Jeanne Herry, après son magnifique « Pupille », revient via la fiction pour faire découvrir au grand public un thème sociétal fort ; la justice restaurative. Son film témoigne à nouveau d’un énorme travail sur le sujet ; tout sonne juste et on perçoit bien que le contenu est issu de cas réels. Pour illustrer son nouveau film choral, elle va montrer en parallèle deux facettes de ce dispositif au travers de deux histoires complémentaires ; un exemple de travail de groupe autour de victimes et agresseurs ne se connaissant pas mais auteurs ou victimes de violences proches ; et un exemple de préparation à la rencontre individuelle d’une victime et de son agresseur. Victimes comme agresseurs vont apprendre des uns et des autres, trouver des réponses et cheminer vers la compréhension pour se reconstruire ou reconnaitre l’ampleur de ces actes ; un travail de résilience. Tout semble si simple, mais faire se rencontrer ces deux parties nécessite surtout un gros travail. C’est bien l’écriture précise et ciselée des dialogues qui nous permet de mettre le doigt sur la complexité de ce dispositif. Le scénario ne souffre d’aucune facilité ou de temps morts et met bien l’accent sur l’importance de parler et la puissance des mots. Le côté très bavard du film donne plus de poids à la qualité d’un casting hors pair qu’à une réalisation purement fonctionnelle. C’est la faiblesse pour un film de cinéma ; il est figé par sa forme. « Pupille » avait aussi les atours du film dossier, mais trouvait des aérations que celui-ci peine à trouver, prisonnier de son huis clos et de la parole comme seul ressort scénaristique.
Un film très pédagogue, intelligent et intéressant mais sans grand génie.
Sorti en 2023
Ma note: 13/20