[CRITIQUE] : Ailleurs si j'y suis

[CRITIQUE] : Ailleurs si j'y suis

Réalisateur : François Pirot

Acteurs : Jérémie Renier, Suzanne Clément, Jean-Luc Bideau, Samir Guesmi,...
Distributeur : UFO Distribution
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h43min
Synopsis :
Alors que sa famille et son métier le mettent sous pression, Mathieu, sur un coup de tête, s’enfonce dans la forêt devant chez lui. Et y reste. Face à cette démonstration de liberté, ses proches s’interrogent… Sur lui, sur eux-mêmes, sur le sens de leur vie… Et s’il avait raison ?

Critique :

Conte existentiel tendrement décalé scrutant de manière chorale les répercussions d'une décision incompréhensible d'un homme fatigué sur son entourage, #AilleursSiJySuis ne se fait jamais moraliste et embrasse un surréalisme enchanteur, constamment à la lisière de l'absurde. pic.twitter.com/9Jk7uUVUI4

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 30, 2023

Comédien discret mais pas moins omniprésent dans un paysage francophone où il a plus que fait son trou, Jérémie Renier roule sa bosse depuis plus de deux décennies maintenant avec une régularité qui force intimement le respect, cravachant pour donner le maximum autant chez des nouveaux venus (Clément Cogitore, Charlène Favier, Nicolas Giraud,...) qu'à la distribution de ce que les cinémas français et belges ont de meilleurs : Jaco Van Dormael, les frères Dardenne, François Ozon, Christophe Gans, Bertrand Bonello, Patricia Mazuy, Joachim Lafosse où encore Olivier Assayas et Xavier Beauvois.
Le genre de talent qui peut pleinement justifier à lui seul un déplacement dans une salle obscure, tout comme la merveilleuse Suzanne Clément.
Ça tombe bien, c'est le couple vedette du second long-métrage du cinéaste belge François Pirot, qui a pris plus d'une décennie après son Mobil-Home, pour s'atteler à ce que l'on surnomme plus communément le film de la " confirmation " - il a entretemps donné de sa plume pour son compatriote Joachim Lafosse.

[CRITIQUE] : Ailleurs si j'y suis

Copyright UFO Distribution


Plus qu'une confirmation, Ailleurs si j'y suis se fait une belle affirmation que son écriture n'a rien perdu de sa verve même lorsqu'il prêche pour sa propre paroisse (il a co-écrit le scénario avec Emmanuel Marre, l'un des membres du binôme gagnant derrière le génial J'en ai rien à foutre), tant il signe ici un petite évasion lunaire et belge jusqu'au bout de la pellicule, un sympathique feel good movie prônant le lâcher-prise au coeur d'une société contemporaine déshumanisée et déshumanisante, où tout va tellement trop vite qu'il faut sensiblement s'oublier pour suivre un minimum la cadence.
Au bord du divorce et de la dépression, la faute à un boulot anxiogène qui lui pompe toute son énergie, Mathieu décide de ne plus donner le bâton pour se faire battre mais surtout de ne plus s'oublier : en suivant un jour un cerf dans la forêt, il décide de faire comme lui et de vivre en pleine nature, délesté de toute emprise et de toute pression sociale, pour retrouver un peu d'apaisement et de goût pour la vie...
Pas forcément finaud sur le papier, le message dégainé par Pirot n'en est pas moins limpide : un retour à la simplicité et à la nature, renouer avec une liberté perdue et vider le vase du burn-out avant qu'il ne déborde pour de bon.

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Conte existentiel tendrement décalé et mélancolique, scrutant de manière chorale les répercussions d'une décision incompréhensible mais vitale d'un homme fatigué sur tout son entourage (les poussant également à leur propre introspection), Ailleurs si j'y suis ne se fait jamais moraliste pour un sou (pas même dans sa manière d'observer notre rapport à la nature et à l'autre) et embrasse un surréalisme enchanteur, constamment à la lisière de l'absurde et de la satire sans pour autant perdre une once de sa douce folie poétique.
Récit d'une émancipation forcée d'un quotidien embaumé par la confusion d'une société contemporaine tout autant à la ramasse, le film se fait une évasion burlesque et douce-amère tout en étant pertinente dans son regard sur notre présent dépressif.
Et si nous aussi, nous revenions tout simplement à l'essentiel avant d'imploser ?
Jonathan Chevrier
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