reed, "Oedipe Roi" (1967) de Pier Paolo Pasolini ou "1984" (1984) de Michael Radford, Gianni Macchia vu dans "Une Jeune Fille nommée Julien" (1970) de Tonino Valerii et "Les Gouapes" (1971) de Sergio Corbucci, Andrea Scotti vu dans "La Reine des Barbares" (1960) de Sergio Grieco, "Don Camillo Monseigneur" (1961) de Carmine Gallone ou "Journée Noire pour un Bélier" (1971) de Luigi Bazzoni, sans compter un petit rôle pour le réalisateur lui-même. Chez les femmes citons Sylvia Koscina vue entre autre dans "Michel Strogoff" (1956) de Carmine Garrone, "Hercule et la Reine de Lydie" (1959) de Pietro Francisci ou "L'Arme à Gauche" (1964) de Claude Sautet, Francesca Romana Coluzzi vue dans "La Ligne de Feu" (1971) de Valentino Orsini ou "Sex Shop" (1972) de et avec Claude Berri, Femi Benussi remarquée dans "Des Oiseaux, Petits et Gros" (1966) de Pier Paolo Pasolini et vue depuis dans "Une Hache pour une Lune de Miel" (1970) de Mario Bava ou "Les Mille et Une Nuits Érotiques" (1972) de Antonio Margheriti, et enfin Lara Wendel qui deviendra plus populaire par la suite avec notamment "Jeux Interdits de l'Adolescence" (1977) de Pier Giuseppe Murgia, "La Petite Fille en Velours Bleu" (1978) de Alan Bridges ou "Identification d'une Femme" (1982) de Michelangelo Antonioni... D'emblée on adore ce duo de tueurs qui imprègne la pellicule de leur charisme, deux gueules habituées aux seconds rôles qui sont ici les deux âmes damnés de ce polar-spaghetti incarné avec classe par Henry Silva et Woody Strode ; un duo qui a aussi marqué un certain Tarantino, alors que le film précédent était selon lui "Le meilleur thriller italien de tous les temps", le réalisateur s'est aussi inspiré de ce duo pour son propre duo culte de Jules Winnfield et Vincent Vega alias Samuel L. Jackson et John Travolta dans "Pulp Fiction" (1994).
Le réalisateur semble avoir accentué le style de "Milan Calibre 9", une caméra nerveuse et un rythme effréné avec une musique qui donne le ton bien qu'un peu moins inspirée. Le style pourrait presque faire penser à une histoire tournée en temps réel, en urgence ce que pourrait faire soupçonner aussi la courte durée du film avec seulement 1h20. Bien que ce soit un polar contemporain de nombreux codes du western spaghetti sont donc repris comme la violence gratuite et/ou gore, la soumission de la femme, l'anarchie, les différentes pulsions qui sont libérées... etc... Le jeu du chat et de la souris est parfaitement maitrisé, le double jeu et le suspense bien menés malheureusement pas jusqu'au bout à cause d'un rebondissement peu cohérent qui casse un peu la dynamique. En effet, alors que l'un des protagoniste devient fou furieux suite à un drame se calme à un moment illogique et arrive à tergiverser alors que justement sa rage devrait exploser une fois de plus. Quelques minutes qui gâche un peu le film alors que le duo américain et le chrono était excellent et menait le film vers les sommets du genre. Néanmoins, le film est d'une efficacité redoutable et reste un cran au-dessus de "Milan Calibre 9" ce qui est prometteur pour le 3ème opus à venir.
Note :