Le Tailleur de Panama (2001) de John Boorman

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Réalisateur de quelques grands films comme "Le Point de Non-Retour" (1967), "Délivrance" (1972), "La Forêt d'Emeraude" (1985) ou "Rangoon" (1995), John Boorman devient un des cinéastes qui adapte le spécialiste du roman d'espionnage John Le Carré qui a déjà connu plusieurs de ses romans portés sur grand écran comme "L'Espion qui venait du Froid" (1965) de Martin Ritt ou "La Petite Fille au Tambour" (1984) de George Roy Hill, et qui offrira encore de bons thrillers comme l'excellent "La Taupe" (2011) de Tomas Alfredson ou "Un Traître Idéal" (2016) de Susanna White. Mais le réalisateur est le seul à convaincre le romancier de collaborer au film, ainsi John Le Carré est également co-scénariste de son roman éponyme (1996) avec John Boorman et Andrew Davies réalisateur de téléfilms dont plusieurs adaptations de Jane Austen, et de trois films avec les "Bridget Jones" (2001-2004) et "Les Trois Mousquetaires" (2011) de Paul W.S. Anderson... Andy Osnard, espion britannique sans scrupule est muté disciplinairement au Panama. A peine est-il arrivé qu'il cherche un moyen de trouver la mission idéale et jette son dévolu sur Harry Pendel, tailleur pour les gens influents de ce petit pays stratégique et sur lequel il a trouvé un moyen de pression. Ce dernier dos au mur lui raconte alors plusieurs secrets qui vont s'avérer de plus en plus fous...

L'espion Andy Osnard est incarné par Pierce Brosnan alors en pleine période 007 depuis "GoldenEye" (1995) de Martin Campbell et peu avant son ultime retour dans "Meurs un Autre Jour" (2002) de Lee Tamahori mais il a déjà osé d'autres genres comme "Mars Attacks !" (1996) de Tim Burton ou "Thomas Crown" (1999) de John McTiernan. Le tailleur est incarné par Geoffrey Rush révélé dans "Shine" (1996) de Scott Hicks, et devenu un acteur recherché grâce à ses performances en costume dans "Elizabeth" (1998) de Shekar Kapur, "Shakespeare in Love" (1998) de John Madden ou "Quills, la Plume et le Sang" (2000) de Philip Kaufman. Son épouse est interprétée par Jamie Lee Curtis star de "Un Poisson nommé Wanda" (1988) de Charles Crichton, de sa suite "Créatures Féroces" (1997) de Robert Young ou "True Lies" (1994) de James Cameron. Les autres proches du tailleur sont joués par Leonor Varela actrice chilienne formée en France et ayant donc débutée dans "Bouge !" (1997) de Jérôme Cornuau ou "L'Homme au Masque de Fer" (1998) de Randall Wallace et vue plus tard dans "Blade II" (2002) de Guillermo Del Toro ou "Sleep Dealer" (2008) de Alex Rivera, puis Brendan Gleeson révélé dans "The Field" (1990) de Jim Sheridan et "The Snapper" (1993) de Stephen Frears, qui retrouve John Boorman après "Le Général" (1998) et qui retrouve après "Braveheart" (1995) de et avec Mel Gibson sa partenaire Catherine McCormack vue dans "La Courtisane" (1998) de Marshall Herskovitz ou "L'Ombre du Vampire" (2000) de E. Elias Merhige. Citons David Hayman qui retrouve le réalisateur après "Hope and Glory" (1987) et vu depuis dans "The Boxer" (1997) de Jim Sheridan ou "My Name is Joe" (1998) de Ken Loach, Mark Margolis qui retrouve Pierce Brosnan après "Thomas Crown" (1998) et qui retrouve après "Requiem for a Dream" (2000) de Darren Aronofsky son partenaire Dylan Baker vu dans "Le Dernier des Mohicans" (1992) de Michael Mann ou "Treize Jours" (2000) de Roger Donaldson, Jon Polito acteur fétiche des frères Coen avec "Miller's Crossing" (1990), "Barton Fink" (1991), "Le Grand Saut" (1994) et "The Big Lebowski" (1998), Jonathan Hyde vu dans "Jumanji" (1995) de Joe Johnston ou "Titanic" (1997) de James Cameron, Harold Pinter surtout connu comme scénariste notamment de "The Servant" (1962) de Joseph Losey, "Le Dernier Nabab" (1976) de Elia Kazan ou "La Maîtresse du Lieutenant Français" (1981) de Karel Reisz, puis enfin n'oublions pas un certain Daniel Radcliff dans son premier film avant de connaître la gloire dans le rôle titre de la franchise "Harry Potter" (2001-2011)... Il y a deux paramètres essentiels dans ce film, le contexte géo-politique du Panama particulièrement complexe (de la chute de Noriega en 1989 avec l'aide le la CIA aux élections qui voient justement ces partisans revenir au pouvoir en 1994, sans compter le canal dirigé par les américains qui rétrocède le canal au pays qu'en 1999), puis en tête d'affiche l'acteur en pleine période 007 mais qui offre une autre version d'un espion.

Le Panama offre un terreau riche et fertile ce qui amène une crédibilité forte pour l'intrigue qui se dessine ne serait-ce que pour la position hyper stratégique du canal de Panama. Tandis que Brosnan joue un espion bien différent de James Bond, pas forcément patriote, égoïste, sans scrupule à tous les niveaux. En prime évidemment l'atout majeur d'avoir l'auteur lui-même au scénario ce qui donne logiquement une légitimité sur la cohérence du récit. Mais très vite plein de petites choses viennent parasiter un écrin pourtant prometteur. Ainsi, l'espion aborde le tailleur drôlement vite mais surtout le manège des mensonges et duperies débute aussi vite et sans prendre le temps de poser le pourquoi du comment. Boorman se précipite et le récit s'emballe créant une succession d'invraisemblances. D'abord, l'espion/Brosnan plonge trop vite pour comprendre les choses tout aussi facilement, ne parlons même pas des supérieurs aussi dupes que des amateurs. On ressent de surcroît une sorte de parodie quand on est avec les parties américaines ou britanniques alors que les parties panaméennes sont au premier degré ce qui crée un décalage peu compréhensif. Mais le pire malheureusement reste le jeu de Geoffrey Rush (une fois n'est pas coutume !), qui joue un mec qui ne sait pas mentir, auquel on ne croit pas ce qui est tout de même problématique vu l'intrigue. On peut aussi trouver que son épouse alias Jamie Lee Curtis est un peu sous-exploitée. Vu la qualité intrinsèque de l'équipe derrière et devant la caméra ce film reste donc une petite déception même si on s'amuse de ce jeu d'espion façon pieds nickelés et arroseur arrosé.

Note :      

12/20