Premier long métrage de Lisa Diaz, ex-étudiante en Lettres et Histoire qui a bifurqué vers le cinéma, bien lui en a fait puisqu'elle poursuit son petit bonhomme de chemin après deux courts métrage remarqués avec "La Place du Maure" (2012) et "Ma Maison" (2016). Son histoire se déroule en 1982-83, pas un hasard : "Cette question de la transmission politique m'intéresse. Elle se posait de façon double à cette période-là, entre ceux qui ont expérimenté le mouvement du retour à la nature ; et les derniers feux de la lutte armée incarnés dans le film par l'activiste italien. Qu'est-ce que ça questionne en termes d'espoir ? Où en est l'utopie ? C'est ce moment de bascule du début des années 80 que je voulais raconter à l'intérieur d'une famille de gauche, qui se pose des questions sur leur engagement. (...) 82-83, c'était une période de doute, de tiraillement. Ca résonne complètement avec ce que nous vivons aujourd'hui. Qu'est-ce qu'on lègue à nos enfants ? Comment imaginer une utopie actuellement ? Comment sortir du capitalisme ?" Notons que la réalisatrice a posé ses caméras dans les Cévennes où elle a grandit, aussi parce que la Lozère avait alors une des plus fortes communautés de "retour à la terre" dans les années 70-80. Lisa Siaz co-signe le scénario en collaboration avec René Ballesteros surtout connu pour son documentaire "La Quemadura" (2010), Clara Bourreau scénariste de plusieurs séries TV et surtout du film "Fidelio, l'Odyssée d'Alice" (2014) de Lucie Borleteau, puis avec Anne-Louise Trividic qui a été entre autre scénariste des films "Intimité" (2001), "Son Frère" (2003) et "Gabrielle" tous de Patrice Chéreau... 

Été 1982, Garance a 11 ans et vit avec sa famille dans un hameau reculé des Cévennes où ses parents mènent une vie alternative proche de la nature. Le quotidien est une routine bien rodée jusqu'à ce que les actualités  viennent chambouler leur petite vie tranquille. Deux activistes italiens auraient braqué une banque des environs, cet événement va avoir des répercussions inattendues dans la vie de la famille et de Garance... Garance est interprétée par la jeune Azou Gardahaut Petiteau, tandis que sa meilleure amie est jouée par Jeanne Vallet de Villeneuve, toute deux dans leur première apparition sur un écran. Les parents sont incarnés par Laetitia Dosch vu récemment dans "Irréductible" (2022) de et avec Jérôme Commandeur et "En Même Temps" (2022) du duo Benoît Delépine-Gustave Kervern, puis Grégory Montel vu dans "Les Parfums" (2020) de Grégory Magne, "Rose" (2021) de Aurélie Saada, "Chère Léa" (2021) de Jérôme Bonnell puis retrouve après "Moi, Maman, ma Mère et Moi" (2019) de Christophe Le Masne sa partenaire Lolita Chammah vue dernièrement dans "At Eternity's Gate" (2018) de Julian Schnabel, "La Fête des Mères" (2018) de Marie-Castille Mention-Schaar et "Une Fille Facile" (2019) de Rebecca Zlotowski. Citons ensuite l'acteur italien Simone Liberati vu dans "Suburra" (2015) de Stefano Sollima, "Coeurs Purs" (2017) de Roberto De Paolis et "La Regolas D'Oro" (2020) de Alessandro Lunardelli, puis enfin Pascal Miralles acteur méconnu aperçu dans la série TV "Un si Grand Soleil" (2019-2021) ainsi qu'un petit rôle dans "Persona Non Grata" (2019) de et avec Roschdy Zem... Une immersion dans une époque où l'espoir apporté par l'arrivée au pouvoir de la Gauche et de Mitterrand s'est avéré une chimère, où comment en 1982 le rêve est déjà déçu. Au sein d'une famille post-soixante huitarde, teintée d'écolo-gaucho façon beatnik anar la petite Garance s'ouvre au monde et s'intéresse aux actualités qui bousculent les adultes qui l'entourent. 

La gamine de 11 ans tente de savoir ce qui se passe, désire même aidée tant elle croit comprendre les tenants et aboutissants, au point, que qu'elle va avoir le courage d'aider un fugitif. La voici donc un peu victime du syndrome de Stockholm, version enfant-adulte comme le cinéma a déjà pu aborder ce genre de relation comme par exemple "Après la Guerre" (1989) de Jean-Loup Hubert. Tandis qu'elle pense apporter sa petite pierre à la révolution les adultes refont le monde sans franchement assumer et réagir selon leurs idées. La réalisatrice choisit un style très réaliste, au grain idéal très années 80 sans être démonstratif, pour une chronique adolescente touchante et juste qui prend pourtant le contre-pied des habituels film du genre où l'ado passe un cap, grandit, et finalement emprunte un parcours initiatique bien trop ambitieux pour elle. Par contre il y a des détails qui gênent, comme un fugitifs qui n'a pas l'air de stressé plus que ça quand il tombe sur la gamine, également on ne comprend pas très bien pourquoi les gendarmes assaillent la famille pour ensuite disparaître du récit. Dans l'ensemble c'est un joli film mais il manque un véritable enjeu ou un chemin qui nous emmène vers une conclusion plus constructive. 

Note :