À ne pas confondre avec les adaptations du roman "Les Grandes Espérance" (1864) de Charles Dickens. Troisième long métrage de Sylvain Desclous après "Vendeur" (2016) et le documentaire "La Campagne de France" (2022). Le cinéaste explique son objectif : "Le film peut être aussi vu comme la naissance d'une femme politique, et pourquoi pas d'une prochaine présidente. J'ai eu comme objectif, dans toute la démarche de fabrication du film, de toucher, de bousculer, tout en proposant un récit qui rejoigne des thématiques qui me semblent centrales : quelle place occupe-t-on dans la société ? Comment en changer ? Quels espoirs peut-on placer dans ce déplacement ? Comment composer avec son milieu social d'origine ? Comment avancer sans se renier ?" Le réalisateur-scénariste co-signe le scénario avec Pierre-Erwan Guillaume qui a écrit entre autre "Haut les Coeurs" (1999) et "Stormy Weather" (2003) tous deux de Solveig Anspach, ainsi que son propre premier film avec "L'Ennemi Naturel" (2004) de Pierre Erwan Guillaume... Brillante et ambitieuse idéaliste, Madeleine se prépare à l'ENA. Amoureuse de Antoine, ils partent ensemble en Corse mais un matin sur une route déserte le couple connaît une altercation qui tourne au drame. Le couple décide de taire le drame et de ne plus jamais en parler. Quelques temps plus tard, alors que l'un et l'autre grimpe les échelons dans les hautes sphères du pouvoir, leur secret va refaire surface...
Madeleine est incarnée par l'une des perles de la nouvelle génération du cinéma hexagonal Rebecca Marder vue récemment dans "La Grande Magie" (2023) de et avec Noémie Lvovsky et "Mon crime" (2023) de François Ozon, Antoine est interprété par Benjamin Lavernhe vu dans "Les Engagés" (2022) de Emilie Frèche et "Le Sixième Enfant" (2022) de Léopold Legrand. Citons ensuite Emmanuelle Bercot, réalisatrice de "De son Vivant" (2021) et actrice vue dernièrement dans "Ma Nuit" (2022) de Antoinette Boulat et "Goliath" (2022) de Frédéric Tellier, Marc Barbé vu dans "Eva" (2018) de Benoît Jacquot, "Frères Ennemis" (2018) de David Oelhoffen ou "Le Temps des Secrets" (2022) de Christophe Barratier, Pascal Elso acteur fétiche de Jean-Daniel Verhaeghe qui retrouve Sylvain Desclous après "Vendeur" (2016) et vu depuis dans "Maigret" (2022) de Patrice Leconte ou "Simone, le Voyage du Siècle" (2022) de Olivier Dahan après lequel il retrouve Rebecca Marder, Jean-Emmanuel Pagni aperçu surtout à la télévision et au cinéma dans "Le Silence" (2004) de Orso Miret ou "Un Prophète" (2009) de Jacques Audiard, Pascal Rénéric vu récemment dans "Notre-Dame de Paris" (2022) de Jean-Jacques Annaud, "Les Femmes du Square" (2022) de Julien Rambaldi ou "Le Parfum Vert" (2022) de Nicolas Pariser, puis enfin n'oublions pas de façon plus inattendue un certain Thomas Thévenoud, ironiquement dans le rôle d'un ministre pour cet ex-secrétaire d'état avec un des mandats les plus courts de la République sui te à sa "phobie administrative" qui le mènera tout de même à une condamnation pour fraude fiscal en 2019... Le film débute avec un dîner un peu pompeux, et donc qui paraît un peu long. Ce début va s'avérer symptomatique du reste tant l'intrigue va s'étaler de tout son long. Après le drame forcément attendu le film s'attarde sur tout un pan politique qui pourrait être passionnant si ne c'était un chouïa hors sujet. Pendant la moitié du film on est donc dans un autre film, une autre intrigue, un film politique sur les coulisses d'un loi et d'une guerre entre un ministre et une députée (magnifique Emmanuelle Bercot !).
Mais au final on se demande pourquoi cette pause très longue avant de reprendre le fil qui nous intéresse, celui du drame, des causes et conséquences politiques certes mais aussi et surtout psychologiques et amoureux, peut-être même sera-t-il question de remords ou de culpabilité ?! Quand enfin le couple doit se confronter à leur "accident" le film redevient attrayant, et la dualité avec la lutte politique donne de la densité au récit avec en prime les meilleures scènes du film avec un père aussi discret que touchant (magnifique Marc Barbé). Mais avoir attendu si longtemps pour être intéressé que par la seconde partie est un peu frustrant. On comprend la dimension de l'ambition politique qui façonne l'action-réaction du couple pour sauver leur avenir mais il aurait fallu intégrer beaucoup plus l'un dans l'autre plutôt que ces 35-40mn où seul le travail et combat politique monopolise le récit occultant un peu trop les effets de l'"accident". Ensuite, les deux premières auditions sont bancales, comment croire que les enquêteurs n'auraient pas tiquer à deux versions aussi différentes ?! Néanmoins, on reste plutôt pris dans l'intrigue principal (beaucoup moins par le duel politique), et les performances des acteurs n'y sont pas pour rien, tant la détresse psychologique du couple est logique et crédible et que le soutien et l'amour de la mentor politique et du père sont touchants. Dommage que le film met trop de temps à réellement démarrer, dommage que la partie politique soit si peu intégrer à l'intrigue principale. Mais le pire, c'est que quand on relit (premier paragraphe) l'idée du réalisateur on se demande pourquoi il n'est pas rester sur une sorte de thriller politique plutôt que cette intrigue policière qui semble confirmer le hors sujet.
Note :
12/20