Du charme et des larmes
Ce film est un retour aux sources pour Sam Mendes, au cinéma intimiste qui l’a fait connaitre et dont il s’était éloigné. A l’instar de ces comparses (Damien Chazelle, Paul Thomas Anderson et Steven Spielberg), lui aussi, décide de mettre à l’honneur le 7ème art à travers ce film. « Empire of light », le bien nommé, est un cinéma Art Déco tout autant désuet qu’il est magnifique et magique, au sein duquel se déroulera l’intrigue. Ce cinéma sent la fin de règne du cinéma, et à travers ce film, Sam Mendes tient à montrer au combien le 7ème art est porteur de valeurs morales, de partage, d’amour et d’humanité. Au moment où les plateformes individualisent la consommation de fiction filmées, il met en avant la dimension collective de la salle. Comme Spielberg, il met aussi un peu de lui-même dans ce récit avec un personnage principal proche de sa propre mère, une femme bipolaire.
Sam Mendes est toujours aussi habile pour mettre en image une histoire, l’atmosphère ouatée des salles et le romantisme fou des relations humaines sont transcendées par un talent énorme de la mise en scène. C’est un film d’ambiance formidable, on aurait envie de connaitre les personnages du film et fréquenter ces lieux.
De fait, on aurait aimé voir un chef d’œuvre, mais l’inexpérience à l’écriture de Sam Mendes qui écrit ici son premier scénario se ressent bien malheureusement. Son thème central serait la magie du cinéma, ou une romance, ou le racisme ambiant, ou la précarité mentale, ou le sort fait aux femmes par les hommes ; et bien tous ces thèmes à la fois, et au bout du compte, aucun. Son scénario ne parvient pas à faire cohabiter tous ces thèmes, et prenant du recul, le film ressemble à un très élégant fourre-tout artificiel.
Cependant l’émotion affleure tout le long du film grâce à un beau duo formé par Olivia Colman et Michael Ward.
Trop dommage d’avoir presque réussi le pendant de « American beauty ».
Sorti en 2023
Ma note: 15/20