[CRITIQUE] : Normale

[CRITIQUE] : NormaleRéalisateur : Olivier Babinet
Acteurs : Justine Lacroix, Benoît Poelvoorde, Joseph Rozé,...
Distributeur : Haut et Court
Budget : -
Genre : Comédie dramatique, Drame, Comédie.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h29min.
Synopsis :
D'après la pièce Le Monstre du couloir (Monster in the Hall) de David Greig.
Lucie a 15 ans et une imagination débordante. Elle vit seule avec William, son père, qui, sous ses abords d’adolescent attardé, lutte contre la sclérose en plaques. Entre le collège, un petit boulot et la charge du quotidien, Lucie gère tant bien que mal, et s’échappe dans l’écriture d’un roman autobiographique fantasque, qui navigue entre rêve et réalité… L’annonce de la visite d’une assistante sociale va bousculer cet équilibre précaire. Lucie et son père vont devoir redoubler d’inventivité pour donner l’illusion d’une vie normale.

Critique :

En apparence,#Normale ne vogue pas plus loin que les récits mélodramatiques et socio-realistes des Dardenne et pourtant, une vraie magie tendre s'en dégage, que ce soit par la grâce du duo Lacroix/Poelvoorde où son humanité à toute épreuve, dénuées de tout misérabilisme putassier pic.twitter.com/8ctYXwPoJK

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 7, 2023

On avait laissé le cinéma gentiment décalé d'Olivier Babinet avec une belle petite pépite peu de temps après la réouverture des salles suite à la pandémie du Covid-19 : Poissonsexe, tragi-comédie absurde et mélancolique, qui traite du drame écologique mondial avec une distance et une retenue étonnante (qui tranche avec l'urgence de la réalité), un vrai petit bout de cinéma surréaliste et doux dingue, pas si éloigné de la singularité géniale de Quentin Dupieux, dans son regard poético-rustre de l'humanité (ou la sexualité n'est plus synonyme de plaisir, mais uniquement de procréation), mais surtout dans son portrait d'un homme qui doit pousser les autres - animaux - à se reproduire, alors que lui-même ne voit aucune possibilité de le faire pour sa propre personne.
Moins de trois ans plus tard, c'est toujours dans le giron de la comédie qu'il s'exprime à nouveau avec le résolument moins décalé Normale, où il semble avoir sensiblement mis de côté sa fibre poétique (bien accompagnée il est vrai sur son précédent effort, par le fantastique tandem Gustave Kervern/India Hair) pour voguer sur une voie plus réaliste mais pas moins captivante, de la fable mélodramatique et socialo-pimenté so Dardennienne - avec même une pointe de fantastique.

[CRITIQUE] : Normale

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Il y arpente même sur la pointe des pieds la voie complexe du teen movie, au travers de l'initiation à la vie d'adulte d'une adolescence dont le quotidien n'a in fine rien de " normal " comme l'annonce le titre, elle qui est tiraillée entre une socialisation difficile au sein d'un univers scolaire où elle est marginalisée (autant pour son apparence physique que pour sa difficulté à se connecter aux autres), et un bousculement des rapports de force au sein de sa propre cellule familiale (elle est plus qu'une fille pour son père malade, atteint de sclérose en plaques, qu'elle doit constamment aider et materner, bouée essentielle à sa survie).
Pas de quoi péter dans la soie de l'originalité donc, d'autant qu'au-delà d'une bonne poignée de clichés dégainés à l'aveugle, cette chronique familiale/adolescente s'ankylose d'une voix-off narrative plus redondante qu'autre chose.
Et pourtant, la magie opère, que ce soit par la grâce de la partition lumineuse de la jeune Justine Lacroix (auquel répond un Benoît Poelvoorde plus touchant que jamais), de ses quelques évasions poétiques épurées où son humanité et sa tendresse à toute épreuve, dénuées de tout misérabilisme putassier.
Il en faut peu pour faire une jolie séance, et Normale en est assurément une.

Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Normale