Sandrine Kiberlain, après 30 ans devant la caméra, passe derrière pour un premier long métrage librement inspiré de sa propre histoire familiale. Sous la France de l’Occupation, une jeune fille juive de 19 ans ne vit que pour sa passion, le théâtre ; faisant fi du contexte répressif touchant sa communauté ; insouciance de la jeunesse. Pour bien montrer cette insouciance d’Irène, Kiberlain laisse hors champs l’occupant allemand tout au long du film. Ce choix est adapté à la psychologie d’Irène ; sans être naïve, elle préfère se cantonner dans un déni qui la rassure et lui permet de vivre pleinement sa passion. Son optimisme et sa vitalité sont parfaitement mis en valeur par la mise en scène mais surtout par sa jeune actrice Rebecca Marder, assurément la relève du cinéma français. Sociétaire de la Comédie Française, elle est de chaque plan et irradie tout le film par sa présence, l’intensité de son jeu, sa vista comique ; elle est ciné génique à souhait. Au terme du film, on retient plus la prestation de l’actrice que le film en lui-même ; il est donc à classer dans la catégorie fourre-tout, « Film d’actrice ». Le film en lui-même souffre de quelques maladresses d’écriture dans les dialogues, dans la mise en abyme théâtre et vie, dans des pistes narratives abandonnées en cours de route sans explication (le partenaire de scène d’Irène disparait de la circulation) ; et un final fort qui m’a laissé pantois. Et enfin, le film souffre de prise de liberté avec la réalité historique.
Un beau moment de cinéma avec une actrice crevant l’écran que l’on aura plaisir à revoir ; son père était aussi de la partie, côté musique, pour une bande son d’une élégance rare à l’image de sa fille.
Sorti en 2022
Ma note: 13/20