Un producteur historique, Hal B. Wallis avec à son actif près de 400 films depuis "Le Petit César" (1931) de Mervyn LeRoy, décide de produire la suite d'un succès historique, "100 Dollars pour un Shérif" (1969) de Henry Hathaway qui offrit ainsi le seul Oscar au monstre sacré du western John Wayne. Et pour écrire cette histoire, le producteur offre le scénario à Martin Julien, pseudo de son épouse, une certaine Martha Hyer, ce sera le seul scénario pour le cinéma de cette ancienne actrice star vue entre autre dans "Comme un Torrent" (1958) de Vincente Minnelli ou "La Poursuite Impitoyable" (1966) de Arthur Penn. Le couple Wallis-Hyer retrouve aussi John Wayne après un autre western, "Les Quatre Fils de Katie Elder" (1965) de Hathaway déjà. Pourtant ce n'est pas ce dernier qui signe cette suite mais l'inconnu Stuart Millar, ancien producteur entre autre de "L'Evadé d'Alcatraz" (1962) de John Frankenheimer et "Little Big Man" (1970) de Arthur Penn, et qui est passé à la réalisation avec le western "Quand Meurent les Légendes" (1972) avec Richard Widmark. Ce film voit le retour de John Wayne, forcément, mais la star est malade, après avoir survécu à un cancer des poumons dans les années 60, il lutte désormais contre un cancer de l'estomac. Ce film sera son avant-dernier avant "Le Dernier des Géants" (1979) de Don Siegel et à une époque où le western est en fort déclin le film ne connaîtra pas franchement le succès... Le shérif Rooster Cogburn est toujours le plus redouté du métier mais les années passent et cette fois le juge profite de l'issue meurtrière de sa dernière mission pour le mettre à la retraite. Mais un gang bien connu a volé une cargaison de nitro-glycérine pour servir à un braquage. Le juge rappelle Cogburn trop content de retourner chasser des gangsters qu'il connaît bien. Mais lors de sa quête il rencontre une femme pieuse qui va s'imposer pour l'aider à pourchasser les meurtriers...
Rooster Cogburn est donc incarné une seconde fois par le monstre sacré John Wayne, roi du western grâce à des chefs d'oeuvres dont les plus beaux sont signés soit de John Ford comme "La Prisonnière du Désert" (1956) ou "L'Homme qui tua Liberty Valance" (1962), soit de Howard Hawks avec "La Rivière Rouge" (1948) et "Rio Bravo" (1959). Sa partenaire est une autre géante du Septième Art, Katherine Hepburn qui a conquis Hollywood avec plusieurs films de George Cukor, mais citons aussi "L'Impossible Monsieur Bébé" (1938) de Howard Hawks ou "Soudain l'Eté Dernier" (1959) de J.L. Mankiewicz. Citons ensuite Richard Jordan révélé dans les westerns "L'Homme de la Loi" (1971) et "Les Collines de la Terreur" (1972) tous deux de Michael Winner, Anthony Zerbe grande gueule du cinéma vu dans "Will Penny le Solitaire" (1968) de Tom Gries, "Traître sur Commande" (1970) de Martin Ritt et "Papillon" (1973) de Franklin J. Schaffner, il retrouve après "Juge et Hors-la-Loi" (1972) de John Huston l'acteur Jack Colvin vu dans "On achève bien les Chevaux" (1969) et "Jeremiah Johnson" (1972) tous deux de Sydney Pollack, il retrouve aussi après "Le Survivant" (1971) de Boris Sagal son partenaire Paul Koslo vu dans "Point Limite Zero" (1971) de Richard C. Safarian ou "Joe Kidd" (1972) de John Sturges. Citons encore John McIntire grand second couteau vu dans de nombreux westerns comme "Winchester 73" (1950) de Anthony Mann, "Coup de Fouet en Retour" (1956) de John Sturges ou "Les Deux Cavaliers" (1961) de John Ford, Strother Martin vu dans de nombreux westerns retrouvant ainsi John Wayne après "L'Homme qui tua Liberty Valance" (1962), "Le Grand McLintock" (1963) de Andrew V. McLaglen et "Les Quatre Fils de Katie Elder" (1965) et "Cent Dollars pour un Shérif" (1969), à l'instar de Andrew Pine vu chez McLaglen dans "Bandolero !" (1968), "La Brigade du Diable" (1968) et "Chisum" (1970) après lequel il retrouve également John Wayne, puis enfin Lane Smith vu plus tard dans "Network" (1976) de Sidney Lumet, "Blue Collar" (1978) de Paul Schrader ou "L'Aube Rouge" (1984) de John Milius... Voici un western méconnu, mais surtout mésestimé et qui gagnerait à être revu tant il a des qualités presque surprenantes pour un western classique, voir même "old school" alors que le genre est déjà moribond survivant uniquement par quelques éclats du spaghetti et grâce à Clint Eastwood. Pourtant ce film a deux grands atouts. Le plus évident est évidemment la réunion de deux géants, deux monstres sacrés de l'Âge d'Or de Hollywood, John Wayne et Katherine Hepburn qui ont exactement le même âge à 15 jours près, qui ont atteint le haut de l'affiche sensiblement à la même époque mais qui n'avaient jamais tourné ensemble malgré près de 5 décennies de cinéma derrière eux ; sans doute leurs divergences d'opinion ont-elles pu jouer, monsieur Wayne étant clairement très à droite contrairement à madame Hepburn, ce qui a été particulièrement flagrant lors du Maccarthysme (Tout savoir ICI !).
Mais l'eau a coulé sous les ponts et voici que les deux stars partagent l'affiche d'un western, genre auquel l'actrice a peu goûté mais le scénario a pu lui rappeler quelques souvenirs car clairement, ce film reprend évidemment beaucoup de "100 Dollars pour un Shérif" (1969) mais avec une bonne dose du film "African Queen" (1951) de John Huston, grand succès où Hepburn partageait l'affiche avec Humphrey Bogart en vieux bougon cynique porté sur la bibine... Cela vous rappelerait-il pas quelqu'un ?! Le parallèle est évident et la petite ironie du sort est plutôt savoureuse. Le paramètre de l'âge rajoute une tendresse non négligeable. L'autre bel atout, peut-être plus surprenant, repose sur la qualité des dialogues. Pas tous mais ceux entre la soeur/Hepburn et Cogburn/Wayne sont excellents et offrent des joutes savoureuses et des répliques aussi drôles que touchantes. Ce sont vraiment les meilleures scènes du film, bien aidés, autre heureuse surprise, par une jolie osmose entre les deux acteurs, complices comme on n'aurait jamais pu l'imaginer. Par contre, faut bien l'avouer, l'intrigue autour du gang est râtée et sans grand intérêt. Voler toute un cargaison de nitro-glycérine alors que quelques flacons suffisaient c'est aussi ridicule que stupide. Les scènes d'action sont tout aussi peu inspirées à l'exception d'un tir féminin. Bref, nous préférons donc le côté "romance" complètement décalé entre un John Wayne incarnant comme on l'aime un Rooster Cobgurn borgne, alcoolo, cynique et vieillisant face à une Katherine Hepburn grenouille de bénitier mais qui ne tend pas l'autre joue. Un western façon péché mignon à voir et à conseiller neserait-ce que pour ce duo improbable. Note généreuse !
Note :
16/20