Fanfan la Tulipe (1952) de Christian-Jaque

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Héros populaire et imaginaire du folklore français ce personnage haut en couleur aurait été mis en chanson par le goguettier Emile Debraux en 1819. Depuis il n'a cessé de continuer à vivre dans les arts divers et surtout au cinéma avec les versions (1907) de Alice Guy, (1925) de René Leprince, jusqu'à cette version réalisée par Christian-Jaque à qui on doit déjà quelques grands succès comme "François 1er" (1937), "Les Disparus de Saint-Agil" (1938) ou "Boule de Suif" (1945). Le scénario est écrit par René Wheeler auquel on doit "La Cage aux Rossignols" (1945) de Jean Dréville, "Jour de Fête" (1949) de et avec Jacques Tati ou "Les Sept Péchés Capitaux" (1952) de Georges Lacombe, puis par René Fallet surtout connu comme romancier dont de nombreux livres furent adaptés comme "Le Triporteur" (1957) de Jacques Pinoteau, "Les Vieux de la Vieille" (1960) de Gilles Grangier ou "La Soupe aux Choux" (1981) de Jean Girault, tandis que les dialogues sont signés du légendaire Henri Jeanson sans doute le plus renommé des dialoguistes français des années 30 à 60 aux cotés de Jacques Prévert et Michel Audiard. Le film a remporté l'Ours d'Argent au Festival de Berlin 1952 et le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 1952. Le succès est énorme. Des générations plus tard, le film connaîtra un nouveau remake (2002) de Gérard Krawcsyk produit par Luc Besson. Notons que lors de sa sortie DVD, le film fut proposé en version colorisée qui a la réputation d'être une des meilleures coloration de film existant... Alors qu'il veut fuir un mariage qu'il n'avait pas prévu, Fanfan croise une bohémienne qui lui prédit qu'il épousera la fille du roi. Toujours pour éviter le mariage il s'engage dans l'armée. Peu de temps après il sauve la fille du roi de brigands ce qui le pousse à croire à la prédiction de la bohémienne ce qui n'est plus du goût de celle-ci qui est amoureuse de Fanfan...

Le rôle titre est tenu par la star Gérard Philipe vu entre autre dans "Le Diable au Corps" (1947) de Claude Autant-Lara ou "La Beauté du Diable" (1950) de René Clair, et qui retrouve le réalisateur après "La Chartreuse de Parme" (1948), il croise donc une bohémienne alias l'italienne Gina Lollobrigida encore très méconnue malgré quelques petits rôles en Italie, mais graĉe au film elle devient un star qui retrouve son partenaire aussitôt après dans "Les Belles de Nuit" (1952) de René Clair et qui va devenir une star internationale avec des films comme "Trapèze" (1956) de Carol Reed ou "Salomon et la Reine de Saba" (1959) de King Vidor. Les deux acteurs retrouvent aussi après "Les Belles de Nuit" (1952) l'acteur Jean Parédès qui retrouve Christian-Jaque après "L'Assassinat du Père Noël" (1941), puis également après "Les Trois Mousquetaires" (1953) de André Hunebelle, "Madame du Barry" (1954) et "French Cancan" (1955) retrouve son partenaire Jean-Marc Tennberg qui a tourné également dans "Adorables Créatures" (1952) de Christian-Jaque. N'oublions surtout pas Noël Roquevert un des meilleurs seconds rôles du cinéma français sur plus de 200 films et un grand nombre de chefs d'oeuvres notamment "L'Assassin habite au 21" (1942), "Le Corbeau" (1943) et "Les Diaboliques" (1955) tous de Henri-Georges Clouzot, tandis qu'il retrouvera Christian-Jaque pour "Madame du Barry" (1954) et "Babette s'en Va-t-en Guerre" (1959) y retrouvant l'acteur Jean Parédès, puis retrouvera aussi après "Le Cid" (1961) de Anthony Mann son partenaire Nerio Bernardi vu plus tard dans "Thérèse Raquin" (1953) de Marcel Carné ou "Plein Soleil" (1960) de René Clément, puis retrouve aussi Gérard Philipe après "La Chartreuse de Parme" (1948), la star retrouvera aussi après "Les Grandes Manoeuvres" (1955) de René Clair et "Pot-Bouille" (1957) de Julien Duvivier. Citons Geneviève Page alors débutante qui va devenir une vedette avec le succès "Michel Strogoff" (1956) de Carmine Gallone son partenaire Olivier Hussenot qui de son côté retrouve après "Le Parfum de la Dame en Noir" (1949) de Louis Daquin l'acteur Marcel Herrand acteur central dans "Les Visiteurs du Soir" (1942) et "Les Enfants du Paradis" (1943) tous deux de Marcel Carné, Georgette Anys vue dans "Garou-Garou le Passe-Muraille" (1951) de Jean Boyer et "Sous le Ciel de Paris" (1951) de Julien Duvivier, Sylvie Pelayo vue dans "Clochemerle" (1948) de Pierre Chenal et "La Cage aux Filles" (1949) de Maurice Cloche, puis enfin Henri Rollan vu dans "L'Absent" (2013) de Albert Capellani, les films "Les Trois Mousquetaires" (1921-1922) de Henri Diamant-Berger puis "Barbe-Bleue" (1951) de Christian-Jaque...

Il y a deux grandes qualités, la reconstitution avec des décors soignés et des costumes qui permettent sans mal notre voyage dans le temps, puis des personnages pittoresques magnifiquement écrits et surtout magnifiquement joués par un casting solide et judicieux. La reconstitution historique est séduisante mais, une fois n'est pas coutume on s'aperçoit (si vous pouvez !) que la version colorisée est effectivement éblouissante et améliore le rendu général, la faute à un Noir et Blanc un peu terne qui a bien du mal à traverser les ans. Sinon on ne adore le côté naturel de Don Juan libertaire de Gérard Philipe, les charmes et l'air mutin de Gina Lollobrigida, le cabotinage inénarrable de Noël Roquevert, sans compter sur des seconds rôles tous aussi savoureux les uns que les autres. Et pourtant il manque un petit quelque chose pour réellement se prévaloir du statut de chef d'oeuvre ou de grand film. L'intrigue reste peu inspirée ou sans véritable enjeu (raison de la rivalité ou du rapt peu convaincant), et surtout la dimension essentielle au genre manque un peu de souffle épique. En vérité la faute est sans doute dû au choix d'en faire plus une comédie d'aventure que réellement un Cape et d'Epée au noble dessein. Le film reste un concentré de bonne humeur et d'aventure, un film populaire dans la grande tradition mais on reste un peu déçu tant il y avait un potentiel plus flamboyant. Note généreuse pour version colorisée !

Note :                 

17/20