[CRITIQUE] : Les Complices

Par Fuckcinephiles
Réalisatrice : Cécilia Rouaud
Acteurs : François Damiens, William Lebghil, Laura Felpin, Bruno Podalydès, Vanessa Paradis, Jean-François Cayrey,...
Budget : -
Distributeur : SND
Genre : Comédie.
Nationalité : Français
Durée : 1h38min
Synopsis :
Max, un impitoyable tueur à gages de cinquante ans, découvre qu’il a un problème : il s’évanouit désormais devant la moindre goutte de sang. Son avenir dans la profession étant compromis, il va devoir se reconvertir... Mais pas si simple quand sa seule compétence professionnelle est de tuer des gens… Ils se fait aider par un couple de jeunes voisins, Karim et Stéphanie, qui n’imaginent pas un instant à qui ils ont affaire... Max s’attache, malgré lui, au jeune couple, jusqu’à ce que son passé le rattrape...

Critique :

Il y a un vrai esprit " Coen " qui irrigue #LesComplices, petit cocktail détonnant entre la comédie noire grinçante et le polar tendu et absurde, qui n'est certes pas exempt de quelques panouilles et/où longueurs, mais qui fait montre d'une étonnante justesse dans son exécution. pic.twitter.com/xFFCWxJsQV

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 9, 2023

Trublion à la folie totalement assumée ayant fait le bonheur de l'humour belge avant de traverser la frontière du rire pour foutre gentiment le bordel par chez nous au sein de caméras cachés franchement géniales, François Damiens est l'une des meilleures choses qui a pu arriver à l'humour, sous toutes ses formes d'expression (télévisuelle et cinématographique surtout), depuis une bonne quinzaine d'années maintenant.
Si le comédien n'a pas son pareil pour dérider son prochain, que ce soit en tant que premier rôle comme en second couteau de luxe, il a aussi su prouver avec le temps son aisance à voguer sur les terres plus sinueuses du drame (Les Cowboys en tête) voire même de la romance (le délicat Ôtez-moi d'un doute).
Mais c'est sensiblement dans le giron de la comédie qu'il se fait le plus présent - tant mieux -, et après nous avoir plié en quatre il y a quelques mois en tant que mercenaire maladroit, dans le premier long-métrage de Malik Bentalha et Ludovic Colbeau-Justin, Jack Mimoun et les Secrets de Val Verde, il  nous revient avec un effort taillé à sa mesure : Les Complices de Cécilia Rouaud, qui débarque au sein d'un calendrier des sorties particulièrement dense en ce début de printemps.

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Il faut dire que le rôle de Max, un tueur à gages quinquagénaire aussi implacable qu'il est incapable de ne pas s'évanouir devant une goutte de sang (!), obligé de voguer vers une reconversion pas vraiment emballante dans l'immobilier avant que son passé - tout comme la dépression - ne le rattrape, est le genre de personnage savoureusement absurde que lui seul puisse incarner.
D'autant que si celui-ci s'avère des plus singuliers (comme la sympathique galerie de seconds couteaux qui émaille le récit, notamment le couple de voisins qu'il laisse entrer dans sa vie, campé par les géniaux William Lebghil et Laura Felpin), la comédie elle-même de Cécilia Rouaud n'a aucune équivalence où presque, au coeur d'une comédie hexagonale sortant très rarement des sentiers battus.
Furieusement biberonné au cinéma des frangins Coen, Les Complices a tout d'un simili Fargo bien de chez nous, sorte de cocktail détonnant entre la comédie noire et grinçante et le polar tendu et absurde, qui n'est certes pas exempt de quelques panouilles et/où longueurs, mais qui fait montre d'une étonnante justesse dans son exécution, de sa mise en scène élégante à son scénario solidement ficelé autant qu'il est constamment sur la corde raide avec ses rebondissements savoureusement alambiqués.
Un vrai jeu de funambule féroce et surprenant qui vaut vraiment son pesant de pop-corn.

Jonathan Chevrier