Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le vent de la plaine » de John Huston.
« Que Dieu te vienne en aide, Ben. Car personne ici ne t’aidera. Tu vas tout perdre pour rien. »
Au cours d’un raid de représailles contre une tribu, un fermier sauve un bébé indien du massacre. Ce bébé, il le confie à sa femme qui l’élève comme s’il était le sien, cachant le secret de ses origines à tous, y compris à ses trois frères. Des années plus tard, la vérité la concernant se répand comme une trainée de poudre. Pour les Blancs, pas question d’accepter qu’une peau rouge vive parmi eux. Pour les Indiens, elle doit retrouver les siens, de gré ou de force…
« L’homme reste où il a pris racine. Il ne se laisse chasser ni par les Kiowas, ni par personne d’autre ! »
Fils du célèbre acteur Walter Huston, John Huston débute sa carrière dans l’industrie cinématographique en étant d'abord scénariste avant de passer derrière la caméra au début des années 40. Fin lettré, il puise le plus souvent son inspiration dans la littérature en portant nombre de romans à l’écran. S’il s’impose rapidement comme une grande figure du film noir (« Le faucon maltais », « Key Largo », « Quand la ville dort ») et du film d'aventures (« Le trésor de la Sierre Madre », « L’odyssée de l’African Queen », « Moby Dick »), son œuvre est avant tout marquée par les tourments intérieurs et les dilemmes moraux de ses personnages. Alors qu'il est déjà dans le circuit depuis presque deux décennies et que son succès n'est plus à faire, il aborde le tournant des années 50 par une série de films curieusement mortifères: après « Les racines du ciel » (1958, sur les massacres d'éléphants, d'après Romain Gary) et avant « Les désaxés » et « Freud passions secrètes », il signe ainsi l'un des très rares westerns de sa filmographie, « Le vent de la plaine » en 1960. Un film initié et produit par Burt Lancaster, que devait initialement réaliser Delbert Mann avant d'être finalement remplacé par John Huston. Marqué par un tournage chaotique au Mexique (Audrey Hepburn fera notamment une mauvaise chute a cheval qui lui déclenchera une fausse couche), il sera considéré par le cinéaste comme le plus mauvais film de sa filmographie.
« Est-ce que c’est dur de mourir ? »
Et pourtant... Le projet trouve son origine dans le succès de « La fille du désert », western antiraciste sulfureux et marquant signé par John Ford quelques mois plus tôt. Et qui pousse le progressiste Burt Lancaster à vouloir creuser ce sillon en adaptant un autre roman de l'écrivain Alan Le May. Ce sera « Le vent de la plaine », dont la trame scénaristique pourrait être la même que celle de « La prisonnière du désert » mais de façon inversée: l'enjeu n'est pas ici de récupérer une jeune femme blanche enlevée et élevée par les indiens mais de garder une jeune indienne enlevée et élevée par et parmi des blancs. Ce qui attisera à la fois la violence des indiens voulant récupérer l'une des leurs autant que celle des blancs ne voyant en elle qu'une misérable squaw. Seulement voilà, un bon postulat ne suffit pas toujours à faire un grand film. Et en dépit de quelques belles idées mal exploitées (la fantasmagorie du mystérieux cavalier rôdeur, les sublimes plans de la famille jouant du piano au bord du ruisseau), le film tourne un peu en rond, se perdant dans un mélodrame un peu trop appuyé et très démonstratif. Surtout, il semble passer un peu a côté de son sujet. Ainsi, son final, qui reprend efficacement la thématique au demeurant classique du siège, donne surtout lieu à un massacre d'indiens. Le talent de metteur en scène de John Huston et surtout la qualité de son casting pourtant très éclectique (Lancaster, Hepburn, la vétérane Lilian Gish, mais aussi Audie Murphy qui remplace ici au pied levé Richard Burton) permettent de sauver les meubles et d'assurer l'essentiel pour maintenir l'intérêt du spectateur. Mais sur le fond, le film est mal structuré, trop long et un peu hors sujet. Un Huston somme toute plutôt mineur, qui laisse le regret de passer a côté d'un film qu'on aurait aimé adorer.
**
Le DVD : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de trois présentations respectivement signées par Patrick Brion, Jean-François Giré ainsi que par François Guérif.
Édité par Sidonis Calysta, « Le vent de la plaine » est disponible dans la Collection Silver en combo blu-ray + DVD ainsi qu’en édition DVD seul depuis le 9 décembre 2022.
Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.